C’était un mardi. Le 2 décembre 1969, était inauguré le nouvel hôpital Henri-Mondor à Créteil. Cinquante ans plus tard, le centre hospitalo-universitaire est devenu à la fois une référence mondiale sur certaines spécialités et le principal hôpital de proximité multi-disciplinaire du département. Une exposition à voir jusqu’au 6 décembre immortalise ses cinquante premières années.
“Cela a été un travail de tri, mais aussi de traitement de l’image“, explique Lionel Friedrich, chargé de raconter les 50 ans du CHU en 50 photos. “Le fil conducteur, c’est l’histoire de Mondor à travers notamment la visite de personnalités, mais aussi son évolution architecturale extérieure comme intérieure.
Une sacrée métamorphose en effet, à l’image de tout le nouveau centre-ville de Créteil. Au début des années 1960, le lieu-dit Les Ormes (photo de une) est toujours cultivé. Le terrain, légué à l’Hôtel dieu de Paris au XVème siècle, fait partie du vaste patrimoine foncier de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) qui regroupe les centres hospitalo-universitaire de la région Ile-de-France). Alors que la population de banlieue explose, l’heure est à la construction de nouveaux hôpitaux en dehors du périph et le terrain cristolien, avec ses douze hectares, permet d’installer l’hôpital dans la ville préfecture du département tout juste en création.
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Dessiné par Jean-Maurice Lafont et Jacques-Henri Riedberger, l’hôpital fait partie des premières constructions en bloc (par opposition aux architecture en village de pavillons qui visaient à éviter les contagions). Ses 19 niveaux regroupent plus d’un millier de lits, des salles d’opération, de recherche, des laboratoires, la fac de médecine… Le nom, Henri Mondor, rend hommage au chirurgien et homme de lettres décédé en 1962.
Dans un petit classeur provenant des archives, une photo avec des hôtesses à la mode des années 1970, mais aussi “un trait de stylo, une tâche, un cil.”, perçoit le photographe. “Pour celle-ci et pour toutes les autres, il a fallu les numériser en haute définition et les nettoyer. Sur plus de 2 000 clichés, j’en ai dégagé et traité 75, pour ensuite en sélectionner 50. En moyenne, il faut une demie-journée pour obtenir une photo “propre“, et le projet a été lancé en mai. “Je me suis également servi de l’outil Remonter dans le temps, un site qui permet de comparer deux territoires à des années différentes. Grâce à un point de vue aérien, l’exposition s’ancre d’autant mieux dans cette dimension évolutive.”
Un leader mondial pour la médecine
Au fil des clichés, d’abord en noir et blanc puis en couleur, les inaugurations se succèdent. Inauguration du Samu 94, le premier Samu, cuisines de l’hôpital, crèche, Etablissement Français du sang. Des inaugurations, mais aussi des cérémonies honorifiques comme en 1997, lorsque Bernard Kouchner, alors secrétaire d’état à la Santé assiste à la remise de la légion d’honneur au professeur François Lemaire, chef du service réanimation médicale. L’équipe a joué un rôle majeur, notamment dans le développement de la ventilation non invasive (pour palier à des insuffisances respiratoires), technique désormais utilisée dans le monde entier. Il y a aussi la création de la première unité de réanimation en dermatologie au monde, puis celle du centre de prise en charge de la drépanocytose (maladie héréditaire touchant l’hémoglobine des globules rouges), à l’époque unique en Europe et impliquant de nombreuses équipes médicales et chirurgicales de l’établissement. En 1999, c’est l’IRM Radio Centrale qui est construit. Henri-Mondor est alors le second établissement public de France à bénéficier d’une telle technologie. Plus récemment, le 11 mars 2019 a été inauguré le service de médecine bucco-dentaire.
Implantation d’un des premiers cœurs artificiels, développement de la greffe rénale et hépatique et des prothèses endovasculaires pour le traitement des anévrismes, greffe de visage et greffe de neurones pour la maladie de Parkinson, les innovations made in Mondor sont aussi rappelées au fil des photos.
Chiffres-clefs 2018 de l’hôpital universitaire Henri-Mondor AP-HP
3601 personnels non-médicaux
1161 personnels médicaux
77 143 passages aux urgences adultes
36 146 séjours en hospitalisation complète
56 726 hospitalisations en ambulatoire
92 872 admissions (en médecine et chirurgie) de patients et 4 730 admissions en psychiatrie
4320 interventions du SAMU 94
Source : AP-HP 2018
Aujourd’hui, le CHU accueille plus de 36 000 séjours en hospitalisation complète et 56 000 en ambulatoire. Alors que l’AP-HP, dont Mondor fait partie, a amorcé une nouvelle réforme reposant sur des grands GH, le CHU Mondor est resté autonome mais associé à Saclay. Prochaine inauguration d’ampleur pour Mondor : celle du bâtiment Réanimations, Blocs, Interventionnel (RBI) qui vise à réorganiser les prises en charge opératoires et des soins critiques. Lever de rideau en 2020.
Exposition à voir jusqu’au vendredi 6 décembre à l’espace culturel Nelly Rotman et couloir du rez-de-chaussée bas du bâtiment principal
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