La semaine dernière, un élève de dix ans scolarisé à l’école primaire Paul Bert de Maisons-Alfort, a asséné deux coups de tête à son enseignant, déjà en souffrance face au comportement régulièrement perturbateur de l’enfant. Une situation qui n’est pas isolée.
Même avec vingt ans d’expérience, un enseignant peut se trouver complètement démuni face au comportement d’un élève en souffrance. Épuisé par un garçon qui perturbait le fonctionnement de sa classe, cet instituteur de l’école Paul Bert de Maisons-Alfort a décidé de se mettre en arrêt de travail et d’alerter sa hiérarchie. «Le comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail a été saisi et l’administration a assuré l’enseignant qu’il bénéficierait d’un accompagnement lorsqu’il retournerait en classe», relate un syndicaliste de SNUipp-FSU. Mais dès son premier jour de reprise, la semaine dernière, le professeur a reçu deux coups de tête de cet élève de 10 ans. A nouveau en arrêt de travail, l’enseignant a fini par se résoudre à porter plainte contre l’enfant, ce qu’il s’était toujours refusé de faire.
«Ce n’est malheureusement pas un cas isolé et nous dénombrons plusieurs cas dans le département de collègues qui vivent ces violences au quotidien. Souvent, ils ne le signalent même pas. Ils ne se mettent même pas en accident de travail. Les équipes tentent de gérer ces élèves avec la mise en place de protocoles, en essayant de faire tourner l’élève dans plusieurs classes, parfois, c’est le directeur qui prend en charge l’enfant. Mais si ces enfants explosent à l’école c’est parce que quelque chose ne va pas. Ils nécessitent un accompagnement spécialisé (IME institut médico-éducatif, ITEP Institut thérapeutique éducatif et pédagogique,…). L’école banale n’est pas faite pour eux et ces enseignants ne sont pas formés pour les gérer. Déposer plainte est la seule chose qui peut faire bouger les choses et éviter que les agressions ne se banalisent. Cela coûte cependant aux enseignants. Certains culpabilisent même si cela n’est pas contre l’enfant. Au contraire, cela permet parfois de pouvoir convoquer les parents devant des policiers pour marquer le coup et trouver une solution», ajoute le délégué SNUipp-FSU qui note une augmentation de ces faits au cours de ces 8 dernières années dans l’enseignement primaire.
L’Inspection rappelle son protocole
Que ce soit avant ou après l’agression de la semaine dernière, l’inspection académique assure pourtant avoir déployé des moyens d’accompagnement massifs au profit de l’enseignant et de l’élève. «L’inspectrice a appelé l’enseignant et a communiqué avec l’équipe éducative et les fédérations de parents d’élèves. Par rapport à l’enfant, nous avons plusieurs leviers à notre disposition comme des enseignants-régulateurs, des enseignants spécialisés, des psychologues de l’éducation nationale ou des médecins scolaires. L’admission dans une autre école peut se faire au regard d’une évaluation de la situation. La famille de l’élève est impliquée parce qu’elle appartient aussi à la communauté éducative et qu’il est important de pouvoir travailler avec elle», explique l’inspection académique.
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