Education | | 31/03/2019
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CM1 à Champigny-sur-Marne : 33 jours sans cours et déjà 20 remplaçants

CM1 à Champigny-sur-Marne : 33 jours sans cours et déjà 20 remplaçants

Dans le quartier du Bois l’Abbé de Champigny-sur-Marne, l’école Anatole France A fait partie d’un REP+, autrement dit un réseau d’éducation -encore plus- prioritaire, qui doit nécessiter des moyens privilégiés de la part de l’Education nationale. Mais depuis la rentrée 2019, rien ne va plus dans la classe de CM1 qui a vu défiler des remplaçants chaque semaine et perdu l’équivalent de plus de 8 semaines de cours.

Ce vendredi 29 mars, alors que le 20ème remplaçant dépêché sur place ne restera que jusqu’à lundi soir, les parents d’élèves ont occupé le bureau de la direction, accompagnés de Valérie Zelioli, la première adjointe au maire en charge des écoles, pour manifester leur ras-le-bol de cette discontinuité pédagogique totale, alors que leurs enfants se retrouvent quasiment chaque semaine trimbalés dans d’autres classes, lesquelles se retrouvent impactées par ricochet.

«C’est vrai que les remplaçants ont du mal à s’inscrire dans la durée en raison du climat scolaire mais nous y travaillons activement. Nous avons pleinement pris la mesure du problème et répondons systématiquement aux demandes d’audience des parents, nous les avons déjà reçus trois fois, et la dernière réunion en date était ce mercredi soir. Nous avons également fait  venir la psychologue et un conseiller pédagogique va intervenir pour former les équipes. Nous avons également proposé un stage durant les vacances de printemps pour les enfants dont les parents le souhaitent», réagit-on au cabinet de la directrice académique des services de l’Education nationale (Dasen) du Val-de-Marne.

Les parents, eux, opposent les chiffres. «33 jours de perdus, à raison de 4 jours d’école par semaine, cela revient à plus de 8 semaines sans cours, c’est dramatique!» détaille un beau-père d’élève qui entend bien ne plus rien laisser passer sans réagir. Au regard des 25 semaines de cours qui ont eu lieu depuis le début de l’année, ces 8 semaines de perdues représentent en effet une amputation de près d’un tiers du temps scolaire alors même que l’école fait partie des 3 pôles d’éducation très prioritaires du département. Sans compter la difficulté de proposer un suivi pédagogique cohérent quand des nouveaux enseignants se succèdent d’un jour sur l’autre. En novembre et en décembre, les élèves ont carrément eu une semaine complète sans enseignant.

«Un stage d’une semaine pendant les vacances ne va pas suffire à rattraper tout ce temps perdu. En plus, ce n’est pas évident que tous les enfants puissent y aller, notamment dans les familles recomposées. Chez nous par exemple, c’est le père qui a la garde de l’enfant durant cette semaine et il ne pourra donc pas y aller», reprend le beau père qui s’agace des explications sur le climat scolaire que l’Education nationale oppose aux parents lors des auditions.

«Le climat n’a pas changé.  Cela fait 28 ans que j’habite ici, j’ai été moi-même à l’école Anatole France et cela a toujours été correct. C’est la première année que l’on voit cela et c’est spécifique à la classe. Pourtant, dès l’an dernier, les professeurs ont interpellé l’Académie à propos du CE2, et ont prévenu que la situation risquait d’être compliquée en CM1 cette année. C’est vrai qu’il y a quelques éléments perturbateurs. Malgré cela, le CM1 s’est retrouvé avec 27 élèves en début d’année, et deux professeurs à temps partiel. Depuis, nous avons eu des professeurs qui se sont retrouvés en arrêt maladie ou des remplaçants qui ne souhaitaient pas rester. Nous avons demandé à plusieurs reprises de dédoubler la classe mais nous sommes systématiquement heurtés à une fin de non recevoir. Pourtant, nous avons encore trois salles de classe de libres», détaille le parent. Finalement, le nombre d’élèves a tout de même été réduit à 24 en dispatchant quelques élèves dans d’autres classes.

Déterminés, les parents ont décidé de sortir les banderoles ce mardi si les élèves se retrouvent à nouveau sans enseignant.

De son côté, le maire de la ville, Christian Fautré, a écrit à la directrice académique pour réclamer un retour à la normale :  «L’équipe enseignante en place et les parents d’élèves sont à bout et je ne peux que les comprendre et les soutenir dans leur colère ! Je peux également comprendre les craintes de certains, que leur enfant soit obligé de redoubler ; ce qui serait une nouvelle sanction injuste et injustifiable, du fait de ce défaut d’enseignement. Cette situation est d’autant plus grave que nous nous trouvons dans un établissement classé en REP+, dont vous connaissez le besoin de moyens renforcés. Elle est aussi inacceptable alors que cet établissement agit avec succès et brio pour développer des actions originales et bénéfiques pour les élèves. Je pense notamment aux enfants de cette école, qui, au sein des centres de loisirs ouverts du quartier, sont régulièrement récompensés lors de concours régionaux d’orthographe.  Pour toutes ces raisons, il est urgent d’agir pour que soit réellement garanti le droit à l’éducation de qualité, pour tous les enfants de la République.»

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