Bientôt des cités éducatives à Orly, Créteil et le Bois l’Abbé

Critères : les grandes cités sans mixité sociale

En France, 80 territoires ont été identifiés pour bénéficier de cette expérimentation dès la rentrée. Ont été sélectionnés les «grands quartiers d’habitat social de plus de 5 000 habitants, présentant des dysfonctionnements urbains importants et avec des enjeux de mixité scolaire», en tenant compte «des enjeux d’aménagement du territoire et du volontarisme des élus locaux», précise le dossier de presse du projet, piloté et financé à 50/50 par le ministère de l’Education nationale et celui de la Ville et du Logement.  En Ile-de-France, 23 territoires ont été retenus dont 7 en Seine-Saint-Denis,  4 dans les Yvelines, 3 en Essonne, 3 en Val-de-Marne, 2 en Val d’Oise, 2 à Paris, 1 dans les Hauts-de-Seine et 1 en Seine-et-Marne. (Voir ci-dessous la liste complète des 80 territoires). Dans le Val-de-Marne, quatre villes sont concernées, Champigny-sur-Marne et Chennevières-sur-Marne pour le quartier du Bois l’Abbé, Créteil pour celui du Mont-Mesly et Orly pour les quartiers Est.

Moyens : 425 000 euros par an par territoire

Le budget total annoncé est de 34 millions d’euros par an sur trois ans, soit un peu plus de 100 millions d’euros au total et ce qui représente en moyenne 425 000 euros par territoire chaque année.  Sont notamment prévus un «fonds de la cité éducative» de 30 000 euros pour un collège dans chaque territoire, un appui dédié au principal de collège, un chef de projet opérationnel à la disposition des acteurs mais aussi le financement de nouvelles places en crèche et d’actions organisées avec les partenaires extérieurs de l’école, des associations aux services publics locaux pour encourager le soutien aux élèves pour éviter qu’ils ne décrochent, l’ouverture culturelle, sportive, civique, la place des parents dans l’école, le désenclavement (usage des transports en commun) et encore le «renforcement de la présence des adultes formés en soirée, les week-ends et pendant les vacances scolaires, pour éviter les replis communautaires et/ou identitaires.»

Calendrier : dès la rentrée 2019

Les élus des territoires devront présenter un avant projet d’ici à la fin juin détaillant «les actions, moyens et indicateurs envisagés pour répondre à trois objectifs principaux : conforter le rôle de l’école, organiser la continuité éducative, ouvrir le champ des possibles.» La labellisation des projets doit suivre en juillet pour une élaboration entre septembre et décembre 2019.

Une idée germée à Grigny

La mise en pratique du proverbe africain «Il faut tout un village pour élever un enfant» a germé à Grigny, dans l’Essonne, dès 2013, à partir d’un constat accablant de la part de la ville : un taux d’accès au bac de 25% contre 80% de moyenne nationale. Dès cette date, la commune développe notamment la création de places de petite section dès deux ans (210 places créées entre 2013 et 2017). En 2017, un panel d’actions prend forme dans le cadre d’un «Grand projet éducatif» avec le soutien du territoire, de l’Académie et de l’Etat, qui concerne 200 à 250 enfants chaque année. Objectif :  poursuivre l’accueil à l’école dès deux ans, renforcer les effectifs enseignants du premier degré, favoriser l’ouverture de l’école aux parents, développer l’apprentissage du Français, créer une classe passerelle pour aider les élèves en difficulté à se préparer au lycée dès la quatrième et encore favoriser les compétences numériques, l’ouverture culturelle et sportive des jeunes. Est notamment créée une académie des sports qui accueille aujourd’hui 600 inscrits, avec, parmi ses objectifs, de faire en sorte que tous les jeunes sachent nager. Le chef cuisinier Thierry Marx ouvre une de ses écoles Cuisine, mode d’emploi (s) (voir le concept, également déployé à Champigny). 600 élèves sont aussi inscrits à un parcours musical hors scolaire. Un partenariat avec l’association ATD quart-monde,  «Parents profs croisons nos savoirs», oeuvre en parallèle à impliquer les parents dans le cursus scolaire de leur enfant. Un dispositif qui passe par 16 postes supplémentaires dans le 1er degré, 4 dans le second et 267 000 euros pour développer le numérique. (Voir le détail du projet) Si le projet a bénéficié de moyens dans le premier degré, la question des moyens au collège restait toutefois prégnante en ce début d’année et en février, les trois collèges ont manifesté ensemble.

Créteil dans les starting blocks

Dans le Val-de-Marne, les trois territoires éligibles sont tous bien décidés à répondre favorablement et les copies se préparent à être rendues fin juin. A Créteil, cela fait du reste déjà deux ans que la question de la Cité éducative est au menu, dans le cadre du projet Anru (rénovation urbaine) du quartier Mont Mesly, qui doit conduire à la démolition de l’école Albert Camus rue de Bry pour la repositionner en face de l’école Casalis avec un secteur scolaire unique pour mixer davantage les populations. Concernant les relations entre les équipements socio-culturels et les écoles, la ville, comme un certain nombre de communes, a déjà créé de nombreux partenariats. «Chaque classe bénéficie déjà d’une heure de sport, d’une heure de musique avec les professeurs du conservatoire et d’interventions artistiques avec des compagnies de théâtre, des danseurs, des conteurs… Et cela a été mis en place bien avant la réforme des rythmes scolaires. La médiathèque, au coeur du Mont Mesly, est aussi très impliquée avec des sélections de livres pour les enseignants et les enfants, des visites de classes, de l’aide aux devoirs sur place», rappelle Sylvette Blanc, directrice générale adjointe de la ville, en charge notamment de l’éducation, la jeunesse et les sports. Un existant qui servira de base au projet de Cité éducative et sera articulé à la refonte urbaine du quartier dans le cadre du nouveau groupe scolaire, du nouvel équipement socio-culturel qui regroupera la MJC, le cinéma La Lucarne et la Maison de la solidarité (et sera relié à la médiathèque de l’Abbaye par un mail piéton) et de la construction de 825 logements diversifiés dans le quartier.  (Voir article sur le projet) La configuration architecturale même du nouveau groupe scolaire entend jouer son rôle dans cette ouverture de l’école vers le quartier, avec notamment des cours de récréation qui pourront être rendues publiques hors temps scolaire, ainsi que des espaces spécifiquement conçus pour accueillir les parents ou les activités périscolaires tandis qu’il faut toujours pousser les murs pour intégrer ces nouvelles fonctionnalités dans les écoles existantes.

Le nouveau groupe scolaire d’environ 800 enfants, dont le cahier des charges est en cours de définition, pourrait s’appuyer sur trois établissements recrutant dans un secteur géographique commun mais dédiés chacun à un cycle (maternelle, CP-CE1-CE2 et CM1-CM2). «Les trois équipements, maternelle, élémentaire et collège, ont vocation à travailler ensemble mais il n’est pas question de créer un établissement public des savoirs fondamentaux (EPSF)», précise Sylvette Blanc. En termes de moyens, les attentes de la ville concernant les moyens matériels pour favoriser les connexions numériques et la modularité, ainsi que l’encadrement, la coordination et encore les décharges de direction pour s’investir dans le projet.

Liste des 80 territoires pré-sélectionnés