Reportage | | 18/12/2019
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D’Ivry-sur-Seine à la Nation: une journée de mobilisation

D’Ivry-sur-Seine à la Nation: une journée de mobilisation

“C’est tous ensemble qu’il faut lutter, c’est tous ensemble qu’il faut gagner”, envoie un délégué syndical depuis l’AG intersyndicale et interprofessionnelle organisée à Ivry-sur-Seine ce mardi 17 septembre avant le départ pour la manif parisienne.

Des enseignants proposent d’élargir la mobilisation contre la réforme des retraites aux collègues non-grévistes et au secteur privé, peu représenté dans la salle et plus généralement dans le mouvement de contestation.

Une jonction difficile avec le privé

“On fait grève pas procuration, si on gagne c’est grâce à vous dans le public, notre pouvoir d’impact est limité car nous avons peu de syndiqués et notre boîte à beaucoup de sous traitants. Pour nous, la grève reconductible est impossible”, explique un employé d’une filiale d’Air France.

Une autre employée du privé, qui travaille dans une petite entreprise, abonde et expose sa situation. “J’ai posé ma journée pour faire grève car la réforme ne prend pas en compte toutes les périodes d’inactivités mais moi qui travaille dans le monde de la culture je connais des périodes de chômage qui vont faire baisser ma retraite, idem pour les congés maternités qui ne seront pas pris en compte”, détaille l’employée d’une billetterie de cabaret. “Mes collègues ne se sentent pas concernés ou craignent d’être c’est mal vus en faisant la grève. Même une seule journée, cela impacte toute l’équipe. C’est un peu tabou car on est estampillée comme la nana de gauche, la nana reloue, on ne peut pas se perdre dans la masse, il y a un manque de solidarité”, regrette-t-elle.

Pas de trêve à Noël

Du côté des enseignants, on réfléchit à la poursuite du mouvement pendant les vacances scolaires. “Ce n’est pas parce que les fêtes arrivent qu’il faut qu’on s’arrête même si on ne pourra pas continuer la grève dans nos établissements. Il faut se donner des perspectives”, défend un enseignant venu avec ses collègues. Dans la salle toutefois, beaucoup estiment que les fêtes de fin d’année vont diminuer l’impact du mouvement de contestation.

“Les groupes scolaires et les accueils de loisirs se concertent actuellement pour fermer le lundi et mardi, avec l’appui de l’ensemble des services municipaux, pour avoir une ville morte”, lance Elisabeth, déléguée CGT. “Dans deux jours, on votera un vœu pour apporter notre soutien à la grève. En tant qu’élu, je n’ai pas été harcelé par des usagers en raison des problèmes dûs à la grève comme ce fut le cas lors d’autres mouvement sociaux. Vous avez tout le soutien de la municipalité”, répond un élu municipal.

Anne, territoriale CGT souhaite intensifier le travail de communication. “On peut se pointer devant un grand magasin en cette période des courses de Noel pour communiquer”, propose t-elle. On revient aussi sur les opérations de tractage et de discussion devant des écoles et les entreprises. “Les AG, ça booste et ça permet aussi de s’organiser pour faire des tournées qui sont indispensables car tous les collègues ne sont pas convaincus ou informés. Les femmes, notamment, sont les grandes perdantes de cette réforme, c’est important de communiquer là-dessus”, insiste une enseignante.

Question de transport

L’heure est venue de rejoindre l’un des six cars affrétés par la CGT pour rejoindre le cours de Vincennes. Alain, retraité, confie être surtout venu à l’AG pour y trouver sa place. “La semaine dernière, je suis parti à pied mais c’était impossible de rejoindre la manifestation alors j’ai fait demi-tour et suivi devant ma télévision”, regrette cet habitué des manifestations, présent à de nombreux rassemblements des gilets jaunes il y a un an. “Je serai allée à pied si il n’y avait pas de cars de disponible”, explique une habitante qui manifeste pour la première fois contre cette réforme. A midi, devant la médiathèque d’Ivry-sur-Seine, une vingtaine de places sont encore disponibles.

Inquiétudes sur les carrières hachées

Dans le cortège, on trouve de tous les âges. Marie, étudiante en thèse et psychologue, s’inquiète pour son avenir : “Le principe de la réforme à point est un peu flou. J’ai eu un tract tout à l’heure qui explique que si je gagne 1700 euros par mois, ma retraite sera de 1200 euros. Or, je ne gagne même pas 800 euros de salaire pour l’instant !” Mobilisée également lors des manifestations de gilets jaunes, la jeune femme de 28 ans a choisi aujourd’hui de porter un gilet FO Val-de-Marne, bien qu’elle ne soit pas syndiquée. “C’est pour ne pas me retrouver coincée dans des situations où je suis à terre à me protéger avec mes mains face à des violences… Avec un gilet de syndicat, on ne rencontre pas de problèmes”, estime-t-elle.

Arborant sur son blouson le badge “né pour ne pas subir”, Oscar, étudiant à l’ENS Cachan, s’inquiète de l’évolution de la valeur du point et s’indigne des mandats non déclarés de Jean-Paul Delevoye, qui vient d’annoncer sa démission du gouvernement. “Le gouvernement pense qu’un français normal fait une seule carrière du début à la fin de sa vie mais ce n’est pas le cas du tout”, témoigne Maud, ancienne surveillante au lycée professionnel Jacques Brel de Choisy le Roi, aujourd’hui au chômage. “Pour le moment, on va tenir, on ne s’arrête pas”, enjoint George qui lui porte la banderole du dépôt d’Ivry.

Dans le Val-de-Marne, de nouvelles actions sont prévues cette semaine, avec notamment une manifestation intersyndicale à Champigny-sur-Marne, qui partira à 14 heures de la place Rodin (Bois l’Abbé)

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