Après avoir déposé un référé au Tribunal administratif cet automne, des professeurs et parents d’élèves du lycée Brassens de Villeneuve-le-Roi viennent de porter plainte au pénal contre X pour mise en danger d’autrui suite aux années passées dans l’établissement où la présence de fibres d’amiante, connues pour leurs effets cancérogènes lorsque cette poussière est respirée, avait été découverte dans l’air de plusieurs salles de classe suite à une détérioration des flocages. En parallèle, ils lancent, avec d’autres associations, une enquête nationale pour recenser l’amiante dans les établissements scolaires là où les dossiers technique amiante obligatoire n’ont toujours pas été réalisés.
Pour rappel de l’histoire, le lycée Brassens a fait l’objet de nombreux incidents liés à sa décrépitude depuis plusieurs années, des escaliers aux marches escamotées aux murs qui s’effritent en passant par des effondrements de dalle, régulièrement fermé pour quelques jours à des fins de rafistolage en attendant sa reconstruction. (Lire : le lycée Brassens continue de tomber en petits morceaux) Celle-ci est désormais programmée sur site et les anciens bâtiments seront détruits dès l’été prochain. (Voir la présentation en images du futur lycée) Des modulaires provisoires accueillent les élèves depuis la rentrée de novembre. L’année scolaire 2017-2018, la crise a atteint son paroxysme avec la découverte de fibres d’amiante dans l’air à des niveaux supérieurs aux normes légales pour la santé, dans plusieurs salles de classes, suite à des chutes de flocage du plafond provoquées par des jets de projectiles divers. Cette situation a donné lieu à un droit de retrait et des blocus d’élèves pour réaliser des expertises par un cabinet indépendant et délocaliser les cours durant plusieurs semaines. (voir article) C’est dans ce contexte que les parents et enseignants du lycée, qui ont créé une association, Urgence Santé Brassens, ont décidé d’attaquer en justice. Le référé au Tribunal administratif de Melun, déposé en octobre et en cours de procédure, vise à préciser les expertises à mener avant la destruction des bâtiments existants. La plainte au pénal, elle, vise à déterminer s’il y a eu mise en danger des élèves et des personnels et avec quel niveau de responsabilité, de la part de qui. L’an dernier, le diagnostic amiante réalisé par le cabinet indépendant CSTB avait conduit à fermer plusieurs salles de classe, les autres devant simplement faire l’objet d’une inspection visuelle régulière de l’état des flocages. (voir article) Mais si les informations communiquées avant le retour des élèves dans les bâtiments étaient rassurantes, un mot de la direction a mis le feu aux poudres en fin d’année, qui informait les parents que leur enfant avait potentiellement été exposé à de la fibre d’amiante. (lire : la lettre du proviseur sème la panique)
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Un site pour recenser les problèmes d’amiante de toutes les écoles de France
Au-delà du seul cas du lycée Georges Brassens, les professeurs et parents, qui ont bénéficié du soutien d’autres associations de lutte contre l’amiante et découvert des situations proches, ont décidé de combattre plus largement le flou qui continue de régner concernant la présence d’amiante dans un certain nombre d’établissements, alors que la pose d’amiante, qui protège des flammes, était une pratique courante dans les constructions à partir des années 1960. Ce matériau n’a été interdit qu’en 1997. A l’époque, on avait surtout en tête les 20 morts provoqués par l’incendie du collège Pailleron. Que reste-t-il de cette période du tout amiante dans les établissements ? Voilà la question à laquelle les associations exigent une réponse alors que des découvertes se produisent régulièrement, de manière inopinée, comme ce fut par exemple le cas dans une maternelle de L’Haÿ-les-Roses, en changeant un radiateur… (Voir article de l’époque) C’est à cette fin que Urgence Santé Brassens a lancé, aux côtés de l’ANDEVA, l’AVA, l’Association Henri Pézerat, Ban Asbestos France, la CAVAM, le Comité Anti Amiante Jussieu et le Réso A+, un site Internet pour recenser les incidents repérés dans des établissements et pour alerter sur l’inachèvement des diagnostics obligatoires. «Pour l’instant, nous avons recensé une petite vingtaine d’établissements», indique un professeur du lycée Brassens. Selon un rapport de l’Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires de 2016, 85 % des 63 000 établissements scolaires en France ont au moins un de leurs bâtiments construits avant l’interdiction, rappelle le collectif à l’initiative du portail Internet, ajoutant que «30% des écoles primaires et maternelles n’ont toujours pas de Dossier Technique Amiante (DTA), donc ne savent pas s’il y a de l’amiante dans leurs locaux.»
Voir le site du collectif Urgence Amiante Ecoles
A noter que les diagnostics pollution inachevés dans les établissements scolaires ne concernent pas que l’amiante mais aussi la pollution des sols, lire à ce sujet :
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