Perturbations du sommeil, troubles cardio-vasculaires, baisse des capacités d’apprentissage… Bruitparif, l’observatoire régional du bruit, vient de publier une étude fine, basée sur des mailles de 250 M2, qui analyse l’impact du bruit routier, aérien et ferroviaire sur la santé des Franciliens, et le verdict est lourd.
Au niveau régional, 90% des habitants, soit plus de 9 millions de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs aux valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. En moyenne, les habitants de la région perdent ainsi 10,7 mois de vie en bonne santé en raison du bruit. Au total, l’étude a identifié 1500 mailles de 250 m2 à enjeux prioritaires (500 pour le bruit routier, 500 pour le bruit ferré et 500 pour le bruit aérien). «Parmi les facteurs de risque environnemental en milieu urbain, le bruit apparaît ainsi comme la seconde cause de morbidité derrière la pollution atmosphérique», conclut l’étude.
(Voir en bas de l’article le détail de l’impact des bruits routiers, ferrés et aériens par ville)
Méthode et enjeux : Bruitparif a utilisé la méthode de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fondée sur l’utilisation de l’indicateur synthétique des années de vie en bonne santé perdue (DALY – Disability Adjusted Life Years). L’objectif, une fois cette cartographie stratégique publiée, est d’élaborer et d’adopter un Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE). Par rapport aux précédentes études, réalisées en 2011 et 2015, les estimations ont été revues nettement à la hausse (passage de 75 000 à 108 000 DALY, soit +43%), indique l’étude, «notamment pour les bruits aérien (multiplication par un facteur 3,7) et ferroviaire (multiplication par un facteur 3,5), du fait de l’utilisation des nouvelles relations dose-réponse proposées par l’OMS.»
5,4 milliards d’euros par an au niveau régional
Un impact sanitaire qui a un coût économique, évalué à 5,4 milliards d’euros par an par l’étude. Ce chiffre astronomique, l’étude le motive en indiquant avoir multiplié les DALY (année de vie perdue en bonne santé) par le VSLY (Valeur statistique d’une année de vie), un concept difficile à chiffrer, reconnaît toutefois Bruitparif qui indique qu’il peut varier de 23 706 à 126 000 euros, en fonction des pays, des régions et des types de pathologies. En l’occurrence, Bruitparif a retenu la valeur de 50 000 euros en se basant sur le rapport de la Commission européenne sur les produits chimiques qui l’évaluait entre 50 000 et 100 000 euros. Cette valeur de l’année de vie en bonne santé perdue, adjugée à 50 000 euros, multipliée par les 107 766 années cumulées au niveau des habitants de la région, donne 5,4 milliards d’euros.
Le bruit routier responsable de 61% des impacts sanitaires
«10,8% des habitants sont exposés à des niveaux de bruit routier excessifs. L’exposition au-delà des valeurs limites est moindre pour le bruit du trafic aérien et pour le bruit ferroviaire (respectivement 3,7% et 0,5%), mais ces deux types de nuisances ont des impacts sanitaires proportionnellement plus élevés du fait de leur caractère événementiel (succession de pics de bruit)», détaille l’étude. «Le bruit routier constitue la principale source de morbidité, en concentrant à lui seul 66 000 années de bonne santé perdue, soit 61% des estimations de pertes d’année de vie en bonne santé dans la zone dense francilienne. Viennent ensuite le bruit ferré et le bruit aérien qui représentent respectivement de l’ordre de 23 000 et 19 000 années de vie en bonne santé perdue, soit 22% et 17% du total.»
A4, A86, RD7, RD5 et RD20 dépassent les limites
Concernant le bruit routier, les grands axes autoroutiers ex-nationales restent problématiques. Qu’il s’agisse de l’A4 au niveau de Charenton-le-Pont, Saint-Maurice et Joinville-le-Pont, des échangeurs A6a et A6b, de l’A86 et RN406 à Créteil, de la RD7 au Kremlin-Bicêtre et à Villejuif, de la RD5 à Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine et Choisy-le-Roi, ou de la RD120 à Saint-Mandé et Vincennes, les villes du Val-de-Marne ne sont pas en reste dans l’impact du bruit routier.
Un bruit routier omniprésent en zone dense
Au-delà de ces axes paroxystiques, le bruit routier dépasse les 53 dB(A), limite recommandée par l’OMS, dans toute la zone dense, impactant 85% des habitants, soit 8,6 millions de personnes. Et la nuit, 80% de la population vit dans un logement avec une façade exposée à un niveau de plus de 45 dB(A), limite recommandée par l’OMS la nuit. «331 100 habitants (soit 3,3% de la population) seraient concernés par des niveaux nocturnes qui dépassent la valeur limite réglementaire de 62 dB(A) selon l’indicateur Ln (Level Night)».
Les 5 villes les plus touchées par le bruit routier en Val-de-Marne : Saint-Maurice (10,3 mois – uniquement liés au bruit routier, sans tenir compte des autres bruits), Charenton-le-Pont (10 mois), Saint-Mandé (9,2 mois), Le Kremlin-Bicêtre (9 mois) et Gentilly (8,8 mois). Voir liste complète en bas de l’article, tenant compte également des autres sources de nuisances sonores liées au transport.
Le Sud Val-de-Marne victime des nuisances aériennes
375 000 personnes, soit 3,7% de la population de la zone dense francilienne sont exposées à des niveaux de bruit dépassant la valeur limite réglementaire de 55 dB(A) selon l’indicateur Lden (Level Day Evening Night). Dans le Val-de-Marne, c’est le sud du département qui voit rouge, aux abords de l’aéroport d’Orly. Les habitants d’Ablon-sur-Seine et Villeneuve-le-Roi perdent ainsi respectivement l’équivalent de 37,8 et 34,3 mois de vie en bonne santé en raison du bruit des avions mais aussi des autres bruits de transports. Villeneuve-Saint-Georges, Valenton, Limeil-Brévannes et Boissy-Saint-Léger concentrent également un grand nombre de mailles à enjeux prioritaires. «Autour de l’aéroport de Paris-Orly, près de 31 000 personnes sont soumises à des niveaux de bruit qui dépassent les 50 dB(A) en moyenne entre 22h00 et 6h00, du fait des nuisances générées par les survols survenant entre 22h00 et le début du couvre-feu à 23h30.»
Les 5 villes les plus touchées par le bruit aérien en Val-de-Marne : Villeneuve-le-Roi 20,8 mois – uniquement liés au bruit aérien, sans tenir compte des autres bruits, Ablon-sur-Seine 20,8 mois, 16,6 mois, Valenton 16,3 mois, Villeneuve-Saint-Georges 16 mois, Boissy-Saint-Léger 15,3 mois. Voir liste complète en bas de l’article, tenant compte également des autres sources de nuisances sonores liées au transport.
Ces RER qui restent bruyants
16% des habitants, soit 1,6 million de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs à 54 dB(A), limite recommandée par l’OMS. «Les territoires les plus touchés par les nuisances sonores d’origine ferroviaire sont ainsi dans l’ordre décroissant les T5 (Boucle Nord de Seine), T9 (Grand Paris Grand Est), T10 (Paris Est Marne et Bois), T12 (Grand-Orly-Seine-Bièvre), T4 (Paris Ouest La Défense), T6 (Plaine Commune) et T3 (Grand Paris Seine Ouest)», détaille l’étude qui précise que «les mailles à enjeux prioritaires font ressortir les fortes expositions sonores générées par le dense réseau ferroviaire (réseau Transilien, RER C, RER D et RER E notamment).»
Les 5 villes les plus touchées par le bruit ferré en Val-de-Marne : Ablon-sur-Seine 11,3 mois – uniquement liés au bruit aérien, sans tenir compte des autres bruits, Bry-sur-Marne 9,1 mois, Villeneuve-le-Roi 7,6 mois, Charenton-le-Pont 7,2 mois, Villeneuve-Saint-Georges 7,1 mois. Voir liste complète en bas de l’article, tenant compte également des autres sources de nuisances sonores liées au transport.
Bonjour,
Serez-vous présent à la réunion du 3 juin à la mairie de Saint-Maur-des-Fossés en présence du directeur d’Orly concernant les survols d’avions intensifs?
Cordialement
I.Fourniés
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