Entre 20 et 30 travailleurs sans-papiers maliens, sénégalais ou encore guinéens, ainsi que des soutiens syndicaux occupent depuis ce mardi 11 juin l’agence Chronopost d’Alfortville pour réclamer les documents permettant leur régularisation alors qu’ils sont régulièrement recrutés en intérim par des sous-traitants de la filiale de La Poste.
«La Poste et sa filiale Chronopost font appel à des entreprises de manutention Partner, Globe Express, Derichebourg, Arès pour le tri et la manutention dans ses plateformes de tri et de distribution. Ces entreprises délèguent une large partie de l’embauche à des entreprises d’intérim qu’elles ont souvent elles-mêmes créées. Ces sociétés d’intérim emploient des travailleurs sans papiers, en veillant à ce que le turnover soit rapide. Ces travailleurs ne restent pas assez longtemps pour pouvoir être régularisés. Ils travaillent à temps partiel de 3/4h du matin à 7h30. Il s’agit d’un véritable système organisé pour précariser les salariés, pratiquer le dumping social et faire baisser le coût unitaire du colis», motivent les syndicats Sud PTT, Solidaires 94 et CNT solidarité ouvrière ainsi que le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV). «Nous avons déjà alerté La Poste sur ce sujet, y compris de manière officielle, écrite, mais il n’y a pas eu de réaction», déplore Eddy Talbot, délégué Sud PTT. «28 salariés sont concernés à Alfortville mais nous avons aussi eu des personnes qui sont venues des agences de Villeneuve-la -Garenne, Limeil-Brévannes, Chilly-Mazarin», indique Christian Schweyer du CTSPV, précisant que l’un d’eux a déjà 17 feuilles de paie et pourrait donc presque prétendre à la régularisation par le travail proposée par la circulaire Valls. «Mais nous constatons que beaucoup d’embauches en intérim se portent sur des personnes arrivées depuis moins de trois ans, et ne pouvant donc entrer dans le cadre de cette circulaire.»
Les manifestants ont passé une première nuit sur place ce mardi soir et ont organisé un rassemblement de soutien ce mercredi 12 juin à partir de 18h sur le piquet de grève. Ils ont d’ores et déjà reçu le soutien d’une vingtaine d’éditeurs. «Nous nous rangeons résolument aux côtés des travailleurs et travailleuses sans papiers qui se battent pour leur régularisation. Ces travailleurs et travailleuses qui, tous les jours, transportent nos livres ont le droit à notre respect et à notre solidarité. Nous exigeons que la Poste ré-internalise toute la sous-traitance en son sein et qu’elle remplisse les documents de régularisation des travailleurs et travailleuses sans papiers», réclame le collectif d’éditeurs*.
*Éditions Acratie, Éditions Alternative libertaire, Éditions Arcane 17, Éditions Atelier de création libertaire, Éditions Chant d’orties, Éditions de l’Asymétrie, Éditions Divergences, Éditions du Coquelicot, Éditions du Croquant, Éditions du Monde libertaire, Éditions du Sextant, Éditions Entremonde, Éditions La Brèche, Éditions La Découverte, Éditions La fabrique, Éditions Les Nuits rouges, Éditions Nada, Éditions Noir et Rouge, Éditions Recherches 36, Éditions Sociales, Éditions Syllepse, Éditions Syndicalistes.
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