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Reportage | | 12/11/2019
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Harcèlement scolaire: sensibilisation au long cours à Orly

Harcèlement scolaire:  sensibilisation au long cours à Orly

Dans le fond de la classe, une lycéenne pleure. Ce jeudi 7 novembre, journée de sensibilisation au harcèlement scolaire, la projection d’un court-métrage réalisé en 2016 par la classe de première esthétique du lycée des métiers Armand Guillaumin s’achève.

“Victime pendant cinq ans” raconte le témoignage d’une élève victime de harcèlement de la part de ses camarades de classe depuis la 6ème jusqu’à la seconde. Depuis, rassure Béatrice Paulus, professeure documentaliste animatrice du débat, l’ancienne élève a réussi à se reconstruire, petit à petit, et elle milite aujourd’hui dans l’association “Marion La main tendue”, fondée par Nora Fraisse, la mère d’une jeune fille qui s’est suicidée à l’âge de treize ans, ne pouvant plus faire face. 

Selon les statistiques de l’Education nationale, environ un élève sur dix est victime de harcèlement scolaire, autour de 14 % en primaire, 12 % au collège et 3% au lycée. Un fléau aux conséquences graves : échec scolaire, maladies, et parfois suicide. Une cause qui nécessite un travail au long cours, comme celui mené au collège Robert Desnos d’Orly et le lycée des métiers, bien au-delà de la journée nationale contre le harcèlement.

“Ne pas être dans une logique de sanction”

Dans ces deux établissements, les enseignants et membres de l’administration appliquent la méthode Pikas, dite de la préoccupation partagée, mise au point par le psychologue suédois Anatol Pikas dans les années 1970. “Par groupe de quatre personnes, chacun a un rôle défini dans une situation de harcèlement. Un membre s’occupe de la victime, tandis qu’un autre fait un entretien avec les harceleurs. On ne dit jamais au harceleur qu’il l’est. Par entretien de 5 à maximum 8 minutes, on discute avec les personnes concernées pour les amener à trouver eux-mêmes une solution. On ne donne des sanctions que si le problème ne se résout pas, ce n’est arrivé que trois fois en trois ans ici”, explique Emilie Lainault, conseillère principale d’éducation (CPE) du collège Robert Desnos.

“On préfère calmer le jeu et ne pas être dans une logique de sanction. Notre travail est fait de médiation, il faut favoriser les échanges entres les élèves et les adultes. Lorsque l’on travaille sur cette thématique pendant une journée, on fédère tout le monde autour de la même cause, ce qui se traduit par un sentiment d’appartenance à l’établissement”, confie pour sa part Muriel Guigo Crenn, proviseure du lycée Armand Guillaumin. 

Dans la salle de projection, le débat est lancé. Que faut-il dire à une victime de harcèlement scolaire? “Il faut rester fort face à le harceleur !” enjoint fermement une jeune lycéenne dont sa petite sœur de sixième a été victime de harcèlement.

Débat au lycée Guillamin

“Cela ne sert à rien, une personne qui est dans ce délire-là, de harceler quelqu’un, ne vas pas changer si on le confronte. Il faut en parler à un adulte qui le fera arrêter”, rétorque une camarade. “Il faut essayer de dialoguer avec son harceleur”, insiste une autre ado.

“C’est très important de voir comment réagissent les élèves lors de ces projections-débats, s’il y a un problème ça nous permet de le remarquer, c’est le cas lorsqu’un élève pleure par exemple”, commente la professeure principale, qui fait également partie de la cellule de veille contre le harcèlement. 

Paroles des élèves d’Armand-Guillaumin affichées à l’entrée du lycée

Un escape game contre le harcèlement

Au collège Robert Desnos, l’équipe a choisi une animation ludique pour faire réfléchir les élèves, en proposant un escape game. Devant l’écran, plusieurs cinquième tentent de résoudre des enquêtes pour aider Leila, Enzo et Antoine, victimes de harcèlement dans ce jeu en ligne. Tous les collégiens demi-pensionnaires feront le jeu. Au-delà, des projections de vidéos réalisées par d’anciens élèves, des activités théâtrale et des heures de vie de classe ont été consacrées à cette cause durant toute la semaine.

L’établissement veut sensibiliser ses élèves dès la sixième. “Pendant une semaine, ils construisent une définition du harcèlement avec l’aide des enseignants afin que chacun ait plus ou moins la même signification : des actes malveillants répétés envers une personne qui s’isole. En général la semaine qui suit, on a beaucoup de signalements de la part des élèves, on les vérifie tous par un entretien individuel avec les acteurs concernés, mais c’est arrivé très peu de fois que ce soit de vrais cas“, indique Emilie Lainault, la CPE. 

Le problème du cyber harcèlement 

Au programme aussi : le cyber-harcèlement, celui qui passe par les réseaux sociaux. Cette année, le lycée Armand-Guillaumin a noué un partenariat avec l’association RespectZone pour former des élèves en tant que médiateurs pour aborder chaque situation. Durant le débat suivant la projection du court-métrage, l’incident d’un récent échange de messages sur Whatsapp ne manque pas du reste de s’inviter au menu. “Il faut arrêter c’est bon, ce n’était pas du harcèlement. Il ne s’est rien passé. C’était juste une fois”, réagissent les élèves. La professeure n’est pas de cet avis. “Cela a duré deux semaines avant que l’élève ne vienne me voir pour me dire qu’elle recevait des messages injurieux de la part d’une autre fille de la classe, rappelle-t-elle. On n’a pas repéré de signes en amont car c’est une élève timide. Ensuite, nous en avons parlé avec les élèves et leurs parents. Ceux de “la harceleuse” étaient très surpris, car leur fille avait elle-même subi cela au collège. En réalité, cela arrive souvent…”

Globalement toutefois, la principale d’éducation du collège comme la proviseure du lycée indiquent avoir constaté une baisse des situations de harcèlement depuis environ trois années.

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