Santé | | 22/01/2019
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Financement de la dépendance : cas d’école à l’Ehpad Dame Blanche à Fontenay-sous-Bois

Financement de la dépendance : cas d’école à l’Ehpad Dame Blanche à Fontenay-sous-Bois © Fb

Au premier abord, rien ne distingue la résidence Dame Blanche des autres habitations longeant le bois de Vincennes à Fontenay-sous-Bois. Il s’agit pourtant d’un Ehpad (Etablissement pour personnes âgées dépendantes) accueillant 100 pensionnaires. Malgré le cadre exceptionnel de cet établissement refait à neuf en 2012, il subit toutefois les limites du financement de la perte d’autonomie.

Chambres individuelle de 25 mètres carrés, patio, aide soignant pour dix résidents, ergothérapeute, psychomotricien et activités à foison… la résidence intercommunale de la Dame Blanche s’attache à constituer un lieu de vie plaisant et stimulant. “La maison de retraite pâtit d’une image négative auprès des familles qui ont gardé en mémoire les mouroirs des décennies passées”, pointe Dominique Perriot, directeur du regroupement des 13 Ehpad du Val-de-Marne. Pendant une cinquantaine d’années, cet hospice, installé dans un bâtiment construit pour l’exposition coloniale en 1931, a accueilli jusqu’à 300 résidents dans des conditions souvent précaires, avant que les villes de Fontenay-sous-Bois, Vincennes, Montreuil et Saint-Mandé ne décident de détruire et reconstruire la résidence entre 2010 et 2012 pour créer un Ehpad intercommunal dernier cri.

L’établissement se découpe désormais en six unités d’une quinzaine de chambres pour les personnes semi-autonomes ou dépendantes et une unité protégée de douze pour les personnes désorientées, Alzheimer ou apparentées.“Nous employons 35 aide-soignants en équivalent temps plein et nous assurons qu’ils soient 10 sur site avec des équipes de jour réparties sur une plage volontairement étendue de 7h à 21h15”, précise Aurélien Parente, directeur adjoint responsable de cet établissement.

A l’instar des autres résidences de la maison de retraite intercommunale, un résident paye entre 2300 et 2900 euros par mois. Au tarif journalier de l’hébergement (69 euros en chambre simple et 64 euros en chambre double) s’ajoute le tarif dépendance qui augmente avec la perte d’autonomie du patient. Il est financé par les Conseils départementaux du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis qui versent une allocation personnalisée d’autonomie (APA) mais laissent un reste à charge au résident. Les pensionnaires classés en GIR 5/6, conservant encore de bonnes capacités cognitive doivent ajouter 7,66 euros par jour, les résidents classés GIR 1/2 doivent en revanche s’acquitter de 28,38 euros par jour.

“Il nous faut un système de financement plus adapté à la réalité de la dépendance. Pour schématiser, un résident très dépendant mais qui aura toute sa tête va être classé GIR 3 alors que l’aide soignant va réaliser le même travail physique (lever, habiller, laver,…) que pour un résident classé GIR 1. Ce mode de calcul est à revoir ! De même, il arrive que l’état de dépendance de la personne âgée évolue pendant son séjour dans notre établissement. La charge de travail augmente immédiatement pour le personnel mais la réévaluation des enveloppes budgétaires s’effectue avec des intervalles de temps plus éloignés”, explique Dominique Perriot.

Les sénateurs communistes tirent le signal d’alarme

Laurence Cohen, vice-présidente de la commission des affaires sociales au Sénat s’est lancée depuis un an dans un tour de France des hôpitaux et des Ehpad publics pour aller à la rencontre des directions d’établissements, des représentants du personnel et des usagers et nourrir le débat sur l’accueil de la personne âgée et la prise en charge de la dépendance. Pascal Savoldelli s’est joint à elle pour visiter les établissements en Val-de-Marne. Les deux sénateurs communistes se sont rendus ce vendredi à la résidence Dame Blanche. « Le constat est partagé dans tous les établissements, il y a un manque de moyens et de personnel pour accompagner les résidents comme il le faudrait. Les personnes entrent en Ehpad plus âgées avec des pluri-pathologies. Il y a comme partout des patients atteints de troubles cognitifs, et les personnel des Ehpad n’y sont pas tous formés a ces pathologies. La résidence de la Dame Blanche a l’atout de la modernité et de ce cadre exceptionnel mais la situation n’est pas moins compliquée tant pour le personnel que pour les résidents. Il faut permettre aux établissements de se doter de projets pour accompagner nos aînés dans des conditions digne de 2019 ! », a insisté Laurence Cohen qui songe à organiser des états généraux dans le département pour faire émaner des propositions.

En juin dernier, Emmanuel Macron a annoncé d’ici la fin de l’année 2019 une réforme pour « répondre au nouveau risque de la dépendance ». « Sur les 32 questions qu’il a proposées pour son grand débat national, il n’a pas eu un seul mot sur la perte d’autonomie alors que les personnels et les résidents sont victimes jours après jours de maltraitance institutionnelle », a critiqué Barbara Filhol, secrétaire générale du syndicat CGT des Ehpad du Val-de-Marne, candidate spécialiste des questions liées à la vieillesse sur la liste PCF aux élections européennes et agent administratif au MRI de Fontenay-sous-Bois.

Les neufs organisations syndicales représentatives du personnel des Ehpad appellent à une journée de grève nationale mercredi 30 janvier notamment pour protester contre la réforme de la tarification introduite par la Loi vieillissement dite « ASV », qui selon elles, va se traduire par des suppressions massives de postes.

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