Alors que les parents du CM1 de l’école Anatole France A de Champigny-sur-Marne ont manifesté vendredi 29 mars pour réclamer un remplaçant pérenne, leurs enfants ayant déjà loupé un tiers du temps scolaire depuis la rentrée faute d’enseignant dans la classe, plusieurs d’entre eux se sont déjà fait une raison et pensent au redoublement si le programme n’est pas rattrapé.
Ce lundi 1er avril, il y a eu cours avec le 20ème remplaçant. Et ce mardi 2 avril, il y a un enseignant, celui qui vient tous les mardis. Reste à savoir s’il y aura cours jeudi et vendredi. Pour l’instant, rien n’a été inscrit dans les cahiers ni indiqué aux parents d’élèves de cette classe de CM1. « Les services travaillent activement pour qu’il y ait un remplaçant jeudi et vendredi. Et nous tiendrons les parents informés », s’engage-t-on au cabinet de la directrice académique des services de l’Education nationale.
En attendant, ce lundi soir après l’école, une dizaine de parents et leurs enfants ont témoigné de leur ras-le-bol, et surtout, de leur angoisse pour l’année prochaine.
« Certains remplaçants partent après une demi-journée » se désole une maman. « Il y a certaines semaines où il n’y a pas de remplaçant du tout », raconte un petit garçon. Lorsqu’ils ne sont pas pris en charge, les élèves sont répartis dans les autres classes, les plus sages étant affectés toujours dans les mêmes. Ils font des dessins et parfois des exercices, mais le programme est loin d’être suivi. « Même pour les profs c’est dur. Ils se retrouvent avec cinq élèves en plus, cela fait beaucoup pour les enseignants » explique un papa. D’autant que l’école fait partie d’un REP +, réseau d’éducation très prioritaire. « Des fois ils s’occupent de nous et des fois non. Quand on n’a pas de travail on joue », confie Amel, 9 ans. « J’en ai marre de jouer », explique Carla, 9 ans, qui passe régulièrement ses journées dans une classe de CE1. « On se fait gronder parce qu’on fait du bruit mais la maîtresse ne nous donne pas de devoirs » poursuit-elle. « Mon fils se retrouve en CP. Ce n’est pas de son niveau. Ils vont s’installer au fond et ils font des dessins », raconte une maman.
Certains parents pensent au redoublement, d’autres aux cours particuliers
« Ils ont perdu l’habitude d’être élève. Quand ils rentrent le soir ils n’ont pas de devoirs ou ils ne savent pas s’ils seront corrigés », explique une maman. « Ils ont plus de difficultés qu’avant, ils manquent de concentration », confirme un papa. « L’année est perdue » soupire une maman. « On demande un prof qui puisse leur faire suivre le programme de CM1. En CM2, cela va être compliqué, ils vont couler », poursuit-elle. Plusieurs parents sont d’ores et déjà prêts à faire redoubler leurs enfants mais ils ignorent si l’académie acceptera. Un papa envisage, lui, de payer des cours particuliers à sa fille, « pour la faire rattraper ». Les parents réclament aussi un soutien renforcé dès cette année, et ont demandé un temps d’études le soir. Pour l’heure, l’académie a proposé un stage de rattrapage pendant les vacances scolaires de printemps, pour les familles qui le souhaitent mais ce n’est pas simple pour tout le monde en raison des familles recomposées.
Alors qu’il reste encore 11 semaines de cours avant les grandes vacances, les parents sont bien déterminés à ne plus laisser passer une seule journée sans professeur sans réagir et prévoient d’aller dans la classe la prochaine fois. « On va leur donner quelque chose à faire » explique un papa. « On ne veut pas pénaliser l’école et les autres enfants. L’idée c’est de les occuper, de les aider. Au moins les faire lire » poursuit-il. La banderole est déjà prête à être affichée devant les grilles de l’école.
Voir précédent article sur le sujet :
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.