Environnement | | 10/03/2019
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Contamination au tritium à Saint-Maur-des-Fossés : fin de la surveillance

Contamination au tritium à Saint-Maur-des-Fossés : fin de la surveillance © alexstepanov

A l’automne 2010, une pollution au tritium a été révélée dans un quartier de la Varenne Saint-Hilaire à Saint-Maur-des-Fossés. Une entreprise spécialisée notamment dans la purification de fluides gazeux et travaillant pour le CEA (Commissariat à l’énergie atomique), s’était faite livrer par erreur un tamis moléculaire contaminé en provenance du CEA de Valduc, un site de recherche et de production d’armes nucléaires.

Le matériel, répertorié comme neuf suite à une erreur dans une transcription de données, était en réalité contaminé au tritium, et il avait aussi transité par Bondoufles, en Essonne, contaminant ainsi deux sites. A l’époque, le problème avait été découvert suite à un contrôle d’analyse d’urine d’un employé de la société saint-maurienne. Cette découverte avait suscité l’émoi dans le quartier, jusqu’aux parents d’élèves du collège voisin, Camille Pissarro. Les investigations menées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait indiqué que six travailleurs de la société avaient été contaminés, et que cinq riverains présentaient également des traces. Quatre salariés avaient notamment reçu une dose estimée comprise entre 1 et 5 millisieverts (mSv), «supérieure à la limite réglementaire de 1 mSv fixée pour le public, mais sans conséquences sanitaires et ne nécessitant pas de suivi», indique l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire dans son dossier sur le sujet. L’enquête révèle aussi une contamination des végétaux sur le site.

Isotope radioactif, le tritium (hydrogène 3) a heureusement une durée de vie assez courte, d’une douzaine d’années, et est surtout très mobile comme l’hydrogène. Il se disperse ainsi rapidement. «L’industrie nucléaire a longtemps considéré cet élément radioactif comme inoffensif, mais des études récentes montrent que la toxicité du tritium a été sous-évaluée, notamment quand il est absorbé par l’organisme. Il pénètre alors dans l’ADN des cellules», souligne toutefois le réseau Sortir du nucléaire, renvoyant sur le livre blanc sur le tritium réalisé par l’ASN elle-même. «Et les conséquences se répercutent sur les descendants», indique Jean-Pierre Minne, de Sortir du nucléaire, qui a suivi l’affaire saint-maurienne. A l’époque, l’association, tout comme le Criirad (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) déposent plainte auprès du procureur de Créteil, mais celles-ci seront classées sans suite. Plusieurs entreprises situées sur place ou dans le voisinage, dont un marchand de textiles et une imprimerie, sont en revanche dédommagées, se souvient Jean-Pierre Minne.

Sur place, une surveillance est également imposée par la préfecture pour s’assurer de la décontamination complète du site. Une obligation décidée par un arrêté préfectoral pris en décembre 2010. Voir l’arrêté. Depuis, une surveillance a été menée régulièrement sur le site, qui a montré une réduction assez rapide de la contamination. Voir la note d’information de l’IRSN.

C’est dans ce contexte que l’état actuel du site, situé au 22 rue Parmentier, a été considéré comme «compatible avec tous les usages futurs envisageables, ne présentant pas de risque en cas de travaux ou de démolition» et que, suite à des avis de l’ASN, la préfecture a pris un nouvel arrêté, ce 4 mars 2019, pour abroger les dispositions de l’arrêté de 2010. Voir l’arrêté de 2019.

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