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Reportage | | 19/11/2019
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Concours d’éloquence à l’IAE Gustave Eiffel de Créteil: le suspense demeure

Concours d’éloquence à l’IAE Gustave Eiffel de Créteil: le suspense demeure

La finale du concours d’éloquence de l’IAE Gustave Eiffel, école de management universitaire à Créteil, se tient ce vendredi 22 novembre. Depuis plusieurs semaines, une vingtaine d’étudiants se préparent d’arrache-pied. Reportage lors de la présélection.

« Je ne participe que pour aller au bout de l’exercice », chuchote une étudiante avant de se lâcher et s’élancer la première pour discourir devant la classe sur l’un des trois sujets imposés: la parole est un combat. Son camp sera celui du oui. «Savoir parler, c’est savoir se faire entendre, et combattre sa peur, comme je le fais devant vous aujourd’hui.» Ce jour-là, au terme de trois épreuves, la force de son discours s’impose, et à son plus grand étonnement, elle fait partie de la sélection finale.

Sa crainte de s’exprimer en public, elle l’a apprivoisée au cours d’un mois et demi de formation à la prise de parole et à la rhétorique. Proposés en amont à une trentaine d’étudiants, ces cours sont financés grâce aux subventions décrochées par le Bureau des Élèves (BDE) auprès de l’administration universitaire de Créteil.

«Notre but, c’est de faire rayonner notre école encore très jeune et peu connue», détaille avec un enthousiasme contagieux Clément Deheunynck, membre actif du BDE de l’IAE (Institut d’administration des entreprises). «On veut prouver qu’on n’a pas besoin de suivre un cursus à 10 000 euros pour exceller. Nous souhaitons à terme organiser un concours d’éloquence au niveau national entre les différents IAE, qui sont de véritables viviers de talents.» L’IAE a été créé en 2011 par les deux universités de l’Est parisien, l’Upec (Paris Est Créteil) et l’Upem (Paris Est Marne-la-Vallée).

Mila, élève de première année à l’IAE, en plein discours.

Apprendre à se rendre audible

Si certains des participants butent sur leurs mots, voire pensent à abandonner en cours de route face au stress, ils sont vite remotivés par les encouragements de leurs camarades. « L’atmosphère est bienveillante », constate Ryan, l’un des gagnants. Lui a déjà concouru dans une compétition similaire et souhaite développer ses capacités à l’oral pour travailler comme « business developper » ou directeur commercial.

Ryan, étudiant à l’IAE Gustave Eiffel.

Comme lui, la plupart des élèves présents se destinent au management, à la vente ou à la communication. Beaucoup participent pour donner corps à leur projet professionnel. D’autres viennent simplement pour booster leur confiance à l’oral. C’est le cas de certaines étudiantes qui sont plusieurs à douter de leurs capacités. « On peut avoir la fausse impression que les garçons ont plus de légitimité, sont naturellement plus drôles », raconte Juliette, qui se dit elle-même « plutôt à l’aise à l’oral ».

« On le voit : l’espace médiatique est saturé par les paroles masculines, déplore leur coach Eliott Nouaille, qui a fondé Trait d’Esprit, “la startup de la parole”. La parole est un enjeu majeur de l’égalité hommes-femmes, mais également un enjeu intergénérationnel et un levier de transformation sociale. » Clément et son camarade Mathis Krompholz du Bureau des Arts (BDA) ont choisi Eliott pour préparer leurs troupes. A peine plus vieux qu’eux, celui qui termine actuellement un Master de philosophie en éthique appliquée à la Sorbonne, enseigne lui-même ponctuellement à l’ISCOM, l’ENSAE ou encore l’ESSEC. Il en est convaincu: l’art oratoire peut libérer.

La forme doit être au service du fond

Dans la salle de classe improvisée en auditorium pour l’occasion, ce n’est pas l’avalanche de prestations originales qui déferle sur l’auditoire qui lui donnera tort. L’un dégaine une photo de Donald Trump pour mieux illustrer l’exemple de l’imbécile heureux et réfuter l’affirmation du troisième sujet imposé, « Le travail c’est la santé » ; un autre candidat crève un ballon pour appuyer ses propos ; un autre encore mime Napoléon.

Eliott Nouaille, Clément, et tous les participants.

« Mais l’éloquence, ce n’est pas que des effets de manche », conteste Eliott. Selon lui, ses élèves « ont déjà la tchatche, le bagout ». « Ils savent captiver leur auditoire, assure-il. Il leur reste désormais à rendre le fond implacable, et à apprendre à défendre leur point de vue de manière logique, compréhensible et audible. Les aspirants sont évalués tout autant sur l’humour et sur la forme, c’est-à-dire leur éloquence, que sur leur argumentation et la structure de leur propos.

Leur capacité de répartie et d’improvisation fait également partie des critères. A la question absurde « Du coup, travailler le dimanche, c’est aller contre la volonté de Dieu ? », Margaux répond du tac au tac : « Pas si le travail est une religion. »

Finale ce vendredi 22 novembre

Ce vendredi 22 novembre, se tiendra le dernier round, décisif. Rendez-vous est donné à 17 heures à l’IAE, rue de la Porte des Champs à Créteil. Au programme des débats, l’argent, avec sept compétiteurs.

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