Grand Paris Express | | 11/02/2019
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Champigny-sur-Marne arme la mobilisation contre un Grand Paris Express au rabais

Champigny-sur-Marne arme la mobilisation contre un Grand Paris Express au rabais © Fb

Près de 200 personnes ont assisté samedi matin au conseil municipal extraordinaire de Champigny-sur-Marne pour demander le respect du schéma initial et de délais raisonnables pour le Grand Paris Express.

Maillon stratégique du Grand Paris Express à la jonction des futures lignes 15 sud et 15 est, Champigny-sur-Marne subit depuis quatre ans une dizaine de chantiers en contrepartie d’un futur réseau de transport moderne et performant pour faciliter les déplacements de banlieue à banlieue. Le plan d’économie proposé par le président de la SGP (Société du Grand Paris, établissement public maître d’ouvrage du futur métro périphérique) , Thierry Dallard, qui prévoit notamment la suppression de l’interopérabilité entre les lignes 15 Sud et 15 Est à Champigny, des gares plus modestes, ont toutefois fait déchanter les habitants et les élus. Une colère qui s’est pleinement exprimée à l’occasion du Conseil municipal extraordinaire convoqué sur ce sujet ce samedi matin, où étaient invités élus voisins et associations de défense du métro. “Il est assez rare de convoquer un Conseil municipal extraordinaire mais nous sommes dans une situation grave et urgente (…). Cette réunion marque une nouvelle étape d’action pour faire entendre plus fort la voix de nos villes aux dirigeants de la Société du Grand Paris et au gouvernement”, lance Christian Fautré, maire PCF de Champigny-sur-Marne, en début de séance.

Un chantier imprévu dans le centre-ville de Champigny

A tour de rôle, plusieurs personnalités se succèdent pour prendre la parole et s’alarmer des dommages collatéraux du programme d’économies. Le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier (PCF) pointe notamment le chantier imprévu qui pourrait surgir dans un autre quartier de Champigny en cas d’abandon de l’ouvrage d’interconnexion. “La remise en cause de l’interopérabilité serait motivée par la recherche économique, or, à ce jour personne ne nous en a fait la démonstration. Par contre, nous avons soulevé des lièvres, combien d’argent public aura été dépensé pour rien en cas d’abandon de l’interopérabilité ? A cette question, pas de réponse. Quel impact en termes de travaux ? Sur ce point, on nous dit que l’abandon éviterait de creuser un trou supplémentaire au niveau du monument aux morts de Champigny mais on ne nous dit pas que le tracé de la 15 Est serait complètement revu et que le tunnelier devrait sortir par une nouvelle issue, jamais étudiée, qui serait encore plus près du centre-ville, à côté de la mairie. Nous ne pouvons pas accepter cette forme de chantage, nous avons tous accepté le fait que les travaux n’étaient ni indolores ni invisibles mais nous n’acceptons pas d’être pris pour des imbéciles”, détaille l’élu. Jacques-Alain Bénisti, maire LR de Villiers-sur-Marne, abonde, s’inquiétant des incertitudes sur le financement de la gare de Bry-Villiers-Champigny. Jean-Philippe Gautrais, maire FG de Fontenay-sous-Bois, met en garde sur la remise en question de la ligne 15 Est, au-delà de l’interopérabilité, et avec elle, “le rééquilibrage de l’Est parisien.”

Des représentants de la société civile sont aussi au rendez-vous. “Avec ces travaux, des commerces ont été sacrifiés dès le démarrage et d’autres depuis. Ceux qui résistent souffrent des conséquences de ces chantiers, panneaux cachant les vitrines, détours pour venir en voiture, stationnement presque inexistants, poussières… Tout le monde fuit. Pour autant, on s’accroche, compte tenu de ce projet d’envergure, mais les conséquences seraient extrêmement lourdes pour nos commerces, leurs gérants, leurs salariés et leurs familles, si ces travaux perduraient plus longtemps que le calendrier initial ne le prévoyait”, alerte Laurence Thorigny, présidente des commerçants du centre-ville de Champigny.

“Le cadre avec lequel la SGP aborde son requestionnement est financier, ce qui rend suspecte toute nouvelle proposition. (…) Depuis quatre ans, les riverains subissent un chantier hors norme et la SGP en modifierait le mode opératoire. A-t-on déjà vu cela ? Un sentiment de gâchis et d’injustice. Un sacrifice presque pour rien des riverains et commerçants. Nous avons les pépins inhérents à ce projet, ce que nous voulons à la fin c’est la pomme : un métro efficace et fonctionnel pour tous. C’est la SGP qui le construit mais c’est nous qui monterons dedans. Nous ne voulons pas avoir un métro au fonctionnement étriqué, mal fichu, dont le fonctionnement aura été altéré dès la conception”, s’indigne à son tour Fabien Martin, du collectif de défense du Grand Paris Express. L’association à l’initiative d’une pétition et de plusieurs actions d’information prépare un grand événement, hors de Champigny pour amplifier la mobilisation. Une réunion au Sénat, avec des élus, devrait être organisée le 22 mars.

Le Conseil municipal demande la maintien du projet, à l’unanimité

Tour à tour, les présidents de groupe et plusieurs élus du Conseil municipal s’expriment ensuite sur l’unique délibération à l’ordre du jour, demandant le maintien du projet initial du Grand Paris Express, de son interopérabilité, et le respect de son calendrier. “C’est le gouvernement Ayrault qui a arbitré le tracé des lignes en fonction de leur utilité sociale et avec un réel objectif de désenclavement du territoire, souhaitant ainsi mettre fin au sentiment d’abandon, de relégation des habitants de ces territoires. Oui ce tracé est un choix politique en faveur des villes populaires”, rappelle l’élue socialiste Caroline Adomo.

Si la délibération a été votée à l’unanimité en fin de séance, les élus de l’opposition se sont permis quelques piques à l’endroit de la majorité. Ainsi, Alain Chevalier n’a pu s’empêcher de voir dans l’organisation de ce Conseil municipal extraordinaire, une façon pour le maire de “capitaliser sur l’avis défavorable des campinois”, à l’endroit de la SGP. “Les bras m’en tombent, c’est dans l’intérêt général que j’ai tenu à organiser cette séance”, a répondu Christian Fautré. Laurent Jeanne a également reproché au maire de ne pas être suffisamment transparent sur l’ampleur des travaux à venir. “Nous défendons à vos côtés, en responsabilité, l’interopérabilité, mais il faut avoir l’honnêteté et la transparence de dire aux campinois que cela va impliquer une deuxième phase de travaux très lourds au cours desquels tous les commerces de la place Jean-Baptiste Clément vont disparaître. Ce ne sera pas qu’un petit trou ! Nous allons voter la délibération mais nous souhaitons que vous informiez davantage les campinois”. “Aujourd’hui nous ne savons pas si cette interopérabilité sera réalisée. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé cette séance exceptionnelle. Nous n’allons pas faire le travail de la SGP à sa place. En revanche, si les travaux sont finalement menés, nous ferons en sorte que les riverains et commerçants bénéficient d’un accompagnement“, a répondu le maire de Champigny.

Après un peu plus de heures de débat, la séance du Conseil municipal extraordinaire a été levée. Les participants ont été encouragés à signer la pétition et à rejoindre le collectif de défense du Grand Paris Express.

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