Logements | | 13/02/2019
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Choisy-le-Roi : les habitants de la résidence Les Folies en ont marre des rats

Choisy-le-Roi : les habitants de la résidence Les Folies en ont marre des rats

Rats, infiltrations, moisissures… Les habitants de la résidence Les Folies, une résidence sociale du quartier des Gondoles, à Choisy-le-Roi, en ont assez. Estimant ne pas être écoutés par leur bailleur, Efidis, ils envisagent de ne plus payer.

« Au lieu de se battre seuls on a décidé de se mettre ensemble, on envisage de bloquer les loyers » explique Michelle, 66 ans, qui reçoit ses voisins dans son appartement en rez-de-chaussée. « On demande de l’aide, on en a marre des coups d’épée dans l’eau » poursuit-elle. Cette retraitée de 66 ans habite la résidence HLM « Les folies » depuis 1983. Avec son mari, ils l’ont vue se dégrader. « Les murs extérieurs n’ont pas été lavés depuis 2000. Et depuis une dizaine d’années, c’est de pire en pire » soupirent-ils.

Pourtant, au premier coup d’œil, le quartier est charmant. Le lotissement longe un grand parc, les rues sont calmes. « C’est dommage, le cadre est très sympa » commente Christelle, qui vit dans le quartier depuis une quinzaine d’années.

 « Ma hantise, c’est les rats… J’en ai déjà tué trois! »

C’est dans l’intimité des appartements que les murs s’effondrent, les papiers peints se décollent et les rats s’invitent. Un locataire confie avoir « honte » quand il accueille des visiteurs : « avec les poubelles et les fissures, c’est vraiment pas présentable » commente-t-il.

« Ils sont attirés par les poubelles et passent par des trous qui bordent les immeubles », explique Michelle.   « Au lieu de les reboucher, ils ont mis des boîtiers avec du poison. Ça ne sert à rien, y en a autant qu’avant, mais ils ne veulent rien entendre », s’insurge la locataire. « Ma hantise, c’est les rats », explique son mari. « Chaque soir, on les entend dans les murs. J’en ai déjà tué trois », soupire-t-il.

Les moisissures qui couvrent les murs posent des problèmes respiratoires à certains habitants. Les installations électriques sont défectueuses, et potentiellement dangereuses. « En octobre, on a senti une vive odeur de brûlé » expliquent les locataires. Certains n’ont pas eu de chauffage pendant deux mois. « Pourtant, les factures tombent, et on les paye » s’indignent-ils. Ils se plaignent également des compteurs d’eau, qu’ils considèrent mal réglés et responsables de factures mirobolantes.

Après avoir vu de l’eau ressortir des rainures de son carrelage, Nadine n’a pas eu d’eau dans ses toilettes pendant les deux mois d’été. « Ils étaient venus régler le problème de fuite et cela en a créé de nouveaux. Le bailleur ne faisait rien. J’ai appelé les services d’hygiène, là ça a avancé » explique la jeune retraitée de 60 ans. A propos des fissures qui lézardent les murs de son appartement et qui s’élargissent de plus en plus, elle dit « avoir un peu peur ». « La nuit on entend des craquements. Ils sont de plus en plus forts », détaille-t-elle.

Le père de Christelle habite également dans le lotissement. Il se plaint des problèmes d’éclairage et d’humidité dans la cage d’escalier. « C’est mouillé et on n’y voit rien. Je manque de tomber à chaque fois », explique le vieux monsieur.

Les habitants menacent de ne plus payer leur loyer

Au-delà de l’insalubrité, c’est l’attitude du bailleur -et les solutions qu’il propose- qui exaspèrent les locataires. « On n’a jamais le même interlocuteur, et encore quand on peut en avoir un c’est déjà bien » expliquent-ils. « Il faut les relancer à de multiples reprises, leur envoyer des photos, puis les menacer. Et ensuite seulement ils répondent», précise Christelle. Cette mère de deux enfants a gagné un procès contre le bailleur il y a quelques années. « J’ai eu 1500 € de dommages et intérêts », explique-t-elle, « ils ont été contraints de refaire la terrasse : la gouttière était montée à l’envers, ça faisait des fuites dans la maison.» Les autres locataires présents écoutent attentivement : certains ne savaient pas qu’une bataille judiciaire avait été gagnée. « Un jour, on nous a expliqué qu’il fallait ranger les gamelles de nos animaux de compagnie pour éviter les cafards et les rats. C’est vraiment se moquer du monde !» s’écrie encore Nadine.  

Les habitants sont d’autant plus en colère qu’il ne s’agit pas d’une copropriété en difficulté : « On paye nos loyers ! On paye nos charges ! On entretient nos appartements ! Et pourtant rien n’est fait », martèle les locataires.

Le bailleur indique avoir effectué des travaux

De son côté, le bailleur Efidis, une filiale de CDC Habitat qui gère 134 000 logements, indique avoir réalisé des travaux.

«La résidence Les Folies a été construite à la fin des 70. Elle comporte 133 logements répartis sur 24 bâtiments. Comme tout autre résidence elle nécessite un entretien courant qui est assuré par l’agence dont elle dépend. Au cours de l’année 2018, nos équipes de l’agence Sud Métropole ont été présentes pour assurer les réparations et l’entretien nécessaire à la qualité de vie des locataires. En 2018, 35 000 euros ont été investis par l’équipe de proximité pour assurer l’entretien courant de la résidence. Les interventions techniques chez les locataires (chauffage, plomberie, ventilation, humidité,…) sont traitées au cas par cas après signalement auprès de la gardienne. La gestion des ordures ménagères est un point d’attention. Cette résidence est bâtie autour de 3 placettes. Il y a des containers pour la collecte des ordures ménagères sur chacune de ces placettes. Une étude a été réalisée pour améliorer la gestion des points de collecte. En 2018 et 2019, l’accent est mis sur la communication avec les locataires. Leurs demandes sont traitées, suivies et nous tachons d’y répondre avec le plus de réactivité possible. 

En 2014, la résidence a bénéficié de travaux important (200 000€) pour assurer la réfection des 24 cages d’escaliers : peintures, ventilations, remplacement des revêtements, etc.
Depuis 2015 et suite aux demandes et aux échanges avec les locataires, la résidence Les Folies est devenue un site pilote en matière de biodiversité urbaine. De nombreuses actions ont été mises en place pour améliorer la qualité de vie des locataires : végétalisation de l’entrée de la résidence, installation de bacs plantés le long des trottoirs pour sécuriser la circulation piétons et éviter le stationnement sauvage, mise en place de ruches, création d’un jardin partagé constitué de 18 parcelles cultivables en pleine terre, réaménagement de l’espace boisé, etc. Un investissement payant puisque la satisfaction des locataires a augmenté et nous recevons des demandes de particuliers qui souhaitent habiter Les Folies.
L’investissement financier et humain se gère au quotidien grâce aux actions de l’agence qui traite les demandes au cas par cas.»

Concernant la relation avec les locataires, le bailleur indique qu’«une amicale de locataire est présente au sein de la résidence. Les équipes de l’agence sont en contact avec l’amicale et des rencontres sont organisées une à deux fois par an. Une prochaine réunion est prévue avant la fin du premier trimestre. Aussi, notre manager de proximité se rend régulièrement sur la résidence pour faire des points précis avec la gardienne et les habitants

“L’amicale des locataires j’y allais avant” confie Michelle. “Mais puisque ça n’avance pas je n’y vais plus”.

A l’extérieur, pas de problèmes

 

 

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