Poussettes dans les allées, sourires émus, salle à pleine à craquer… Ce 17 octobre, Mohamed, Lila, Serge et bien d’autres, sont devenus officiellement français, à l’occasion de la 18e cérémonie de naturalisation de l’année à la préfecture de Créteil. Portraits.
« Cela représente 130 nouveaux citoyens français de 38 nationalités et de 35 villes différentes du Val-de-Marne », détaille Cécile Genest, sous-préfète déléguée à la ville.
Autant d’histoires singulières, comme celle de Mohammed, 83 ans, qui a emménagé dans le Val-de-Marne en 1974. « Cela fait 45 ans que j’habite dans le 94 », sourit le doyen du jour. « Je suis arrivé en France en 1957 par contrat depuis le Maroc. J’ai d’abord vécu à Paris, à Belleville, dans un appartement trop petit pour ma femme et mes deux enfants, puis au Kremlin-Bicêtre. » A l’époque où la guerre d’indépendance algérienne divise la société, Mohammed refuse une première fois d’obtenir la nationalité française en 1959, par solidarité avec les Algériens en lutte. Ce n’est que bien plus tard qu’il enclenchera la procédure, alors que ses vingt-trois enfants et petits-enfants sont déjà officiellement Français. « La demande a été fastidieuse : la première, en 2016, a été rejetée au motif de non connaissance des règles de la République française », ironise son fils Yahia. Une appréciation revue avec l’appui du maire de la commune, Jean-Marc Nicolle, lequel a dû se déplacer personnellement. « Dans son parcours de citoyen français, c’était le sésame qui lui manquait », reprend son fils.
Depuis janvier 2019, 1 934 personnes ont pour l’instant été naturalisées, quand la moyenne annuelle avoisine les 4 000, au cours d’une année marquée par des difficultés de prises de rendez-vous en préfecture. (Voir notre article à ce sujet). «La durée d’instruction d’un dossier avoisine les un an», estime Olivia Gallet, la cheffe de la plate-forme départementale des naturalisations au sein de la Direction des Migrations et de l’Intégration.
Pour la plupart des nouveaux naturalisés, cette étape s’inscrit dans la continuité logique de leur parcours en France. Bien souvent installés depuis plusieurs années, ils ont bâti leur vie dans le département, s’y sont mariés, y ont eu des enfants. Certains estiment que ce bout de papier n’officialise qu’une situation de fait. « Cela reste avant tout une formalité qui va faciliter mes démarches administratives et me permettre de voyager plus facilement », cite Lila, accompagnée ce jour-là par sa fille. Lila vit au Perreux-sur-Marne depuis trente ans. « Je me savais déjà Française depuis longtemps, mais je me sens désormais un peu plus chez moi », reconnait-elle malgré tout.
“Le déclic, ça a été mes enfants“
D’autres voient en ce Graal un véritable aboutissement. C’est le cas de Serge, 39 ans, qui est arrivé en 2003 du Cameroun. Après des études à Rouen, il part travailler à Paris et s’installe d’abord au Plessis-Trévise puis à Villiers-sur-Marne où il rencontre sa femme. « J’attendais de me sentir intégré à 100% pour demander la nationalité, explique-t-il. Le déclic, ça a été mes enfants, qui sont nés en France et connaissent la culture, la mentalité française. Aujourd’hui, grâce à eux, je participe à la vie culturelle de ma ville.» Son petit garçon Teddy ne le lâche pas d’une semelle. « La France, c’est le pays des droits de l’homme, de l’égalité, de la fraternité, de laïcité, assure son père. C’est un pays magnifique. »
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