Permettre aux jeunes en situation de délinquance à fort taux de récidive de rebondir, tel est l’enjeu du Pacte de la deuxième chance, un dispositif testé dans une centaine de quartiers prioritaires dont le Bois l’Abbé (situé sur Champigny et Chennevières-sur-Marne) qui met autour de la table tous les partenaires, Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), éducateurs, police, villes, préfecture, mission locale… pour tracer un nouveau chemin.
C’est dans le cadre de ce dispositif que l’animateur de l’école Doré de Chennevières, suspendu pour soupçons d’agression sexuelle, était suivi. Si le jeune homme de 19 ans avait été condamné par la justice, ce n’était pas, en revanche, pour des faits similaires à ce qu’il lui est reproché mais, selon nos informations, pour un problème de stupéfiants.
Lancé au Bois l’Abbé début 2016, le Pacte de la seconde chance a concerné une vingtaine de jeunes campinois et canavérois, quasiment tous passés par la case prison, dont plusieurs ont retrouvé un emploi et réussi à s’insérer socialement. Voir article consacré à ce dispositif. «Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’accorder une seconde chance mais lorsqu’il y a un problème, tout le monde s’indigne qu’on ait pu le faire. Je comprends néanmoins la réaction des parents. Si c’était mon enfant, je ne pourrais pas entendre ce raisonnement», réagit Moncef Jendoubi, directeur de la Mission locale qui fait partie du réseau d’acteurs ayant suivi le jeune animateur. «Ce jeune homme était très impliqué et très volontaire, et était loin d’être le plus difficile du groupe que nous suivons. Et s’il avait été condamné pour des faits qui laissaient penser qu’il était problématique de le laisser en contact avec des enfants, la PJJ ne l’aurait jamais laissé prendre un poste dans une école», poursuit le directeur de la mission. Les services de la ville étaient au courant que le jeune homme était suivi dans le cadre du Pacte de la deuxième chance. Le maire, Jean-Pierre Barnaud, indique en revanche qu’il ne l’était pas et rappelle qu’il n’intervient pas personnellement dans les recrutement d’animateurs, celui la comme les autres.
Ce contexte sensible, qui relève de la communication de crise, la ville ne l’a toutefois pas exposé dans tous ses détails lors de la réunion qui s’est tenue avec les parents ce mardi au théâtre. «La réunion était déjà extrêmement tendue, avec des propos durs à l’égard des animateurs. Le débat n’était pas assez calme pour aborder cette question», justifie le maire, qui rappelle que c’est la ville qui a demandé à l’institutrice de réunir les élèves pour faire un point de situation avant de saisir la police.
Durant plusieurs heures, la municipalité, représentée par Jean-Pierre Barnaud, son adjoint Jean Rapti, ses directeurs de services et un avocat, n’est pour autant pas parvenue dissiper le soupçon de négligence que lui ont opposé les parents, venus avec de nombreuses questions. «Monsieur le Maire, ma confiance, elle est à zéro !», lâche un père de famille dépité à l’issue de la réunion. «Quoi que l’on nous ait dit ce soir, nous ne sommes pas sereins. C’est à nous, les parents de continuer le combat, de détricoter la toile», confie une participante.
Quelques jours après la mise à pied du jeune homme, il est encore difficile de connaître l’ampleur de ce qui lui est reproché puisque l’enquête de police déclenchée par le dépôt d’une plainte d’une famille empêche les enfants ou les collègues de l’animateur de témoigner tant qu’ils sont susceptible d’être entendus par les enquêteurs. Mais dans l’intimité des foyers, les jeunes révèlent encore à leurs parents des violences physiques ou verbales qu’ils ont subi. «Il a dit à ma petite fille de 10 ans qu’elle était bonne comme une p***», a relaté une maman lors de la réunion.
Les parents assaillent le maire et son équipe de questions. «Comment cet animateur a-t-il été recruté ? Comment son CV est-il arrivé sur votre bureau ?» La procédure standard est décrite. Le dossier du jeune homme a été reçu par le biais du Point Rencontre Information Jeunesse de la ville au début de l’année avec son CV et sa lettre de motivation. Après s’être assuré que son casier judiciaire était vierge, il a été reçu pour un entretien d’une trentaine de minute par la Coordinatrice des animateurs qui a accepté sa candidature. Embauché à la mi-mars, la municipalité a financé une partie de sa formation (BAFA théorique) et le jeune homme a commencé par de courts passages à l’école Corot puis à l’école Rousseau avant d’être placé à l’école Jacques Doré. «Nous voulions lui donner sa chance», expliquent les représentants de la mairie. «Mais nos enfants ne sont pas des cobayes !», s’insurge un parent.
Un parent de l’animateur sur la liste du maire aux municipales de 2008
Si les parents d’élèves, craignant des manipulations à l’approche des élections municipales,évitent donc de communiquer de manière trop visible sur les réseaux sociaux, ils n’entendent pas non plus en rester là. «Nous n’aurions aucun intérêt à ce que des élus ou des candidats instrumentalisent cette situation. Ce n’est pas de cette façon là que nous obtiendrons des réponses et des solutions à notre problème», souligne une représentante des parents d’élèves. Plusieurs participants à la réunion ont toutefois jugé nécessaire d’interroger le maire sur ses liens présumés avec la famille du jeune homme de 19 ans. «Connaissez-vous dans le cadre de vos activités politiques un membre de la famille de cet animateur ?» s’enquit-on dans la salle. Un parent rappelle qu’un parent de l’animateur, décédé depuis, était sur la liste de Jean-Pierre Barnaud au premier tour de 2008. «Cette personne était en fin de liste et est décédée. Les gens s’imaginent que nous sommes des proches. Mais je ne connaissais pas ce jeune homme», reprend le maire.
Les mesures prise par la municipalité de Chennevières pour éviter que cela ne se reproduise
Au cours de la soirée, la municipalité a listé les mesures qu’elle était sur le point de prendre afin de remédier aux dysfonctionnements qui ont conduit à cette situation. Tout d’abord, comme le maire l’avait annoncé aux parents dès lundi, un poste supplémentaire au service de l’éducation va être créé pour «délester les directeurs et directeur adjoint de la surcharge de travail». Ensuite, la municipalité va procéder au renouvellement de l’équipe d’animation du niveau élémentaire au profit d’un groupe plus «solide et mieux formé/expérimenté», de 3 hommes 2 femmes, encadrée par un nouveau référent périscolaire qui sera présent en permanence à l’école Doré. Il a également été proposé de communiquer auprès de tous les parents de l’école le numéro de téléphone du référent joignable sur les temps périscolaires (matin/midi/soir), l’affichage d’un trombinoscope (photos des animateurs avec prénom) à l’intérieur de l’école. Les ressources humaines de la mairie sont également en train de travailler à l’élaboration de plans de formation des animateurs et d’actions pour permettre au personnel expérimenté de former les plus jeunes. La Coordinatrice des référents dans l’école a promis de faire encore plus de visites et il a été annoncé l’interdiction d’utiliser les téléphones portables personnels par les animateurs pendant la pause méridienne (musique, photo, film, réseaux sociaux etc…)
On aurait peut-être pu trouver un autre job à un jeune ayant des problèmes de stupéfiant qu’animateur dans une école ! Ce n’est pas sérieux …
… comment peut on être passé par la case prison et avoir un casier vierge ?
Surprenant … ou inquiétant !
C’est un véritable scandale, le maire nous à menti et nous à cachés des éléments qu’il possédait, en plus en face à face sans aucun scrupule, on s’en fou des échéances électorales, la sécurité de nos enfants passe avant le plan de de carrière du maire !!
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