Sobre, fonctionnel, minéral, le nouveau collège de Vitry-sur-Seine, qui accueillera 300 élèves de 6ème, 5ème et 4ème dès ce lundi 2 septembre, ne cherche pas le geste architectural ostensible.
Dessiné par Rudy Ricciotti, auteur du Mucem à Marseille ou du stade parisien Jean Bouin, le bâtiment semble ne pas vouloir piquer la vedette à ses futurs occupants : les centaines de collégiens qui déferleront bientôt dans les spacieux couloirs. Tout en nuances de taupe, gris ou blanc, sauf dans quelques pièces comme la cantine animée de chaises aux dossiers colorés mais pas criards, les salles jouent la neutralité bienveillante tout en s’offrant quelques fantaisies dans les détails pour éviter la monotonie, au niveau du linoléum par exemple.
Les détails, ici, ont surtout été pensés fonctionnels, pour donner les moyens de s’organiser. C’est le cas de cet escalier qui relie directement le centre de documentation et d’information (CDI) à la cour pour permettre aux élèves de s’y rendre même pendant la pause déjeuner, lorsque les couloirs et salles de classes ne sont pas accessibles. Ou encore ces deux réservoirs d’eau de pluie de 3m3 chacun logés discrètement derrière une banale porte de classe pour alimenter les chasses d’eau dans les toilettes.
Pour gagner de la place à l’intérieur, l’établissement a renvoyé sa structure porteuse à l’extérieure, adossée à de robustes poteaux posés en biais, faisant aussi office de décor et de claustras pour filtrer le soleil. Sur la façade sud, des stores intérieurs ont également été installés.
Avec un déploiement sur deux étages posés sur pilotis, les salles de classes ont été conçues pour affronter les possibles crues de la Seine voisine, non pas pour accueillir les élèves en cas d’inondation mais pour être opérationnelles dès la décrue. Un parking souterrain doit aussi permettre de retenir l’eau.
Pour prendre sa part à la prévention des inondations, la cour se prolonge par ailleurs par une noue prochainement plantée pour faciliter l’écoulement de l’eau de pluie. Dans cet ensemble aujourd’hui essentiellement minéral, le végétal est appelé à prendre ses marques progressivement, prévu également en terrasse.
Destiné à accueillir jusqu’à 650 élèves et 24 classes, de la 6ème à la troisième, le collège n’en comptera cette année que 300, le temps d’achever le dernier bâtiment de cette structure en forme de C. Ce dernier morceau aujourd’hui en travaux abritera le gymnase de 800 m2 partagé avec la ville, une salle polyvalent et encore un espace pour les parents.
Climat scolaire, coopération, lutte contre les micro-violences, sciences…
«Nous travaillons sur la rentrée depuis le mois de mars», confie Cédric Labonne, le principal, ancien instituteur et directeur d’école précédemment principal adjoint au collège Langevin d’Alfortville. Ce dernier a déjà plusieurs idées à proposer à son équipe, aux parents et collégiens. «Nous aimerions travailler sur le climat scolaire et la prévention des micro-violences, réfléchir à ce que l’on peut mettre en place pour permettre aux élèves de coopérer, pour que chacun se sente bien», expose le principal. Plusieurs idées sont déjà dans les cartons comme la création d’un potager, la découverte de la cuisine moléculaire… «Il y a un gros défi sur les sciences, notamment l’appétence des filles pour les sciences», note également le principal. Alors que l’espace parents ne sera opérationnel que l’année prochaine, dans le nouveau bâtiment, le principal proposera à ces derniers et aux élèves, s’ils le souhaitent, de se partager une salle de permanence disponible dès cette année afin de leur faire place dans l’établissement. Un temps d’ateliers est par ailleurs déjà prévu, les lundis de 15h30 à 17h30, où aucun cours n’a été programmé dans les emplois du temps. Concernant la prévention du harcèlement et des micro-violences, le principal propose de travailler à partir de la méthode Pikas, de préoccupation partagée, et de s’appuyer sur des adultes relais qui puissent être à l’écoute. En attendant les élèves, le site Internet de l’établissement est déjà opérationnel avec les informations pratiques de rentrée pour chaque niveau. Voir le site du collège.
Un quartier en pleine transformation
24 millions d’euros, tel est le coût global du collège, en tenant compte des 8 millions de dépollution liés à la présence d’hydrocarbures sur le site. (Lire à ce sujet : Comment la pollution plombe le budget des collèges) C’est en effet dans un quartier en pleine reconversion que le collège tout neuf va ouvrir ses portes, premier équipement public de la zac Vitry Seine Gare. De la dernière partie de l’établissement encore en chantier aux parcelles voisines, l’ensemble du site est en mutation, aujourd’hui peuplé d’activités industrielles et d’entrepôts. Un voisinage qui n’a pas été sans inquiéter les parents concernant l’accès au collège. «Nous avons beaucoup travaillé avec les parents pour sécuriser tous les cheminements possibles jusqu’au collège depuis le centre-ville. Nous avons même fait fermer par la SNCF un raccourci qui longeait les rails, considérant que cela serait trop risqué s’il était emprunté chaque matin par beaucoup de collégiens», explique Evelyne Rabardel, vice-présidente du Conseil départemental en charge des collèges et conseillère municipale de Vitry-sur-Seine.
Le huitième collège vitriot
Pour la commune, qui inaugure son huitième collège, cette nouvelle pousse va permettre de diminuer la pression sur les établissements existants à commencer par Romain Rolland, qui culmine ces dernières années à 750 élèves et devrait repasser sous la barre des 700. Dans la redéfinition de la carte scolaire, une partie des écoliers de Casanova et de Jean Jaurès devraient désormais se rendre à Josette et Maurice Audin, ainsi que tous ceux de Montesquieu.
Au total, ce-sont 61 millions d’euros d’investissement que le Conseil départemental a consacré aux collèges cette année, dont 17 millions d’euros rien que pour les travaux d’été, a précisé Evelyne Rabardel.
Inauguration officielle le 12 octobre, avec la famille Audin
En attendant l’inauguration du dernier bâtiment dans un an, l’ouverture de ce 105ème collège public du Val-de-Marne sera fêtée le 12 octobre prochain, en présence de la famille de Josette et Maurice Audin. Le nom a été choisi par les habitants en hommage au mathématicien militant de l’indépendance de l’Algérie arrêté et assassiné en juin 1957 au cours de la bataille d’Alger. Josette est décédée début février 2019, quelques mois après que le président Emmanuel Macron ait reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la disparition de son époux.
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La minéralité de l’établissement me gène. En ces temps de réchauffement climatique, il aurait été souhaitable de créer plus d’espaces non artificialisé ou même de végétaliser les toits.
Y aura t-il des espaces suffisants pour garer les vélos/trottinettes et autres moyens de déplacements “verts”.
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