Le Conseil départemental du Val-de-Marne et ses trois territoires (EPT) n’ont pas toujours été sur la même longueur d’onde ces dernières années. Mais les querelles métropolitaines se sont estompées derrière les causes qui rassemblent, comme le métro Grand Paris Express mais aussi l’assainissement. En témoigne la convention signée ce lundi. En jeu : la baignade en Marne et Seine d’ici aux Jeux olympiques de 2024, mais aussi la préservation de la nappe phréatique.
Ce lundi 15 avril midi donc, Christian Favier, Laurent Cathala, Michel Leprêtre et Jacques J-P Martin, respectivement présidents du Conseil départemental du Val-de-Marne et des Etablissements publics territoriaux du Grand Paris Sud-Est-Avenir, du Grand Orly Seine-Bièvre et de Paris-Est Marne et Bois, ont signé ensemble une convention eau et assainissement tout en donnant une conférence de presse. Objectif : témoigner de leur coopération sur le sujet et faire prendre conscience des sommes en jeu.
Pour comprendre l’importance de la coopération, il convient de visualiser l’invisible, ce réseau souterrain qui vient discrètement collecter toutes nos eaux usées ainsi que les ruissellements de la pluie sur le bitume, en principe dans des réseaux différents car les eaux pluviales n’ont pas besoin des mêmes traitements avant de revenir dans les cours d’eau. Certains réseaux sont communaux, et relèvent désormais de la compétence du territoire. D’autres gros collecteurs sont départementaux. Le département a également investi dans des infrastructures pour prévenir les inondations, comme par exemple le bassin de la Bonne eau, mais aussi pour participer à l’assainissement comme la future station de dépollution à Champigny. Alors que deux réseaux se partagent le travail en sous-sol, territoires et département ont donc commandité ensemble une première étude préalable, en collaboration avec le Siaap (syndicat intercommunal en charge de l’assainissement), pour avoir une photographie de la situation et des enjeux afin d’évaluer la conformité des branchements et le reste à faire.
La moitié des branchements non conformes
De quoi réaliser l’immensité de la tâche. Sur les premières estimations rendues, il apparaît ainsi que 20 000 des 40 000 raccordements du département ne sont pas conformes. «On estime à 50% les mauvais branchements», explique Pierre Bell-Lloch, vice-président du Val-de-Marne en charge de l’eau et de l’assainissement. Et parmi ceux-ci, 2000 sont «en priorité absolue», car les eaux usées se déversent directement dans les milieux naturels. «Quand vous tirez la chasse, tout va dans la nature!» , illustre l’élu. Désormais, chaque territoire va pousser plus loin les études pour avoir une cartographie plus fine de la situation, afin de mettre en place un schéma directeur. Objectif : raccorder progressivement les branchements non conformes, que ce soit au niveau des habitations que de rues complètes. Dans le Val-de-Marne, 500 branchements sont actuellement mis en conformité chaque année en moyenne.
300 millions d’euros sur la table sur cinq ans
Une mise aux normes qui n’est pas gratuite, ni pour les particuliers lorsque le non branchement ou non branchement séparatif se situe chez eux, ni pour les collectivités pour la partie souterraine. Ces dernières investissent déjà chaque année plusieurs millions d’euros. A titre d’exemple, Paris Est Marne et Bois a budgété cette année 20 millions d’euros sur ce poste. Une année exceptionnelle certes, en raison des dix millions d’euros consacrés à l’installation de collecteurs séparés (eaux pluviales – eaux usées) dans le quartier de Coeuilly à Champigny-sur-Marne. En signant la convention ce lundi, le département a de son côté précisé investir chaque année 20 millions d’euros. De leur côté, les territoires s’engagent ensemble sur un montant de 40 millions d’euros par an en moyenne. Les deux niveaux de collectivités réunies, cela représente un total de 60 millions d’euros par an et de 300 millions d’euros d’ici aux JOP de 2024. Se pose toutefois la question de la pérennité des territoires dont le budget fait désormais l’objet d’un suspense annuel et dont on ne ne sait toujours pas s’ils seront confirmés en intercommunalités à part entière ou se fonderont dans la métropole.
D’autres financeurs sont partie prenante, comme l’Agence de l’eau Seine Normandie, qui subventionne en principe chaque raccordement, de l’ordre de 3500 € pour les particuliers pour des travaux qui peuvent parfois dépasser les 10 000 €. Mais le budget de l’agence doit se répartir entre toutes les problématiques, de la région parisienne jusqu’au Havre.
Un budget spécial Jeux olympiques ?
Alors que l’organisation des Jeux olympiques est en cours, et qu’il semble aller de soi que l’on pourra se baigner à Paris d’ici là, aucun budget spécifique n’a toutefois été débloqué pour accélérer l’assainissement des eaux en amont. C’était aussi l’enjeu de cette conférence de presse que de mettre un coup de projecteur sur cette problématique, complémentaire des aménagements de berges.
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