Pour certains parents, la fermeture subite de leur crèche ou école maternelle privée, par arrêté préfectoral, est incompréhensible et la sanction disproportionnée. D’autres en revanche, avaient signalé des manquements à la sécurité. Réactions contrastées et position du président de l’association, Daniel Danan.
Alors qu’il passe récupérer son enfant à la crèche, un parent le découvre seul assis sur le trottoir. Il l’installe dans sa voiture et entre comme si de rien n’était dans la halte-garderie. Panique parmi les éducateurs qui cherchent le petit partout. Après quelques minutes, il met fin au supplice du personnel mais les sermonne quant à leur négligence. Ce sont plusieurs témoignages comme celui-ci qui ont alerté les services de protection maternelle et infantile (PMI) du Conseil départemental. «Sur les cinq établissements gérés par l’association Beth Menahem, quatre ont fait l’objet de signalements pour des dysfonctionnements graves dans l’exercice de l’accueil de jeune public», explique une source proche du dossier.
Et lorsque des comptes sont demandés à la structure, la réponse ne convainc pas. «Nous ne demandions qu’à les croire mais lorsque dix médecins des services de PMI se sont présentés à l’improviste dans les quatre établissements, la situation n’avait pas évolué et nous a permis de recouper les témoignages des parents.»
Taux d’encadrement et de personnel diplômé non-conforme, nombre insuffisant de sanitaires, literie dangereuse, conditions d’évacuation non satisfaisantes, chaîne du froid non respectée… l’inventaire des problèmes rappelés dans les arrêtés préfectoraux de fermeture pris la semaine dernière, après une procédure contradictoire entre le couple qui dirige les crèches et écoles maternelles privées concernées et le département sont sévères.
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Pour David, un parent habitant de Fontenay-sous-Bois, cette description ne correspond en revanche pas du tout à son expérience de l’établissement. «Nous avons une liste Whatsapp des parents de la première année de maternelle de ma fille et tout le monde est très choqué. Nous ne reconnaissons pas l’établissement dans lequel nous avons mis nos enfants. Les trois miens ont tous été dans cette crèche et cette école de la rue Emile Zola et tout s’est toujours très bien passé. Il n’y a jamais eu le moindre problème. L’ambiance est familiale et la directrice est toujours soucieuse de la sécurité. Il n’y avait pas de danger vital, ils auraient pu attendre les vacances d’été et mettre la pression pour une mise en conformité à la rentrée!» estime le parent.
Le président des établissements s’explique
Le président de l’association, Daniel Danan indique également être sous le choc. «Jusqu’à présent, il y avait une relation de confiance avec l’administration. Certains de nos établissements existent depuis près de 30 ans, des milliers de familles nous ont fait confiance sans jamais se plaindre. Entre temps la législation a évolué, nous avions du retard notamment sur la formation de notre personnel mais nous faisions notre possible pour le rattraper. Puis, le 21 mars dernier, on nous a demandé d’agir rapidement. Huit jours plus tard, plusieurs inspectrices de la DPMI débarquaient chez nous», décrit Daniel Danan, responsable de l’association. «Je ne conteste pas la décision de la Préfecture mais c’est sévère. Nous l’avons reçu il y a à peine quelques jours, nous en avons informé les familles. Beaucoup nous ont fait part de leur incompréhension parce qu’un esprit très familial anime nos établissements. Existe-t-il une seule école où aucun parent ne se plaint ?», interroge ce médecin qui assure avoir fait des changements à la tête de l’association avec le recrutement de spécialistes de l’hygiène, et entamé des travaux.
Si la procédure s’est accélérée début 2019, la première inspection des services PMI du Conseil départemental, suivie de recommandations, avait en revanche été faite en janvier 2018.
120 gamins sans mode de garde
Au total, ce-sont 120 enfants qui se retrouvent momentanément sans crèche ou école maternelle, car les quatre établissements concernés, Complexe éducatif, Haya Moussia, Vie des Petits et Gan Pardess Hanna, accueillent les enfants jusqu’à 6 ans. «Nous sommes en train de nous organiser avec les parents pour organiser une garde alternée chez ceux qui ne travaillent pas. Trouver une maternelle pour deux mois risque d’être trop compliqué, d’autant que nous avons fait le choix du privé pour avoir une école confessionnelle. Les parents sont aussi motivés pour aider à tout remettre aux normes afin que les établissements puissent rouvrir au plus vite», témoigne David, le parent fontenaysien. La majorité des familles viennent de Fontenay-sous-Bois, Vincennes et Montreuil.
La Caisse d’Allocation Familiale du Val-de-Marne a par ailleurs été sollicitée en amont par les services départementaux pour transmettre aux parents les listes d’assistantes maternelles disponibles par villes.
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