Sécurité | | 12/06/2019
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A Vitry-sur-Seine, deux arbitres agressés lors d’un match de futsal

A Vitry-sur-Seine, deux arbitres agressés lors d’un match de futsal

Le complexe sportif Georges Gosnat de Vitry-sur-Seine était en ébullition jeudi soir pour la finale de coupe du Val-de-Marne de futsal entre les locaux de l’AS Vitry et Bords de Marne Futsal. Au coup de sifflet final, une horde de spectateurs mécontents du résultat s’est ruée sur l’arbitre central et son assistant qui ont failli se faire lyncher.

En temps normal, une finale de coupe s’achève par la distribution du trophée aux vainqueurs sous les applaudissements des spectateurs. Mais jeudi soir, c’est en catimini, à l’abri des vestiaires que les organisateurs sont allés remettre les récompenses aux joueurs. La fête a été gâchée par l’irruption sur le terrain de plusieurs dizaines de spectateurs venus menacer de mort puis frapper l’arbitre central qu’ils accusaient d’avoir injustement interrompu la rencontre avant la fin du temps réglementaire.

Menés 0-3 par les visiteurs, les supporters Vitriots espéraient voir les leurs recoller au score. Et l’ambiance est montée d’un cran lorsque l’AS Vitry est enfin parvenue à réduire l’écart en inscrivant deux buts, suivis à chaque fois d’un envahissement du terrain d’une partie du public pour manifester sa joie. Pendant toute la rencontre, l’arbitre assistant, qui court le long de la ligne de touche, toute proche de la tribune, est la cible d’injures et s’est même fait cracher dessus. L’égalisation est à portée de vue pour les locaux mais Bords de Marne Futsal parvient à conserver son maigre avantage de trois buts à deux lorsque l’arbitre central siffle la fin du match. Incompréhension sur le terrain et dans les tribunes, Vitry pensait disposer de plus de temps de jeu et une partie des vaincus crie à l’injustice.

Des personnes se ruent alors sur le terrain. L’arbitre-assistant parvient à se réfugier dans un vestiaire in-extremis, mais son collègue au sifflet est rapidement cerné. Autour de lui, se sont regroupés des dizaines de jeunes hommes qui lui assènent des coups de poing et coups de pieds tout en l’insultant. Par miracle, l’arbitre est extirpé du gymnase par une porte dérobée et peut finalement regagner les vestiaires. Il s’en sortira finalement avec quelques contusion. Les deux jeunes hommes ont déposé plainte contre X au commissariat mais la probabilité que la procédure aboutisse est compromise, faute d’avoir pu identifier les auteurs des coups.

A la suite de ce malheureux incident, l’Unaf 94, la section locale de cette association de défense des arbitres a condamné ces actes et ouvertement critiqué les organisateurs de la compétition. «Le match a été joué dans un lieu non sécurisé avec un public à risque et sans mesures prises par l’organisateur, le District du Val-de-Marne et sa commission des coupes, et cela n’est pas la première fois (…) Plus aucun arbitre n’ira officier sur un match de ce type sans garanties apportées quant à la sécurité des acteurs, nous y veillerons, et s’il faut quitter le site, nous le quitterons», a réagi l’Unaf 94. Pour l’association, des alternatives auraient été possibles, comme l’organisation de la finale sur un terrain neutre, ou encore la réunion de la commission de prévention des matches à risque.

Y a-t-il un problème avec la pratique du futsal ?

Si le président de l’Unaf du Val-de-Marne, Renaud Hocq, recense régulièrement des actes d’incivilité et de violence dans toutes les catégories d’âges et sur tous les terrains, il insiste sur les incidents qui émaillent les rencontres de futsal. «C’est une discipline dont le succès est plutôt récent, alors, à la différence des clubs de foot à XI qui sont très structurés avec des équipes de bénévoles qui assurent les fonctions de dirigeants et d’éducateurs, les clubs de futsal sont moins bien organisés. Ils sont moins responsables. Ajoutez à cela le contexte défavorable des matches qui se déroulent tard le soir devant des publics difficiles dans des installations non sécurisés, cela aboutit forcément à des problèmes. Il y a trois ans déjà en finale de coupe du Val-de-Marne, à Villiers-sur-Marne, nous avions été agressés, des pétards avaient été lancés sur le terrain. Nous avions frôlé le drame. Je pense que l’on a voulu mettre la charrue avant les bœufs en organisant des compétitions alors que la discipline n’est pas encore bien organisée.»

Le président du District de football du Val-de-Marne, Thierry Mercier partage le constat de Renaud Hocq sur la pratique du futsal. «J’ai provoqué une réunion après cet incident. Dès la semaine prochaine, nous allons essayer de trouver une parade à ces dérives. Il ne faut pas cependant critiquer toute la discipline. Nous avons dans le département des clubs très organisés comme Bords de Marne Futsal qui compte plusieurs centaines de licenciés. Cela dit, nous comptons également beaucoup de clubs avec une vingtaine de licenciés, des amis qui ont à la fois leur casquette de joueur, mais aussi celle de dirigeant. Si jamais nous ne parvenions pas à endiguer ces problèmes, alors nous n’hésiterons pas à supprimer purement et simplement la coupe du Val-de-Marne. Ce serait l’ultime étape», prévient-il. Selon le District, la politique de sévérité en matière de sanction disciplinaire et les initiatives mises en oeuvre ont toutefois permis de faire baisser en volume les agressions et incidents ces dernières années. «Nous en comptions plus de 5000 par saison il y a quatre ans et nous sommes passés aujourd’hui en dessous des 3000», souligne Thierry Mercier.

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