Réunis dans le salon bleu du conservatoire de Villeneuve-Saint-Georges ce lundi matin, représentants de l’État et des collectivités locales ont signé le protocole de financement de la première phase de renaturation des berges de l’Yerres, en présence de la secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon. Ce projet à 40 millions d’euros doit permettre d’ici quatre à cinq ans d’acquérir près de 174 parcelles (100 bâties) pour en faire une zone humide.
“Longtemps, nous avons tourné le dos au fleuve. Or nous avons décidé de faire de la présence de l’eau une dimension majeure et un atout de notre projet d’aménagement et de développement de la ville. (…) Avec nos partenaires du département, de l’Agence de l’eau et du Syage, nous avons engagé dès 2010 ce projet qui a consisté dans une première phase à acquérir, démolir et renaturer les parcelles situées sur les numéros impairs du chemin des Pécheurs. 60% des parcelles ont été ainsi acquises à l’amiable. Reste que ce processus était long, les procédures lourdes et la ville qui pilotait seule ce projet n’avait ni les capacités ni les moyens d’avancer plus vite malgré toute notre détermination. Les deux crues de 2016 et 2018 ont été un révélateur de l’urgence à travailler et avancer ensemble”, a rappelé la maire de la ville, Sylvie Altman, qui a évoqué la visite du Président de la République après les inondations de janvier 2018.
Pour rappel, le quartier de Blandin-Belleplace, bordé par l’Yerres et sa confluence avec la Seine, est particulièrement vulnérable au risque d’inondations. Il a été décidé de transformer une partie urbanisée de la commune en espace naturel offrant une zone d’expansion à la rivière lorsqu’elle sort de son lit.
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“Au final, ce seront 12 hectares, plus de la moitié de la superficie du quartier, qui constitueront cette zone naturelle. Un véritable poumon vert, abritant une riche biodiversité, sera ainsi créé. Un véritable poumon vert, dont une partie, sera aménagée pour permettre à tous nos concitoyens d’en profiter, avec des parcours pédagogiques pour sensibiliser les personnes aux enjeux du développement durable et de la transition écologique”, se réjouit la maire de la ville.
Un partenariat financier pour abonder les 40 millions d’euros d’investissement
A l’heure actuelle, la ville de Villeneuve-Saint-Georges et le territoire Grand Orly-Seine Bièvre sont propriétaires d’une cinquantaine de parcelles auxquelles il faut ajouter sept portages réalisés par le syndicat d’action foncière de Val-de-Marne (SAF94), 6 parcelles détenues par l’État ainsi que du foncier appartenant au syndicat mixte du bassin versant de l’Yerres, le SyAGE.
Après les inondations de 2016 et de 2018, ce projet de renaturation des berges de l’Yerres a recueilli le soutien des services de l’État, des collectivités locales et du syAGE dans le cadre d’une démarche partenariale qui s’est concrétisée ce lundi avec la signature d’un protocole de financement à hauteur de 39,2 millions d’euros pourvus à 50% par l’agence de l’eau Seine-Normandie, à 19% par la métropole du Grand Paris, à 14% par le conseil départemental du Val-de-Marne, à 9% par le duo Grand Orly Seine Bièvre, ville de Villeneuve-Saint-Georges, à 4% par la région Île-de-France ainsi qu’à 4% par le syAGE.
D’abord des démarches à l’amiable mais une déclaration d’utilité publique si ça s’éternise
Grâce à ses fonds, l’aménageur EPA-Orsa va prendre le relais de acquisitions foncières auprès des propriétaires, à l’amiable en priorité. 174 parcelles sont concernées, représentant une surface totale de 7,5 hectares. Une centaine sont bâties. C’est le syAGE, opérateur du contrat Eau et Climat 2020/2024 de la métropole qui se chargera de leur renaturation. L’objectif étant de mener ce première phase du projet à terme d’ici quatre à cinq ans, il n’est pas exclu, a évoqué la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon, que la préfecture du Val-de-Marne prenne un arrêté de déclaration d’utilité publique si jamais le processus d’acquisition prenait trop de temps.
Les gens du voyage, installés en bord d’Yerre, s’inquiètent de leur devenir
Dans la cour de l’équipement culturel ce lundi matin, pendant le discours de Sylvie Altman, un groupe de cinq femmes, vivant sur les parcelles concernées par le projet, est venu manifester son inquiétude de devoir partir. «Nous sommes issus de la communauté des gens du voyage et la génération de nos parents s’est sédentarisée en allant chez le notaire pour acheter ces terrains. L’eau a toujours débordé, elle ne nous fait pas peur ! Personne ne nous prévient de ce qu’ils comptent faire», s’alarme une de ces habitantes. La municipalité organise jeudi en début de soirée une réunion auprès des habitants concernés, pour expliquer le projet et examiner les solutions envisageables pour les personnes qui y vivent encore.
Quid de la phase 2 du projet, non financée
Cette convention de financement ne concerne que la phase 1 du projet global de renaturation des bords d’Yerres. Il reste en effet une partie en zone inondable dite la haute plaine d’une superficie de 5 hectares, entre la rue du Blandin et le chemin des pêcheurs qui restera urbanisée au moins jusqu’en 2025.
«Nous avons consacré des financements importants à ce projets même si nous sommes dans une situation proche de l’asphyxie avec la suppression de nombreuses recettes budgétaires par l’État. Nous recherchons de nouveaux partenariats pour la phase 2 de ce projet et comptons notamment interpeller l’agence nationale de l’habitat», a précisé le président du Grand Orly Seine Bièvre, Michel Leprêtre.
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