Polémique | | 07/10/2019
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A Ivry-sur-Seine, blocage du lycée après l’interpellation d’un élève à vélo

A Ivry-sur-Seine, blocage du lycée après l’interpellation d’un élève à vélo

Alors qu’un élève de 17 ans a été interpellé pour outrage envers des policiers samedi, alors qu’il se rendait en Vélib’ au lycée Romain Rolland d’Ivry-sur-Seine, l’établissement a été bloqué ce lundi.

Tout est parti d’une entorse au code de la route. Pressés, deux lycéens sur un Vélib’ prennent un rond-point de la rue Lucien Nadaire en grillant la priorité… à un véhicule de police. Les agents arrêtent les élèves et procèdent au contrôle de leur identité. «Vous êtes sûrs de ce que vous faites, bata*** ? Vous êtes contents, vous allez pouvoir vous payer des vacances ?», interpellent les lycéens. La situation se tend lorsque l’un des élèves colle son front contre la tête d’un agent et l’insulte.

Les trois agents décident de l’interpeller. Ses camarades se rapprochent. Certains filment la scène qui sera ensuite postée sur les réseaux sociaux. Sur les vidéos, les policiers peinent à maîtriser le jeune homme et tentent de le mettre au sol. Un agent utilise sa bombe lacrymogène à bout portant pour faire fuir un autre élève qui s’est approché pour venir en aide à son camarade.

Quelques instants plus tard, le lycéen est emmené au commissariat. Une manifestation s’organise à la hâte pour réclamer sa libération, qui reçoit le soutien du maire Philippe Bouyssou, du sénateur Pascal Savoldelli et de la députée Mathilde Panot. Finalement, le jeune homme sera libéré en début de soirée, accueilli par des applaudissements.

L’élève qui avait écopé d’une mesure éducative en 2017 pour des faits d’outrage, de rébellion et de détention de stupéfiants, est convoqué auprès du juge des enfants le 18 mars prochain en vue d’une mise en examen.

«Nous sommes malheureusement habitués à ce type d’intervention pour outrage et rébellion. En revanche, ce qui nous fait bondir, c’est de voir qu’il y a tout une mécanique de récupération politique qui s’est mis en route derrière. Il est lamentable que des élus, représentants la République se mettent systématiquement du côté de l’interpellé. Ils nous ont déjà fait la même chose pour les contrôles d’identité il y a quelques mois. A notre connaissance, il n’y a qu’à Ivry que cela se passe en Val-de-Marne. Il y a déjà un organisme qui s’occupe de contrôler l’activité de nos collègues, c’est l’IGPN (inspection générale de la police nationale)», s’agace Julien Schenardi du syndicat Alliance 94.

Directement mis en cause par le syndicat de policiers, le maire Philippe Bouyssou récuse l’«étiquette d’anti-police». «J’ai une très haute image de la police nationale, j’entretiens des rapports qualitatifs et je me suis mobilisé alors que j’étais président de l’association des maires du Val-de-Marne pour le maintien des commissariats. On ne peut pas me coller l’étiquette d’anti-police. Je me préoccupe en revanche de la dégradation des rapports entre la police et la population et ça ne vaut pas que pour Ivry, c’est national ! L’État a choisi d’orienter le travail des policier sur la répression des luttes plutôt que de conserver leur fonction première de gardiens de la paix. Pour ce jeune de Romain Rolland, je n’encourage pas l’incorrection, ça n’est pas bien d’avoir pété les plombs, mais l’interpellation puis cette longue garde à vue, c’est quand même le marteau qui vient écraser des fourmis», défend l’élu.

Ce lundi, des élèves du lycée Romain Rolland d’Ivry-sur-Seine ont bloqué leur établissement. Certains considèrent que la police a le lycée dans le collimateur notamment depuis l’épisode des tags anti-Macron fin 2018, qui avaient donné lieu à six interpellations et une garde à vue de 36 heures. La communauté éducative explique que si les deux jeunes ont d’abord grillé la priorité au rond-point puis ont perdu leur calme avec les policiers, c’est à cause de la nouvelle politique de l’établissement en matière d’horaires d’entrée et de sortie. Le lycée Romain Rolland impose désormais à ces élèves d’être présent dès 7h55 dans l’enceinte de l’établissement scolaire sous peine d’être noté comme absent.

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