« Est-il encore possible de créer ensemble ? » Voilà la question que s’est posée le théâtre-compagnie El Duende d’Ivry-sur-Seine avec son oeuvre collective Et là-haut les oiseaux. Jusqu’au 21 avril, la troupe entraîne le public dans les coulisses de la création théâtrale afin de l’interpeller sur les enjeux de notre société.
Sur scène, une compagnie reçoit une commande d’un département pour créer une fiction autour du thème de la peur. Le travail commence en harmonie. Au fur et à mesure de la pièce, les créateurs sont alertés qu’il y a de moins en moins de budget. Les difficultés s’affichent. En parallèle, la fiction prend de plus en plus d’ampleur. Au coeur : un immeuble de quatre étages avec ses habitants : une femme célibataire avec deux enfants, un écrivain public maghrébin avec sa femme aveugle, un ancien éditeur avec son fils qui est fan de jeu-vidéo… L’arrivé d’une famille de réfugiés va troubler la vie de ces résidents.
« C’est la première fois qu’on aborde le thème de la création collective si clairement. C’est comme vendre l’arrière-cuisine d’un restaurant », compare le comédien Mehdi Kerouani. Le spectacle Et là-haut les oiseaux a commencé à être esquissé entre novembre et décembre 2018 lors de réunions hebdomadaires à Ivry. Ensuite, les membres de la troupe sont partis pour une semaine en résidence en Normandie où ils ont fait des improvisations au sein d’une ferme culturelle. De retour, ils ont travaillé sur la scénographie, la chorégraphie, la mise en espace…
Installée à Ivry-sur-Seine depuis 1989, la compagnie du théâtre El Duende a toujours privilégié la création collective. « C’est forcément plus dur et lent, mais faire ensemble est aussi plus drôle et riche. On se donne confiance les uns et les autres, c’est un partage avant tout. Au début, on fait tout ensemble : les discussions, les propositions des chansons. Ensuite, on se répartit le travail suivant les capacités de chacun pour qu’on soit plus efficace », explique le membre de la troupe.
Anita Vallejo, fondatrice du groupe et musicienne qui s’est vue obligée de quitter le Chili à cause de la dictature d’Augusto Pinochet, s’occupe notamment des mélodies et des chansons. El Duende revendique un théâtre qui intègre la musique vivante dans ses spectacles comme marque de fabrique. Mehdi Kerouani alerte : « c’est du théâtre musical, ce n’est pas de la comédie musicale ». La musique, pour eux, est au service du texte, du récit, du jeu d’acteurs, elle s’intègre au travail du metteur en scène de façon complémentaire.
Côté programmation, le théâtre accueille aussi d’autres compagnies derrière sa façade rouge. À venir : Pièce en plastique, de Marius von Mayenburg – compagnie RoZame (24 avril), Héritage, de Clémence Loeuillet – compagnie du Coup de Tête (29 avril), Une saison en enfer, de la compagnie Oxym (2 et 3 mai), Le Médecin malgré lui, de Molière par Aller-Retour Théâtre (10 mai) … « El Duende est devenu une pépinière de jeunes compagnies. Ça nous permet d’avoir une vraie vision du théâtre dans notre région. C’est très riche : ça nous renouvelle et nous amène du public et des connaissances », analyse Mehdi Kerouani.
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