Le suspense est resté entier jusqu’au bout mais le Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris a décidé ce mardi de dire un oui définitif à l’interopérabilité des lignes 15 Sud et 15 Est à Champigny-sur-Marne. Cette décision a été accueillie avec un immense soulagement par les collectivités territoriales et collectifs d’usagers et de riverains de l’Est parisien mobilisés depuis la remise en question du projet par mesure d’économieà l’automne 2018 (photo de une).
Pour rappel, cette option technique permet d’éviter un changement de train à Champigny pour passer de la 15 Sud à la 15 Est dans le cadre d’une boucle complète, grâce à une fourche permettant à d’autres trains de poursuivre jusqu’à Noisy-Champs et à la ligne 16. Elle était prévue dans le projet initial et actuellement celle qui est retenue dans les calculs de temps affichés par la Société du Grand Paris, établissement public maître d’ouvrage du métro. Son remplacement par une simple interconnexion fait toutefois partie des pistes d’économie envisagées pour limiter le dérapage du coût total du projet, dont certaines dimensions avaient été sous-évaluées.
«Le Conseil de surveillance retient la proposition du directoire de poursuivre la réalisation de la ligne 15 Est en intégrant dans son programme d’investissement la réalisation de l’ensemble des infrastructures nécessaires à l’interopérabilité. Il attire par ailleurs l’attention d’Île-de-France Mobilités sur les analyses des experts notamment quant à la nécessité d’attendre un retour d’expérience suffisant avant de mettre en oeuvre un dispositif d’exploitation qui soulève encore de nombreuses questions», a motivé la Société du Grand Paris.
Pourtant, jusqu’au dernier moment, rien n’était acquis et les rumeurs sur l’abandon de l’interopérabilité circulaient dans les cercles d’initiés. Mais après un débat d’une grosse heure, le Conseil de surveillance a fini par accepter de voter une délibération sanctuarisant l’interopérabilité. «Thierry Dallard a compris la semaine dernière qu’il était coincé et il n’a pas voulu prendre le risque d’être mis en minorité. Il a pris tout seul la décision de remettre en question cette interopérabilité, sans même prévenir le préfet de Région, qui était lui-même plutôt en faveur du projet initial. Michel Cadot a assuré aux élus des collectivités territoriales que les représentants de l’État au Conseil de surveillance ne voteraient pas pour l’abandon de l’interopérabilité», explique un connaisseur du dossier.
La SGP va devoir regagner la confiance des territoires
Pour l’association Orbival, qui regroupe des élus du Val-de-Marne de tous bords ayant oeuvré pour un métro de banlieue à banlieue bien avant la naissance du projet, cet épisode a fait naître des tensions avec la Société du Grand Paris et elle indique qu’elle restera sur ses gardes. «Nous nous réjouissons d’avoir été entendus à l’issue d’une période d’inquiétude. Au travers de ce choix, c’est l’ensemble des possibilités d’évolution du schéma d’exploitation du réseau de transports francilien qui est sauvegardé. Nous espérons aujourd’hui ouvrir une nouvelle page de la construction du métro en reprenant un chemin de confiance mutuelle qui ne peut être que positif pour l’ensemble du projet. L’association Orbival, engagée depuis 2006, continuera d’être vigilante à ce que les engagements pris soient tenus, dans une relation constructive avec la Société du Grand Paris», a-t-elle commenté.
Le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, a qualifié cette décision de «très bonne chose». «Ce débat qui a duré neuf mois a pu démontrer le légitime attachement de la population, des associations et des élus à la réalisation du Grand Paris Express avec la meilleure efficacité. Il a aussi permis d’avoir des échanges techniques très approfondis entre tous les acteurs qui n’ont fait que confirmer l’importance du bouclage de l’ensemble de la ligne 15. Les trafics vont être très élevés, et la réalisation dans le calendrier le plus rapide possible de la ligne 15 Est est absolument impérative. Tous les participants au processus de concertation se sont retrouvés sur cet enjeu essentiel, et c’est un acquis important. Il faut maintenant que tous les acteurs soient pleinement mobilisés et travaillent ensemble pour la réalisation rapide de ce beau et grand projet, légitimement très attendu.»
Pour son homologue de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel c’est «un grand soulagement pour le Département qui s’est mobilisé aux côtés des nombreuses collectivités afin de sauver la rocade du futur métro» L’élu met en garde pour la suite. «Pourtant déjà actés depuis longtemps, les schémas d’exploitation, les tracés, les gares, risquent d’être fragilisés par l’entêtement de Bercy à trouver des économies au détriment du projet. Le Département de la Seine-Saint-Denis, avec les autres Départements, territoires et villes concerné.es, continuera à combattre toute logique court-termiste et comptable qui déboucherait sur un Grand Paris Express au rabais. Ce qui est le chantier du siècle doit venir désenclaver durablement la Petite Couronne, assurer un rééquilibrage territorial de la métropole francilienne, et améliorer le cadre et la qualité de vie de tous les habitants.»
Si les élus refusent de faire dans le triomphalisme, et restent mobilisés pour obtenir le respect des calendriers, des projets et des compensations, la municipalité de Champigny-sur-Marne va inviter par courrier ses habitants à fêter cette décision samedi sur la place Jean-Baptiste Clément.
Le magazine du département du Val de Marne de juillet-août annonce, dans un article intitulé « la liaison des lignes maintenue » que la fameuse interopérabilité entre les lignes 15 Sud et 15 Est sera maintenue. On voit sur une photo accompagnant l’article, Christian Favier, Président du Département du Val de Marne et quelques autres élus, brandir un panneau sur lequel est écrit « non au métro au rabais ».
Une première remarque quant au « rabais » dont il est question sur le panneau. Ce métro sera tout ce que l’on voudra, mais certainement pas un métro au rabais ! Car les sommes qui ont déjà été dépensées pour lancer sa construction et celles annoncées pour la suite vont dépasser toutes les prévisions les plus pessimistes. Ce sera un gouffre financier. Les paris sont ouverts. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne fallait pas réaliser ce projet…mais simplement mieux le maîtriser. C’est mal parti.
Quelle était la pomme de discorde entre l’association Orbival et la Direction de la Société du Grand Paris (SGP) ? Pour l’expliquer, plantons le décor (voir le schéma ci-dessus).
La ligne 15 Sud s’étend de la station Pont de Sèvres, située dans le Sud-Ouest de Paris, jusqu’à la station Noisy-Champs, située dans l’Est de Paris. La ligne 15 Est s’étend de la station Champigny Centre, station commune à ces deux lignes, jusqu’à la station Saint-Denis Pleyel située dans le Nord de Paris.
La problématique était de savoir si une partie des trains de la ligne 15 Sud, en provenance du terminus Pont de Sèvres devait se diriger vers le terminus de Saint-Denis Pleyel et l’autre partie vers le terminus Noisy-Champs, ou bien, si tous les trains devaient aller directement de Pont de Sèvres à Noisy-Champs. La station de Champigny-Centre n’étant, dans ce cas, qu’une station de correspondance comme il y en a tant sur le réseau actuel.
Sachant que le trafic de la ligne 15 Sud en provenance de Pont de Sèvres et en direction de Noisy-Champs est, d’après le Directeur général de la SGP, Mr Thierry Dallard, deux fois moindre que celui qui se dirige vers Saint-Denis Pleyel, que seule une station sépare les deux stations Champigny-Centre et Noisy-Champs et qu’enfin le trafic, à partir de cette dernière station diminue de moitié par rapport à la ligne 15 Sud (1) fallait-il maintenir l’opérabilité ?
Cette question, qui peut sembler bien anodine pour un non initié aux techniques d’exploitation et de conception d’un transport collectif comme le métro a, en réalité, de nombreuses répercussions selon la solution adoptée, tant dans le domaine de l’exploitation que sur le plan financier.
Pour trancher ce nœud gordien, la SGP décide de faire appel, début juin 2019, à une équipe d’experts réunissant des professionnels de la Société du Grand Paris mais aussi des personnalités et des élus provenant des services de l’État, d’Île-de-France Mobilités, des conseils départementaux, des établissements publics territoriaux et des communes du Val de Marne traversées par la ligne 15 Sud.
Parmi ces experts, quatre experts de haut niveau dirigés par un ancien préfet. Sur ces quatre experts, deux sont d’anciens cadres de la RATP. Pour réaliser une étude sérieuse qui consistait à tout remettre à plat afin d’apprécier chaque pièce du puzzle que représente une telle étude, cela faisait beaucoup de monde et laissait entrevoir que cette « armée mexicaine » n’était peut-être pas la meilleure organisation pour juger objectivement de l’affaire.
Fin juin on apprend que la SGP, on suppose, sur présentation d’un rapport de cette équipe (ce qui n’est pas certain…) a décidé que l’interopérabilité aurait lieu, sans plus d’explications et sans aucune justification sur le choix qui avait été fait. On aurait pu penser que dans une société démocratique comme la nôtre, les points de vue des différents participants auraient été présentés au grand public afin que celui-ci puisse, pour le moins se faire une opinion, favorable ou non, sur la décision prise. On attendait pour le moins une justification technico-opérationnelle. Et bien non. Pourtant, Dieu sait si les élus sont exigeants quand il s’agit de démocratie participative. Mais c’est bien connu, ces exigences ne sont bonnes que pour les autres. Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. Merci donc à Orbival pour ce bel exemple de transparence tout aussi transparent d’ailleurs que l’est l’association Orbival, club privé de certains élus du Val de Marne financé par des subventions publiques.
(1) La SGP prévoit des rames composées de 4 voitures au lieu des 8 voitures des lignes 15 Sud et 15 Est.
Merci pour ces précisions éclairantes.
Moi tout ce que je souhaite c’est que les travaux se terminent et vite si possible. Le stationnement est catastrophique, la voirie ne prend même plus la peine de passer nettoyer les trottoirs à côté desquels se trouve le chantier… bref c’est un enfer depuis le début de ces travaux.
Comment peut-on chanter victoire ?
Alors que l’interconnexion à Champigny va couter un fric de dingue ?
Augmenté du cout de l’usine à gaz de Champs sur Marne !
La solution est pourtant simple : une ligne M15 en rocade continue…
qui maille ainsi l’ensemble du réseau de manière efficiente
et une ligne M16 qui arrive jusqu’à Champigny.
Il est vrai que ces Messieurs des Ponts ne peuvent changer de train pour aller de Champs à Créteil !!!
Bonnes routes,
Maurice Fay
Militant AMUTC
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