« J’ai commencé le massage cardiaque jusqu’à l’arrivée du Samu et des pompiers, raconte Idrisse Nguekoue. La victime a survécu et se porte bien aujourd’hui. »
Très humble, ce plongeur professionnel et secouriste en sauvetage sportif peut pourtant se féliciter d’avoir sauvé la vie d’un homme à Nogent-sur-Marne, cinq mois auparavant. L’adresse de la victime lui avait été directement envoyée par l’application pour smartphone Sauv Life, développée par l’association du même nom.
Depuis son lancement à Lille en février 2018, l’application a contribué à sauver 64 personnes en France et est aujourd’hui déployée dans 15 départements dont le Val-de-Marne où 3 920 sauveteurs sont déjà répertoriés sur les 280 000 en France.
Son principe est simple : en cas d’appel relatif à un arrêt cardiaque, le 15 alerte le Samu et déclenche l’application où sont aujourd’hui inscrits les 280 000 sauveteurs bénévoles. Ceux qui sont géo-localisés à proximité seront alors notifiés de l’urgence. S’ils acceptent d’intervenir, Sauv Life les guidera vers la victime et les défibrillateurs les plus proches. Ils seront ensuite guidés au téléphone pour prodiguer les gestes d’urgence en attendant l’arrivée des secours.
Car chaque minute compte et Pascal peut en témoigner. « Le 18 octobre 2018, j’ai fait un arrêt cardiaque au volant de mon véhicule. Ce jour-là Alexandre m’a sauvé la vie, explique-t-il en désignant Alexandre Rejichi, le directeur de la police municipale de Saint-Maurice. Malheureusement, je n’ai pas pu reproduire ces gestes lorsque mon propre père a été confronté à une situation similaire », lâche-t-il, ému.
Ce mardi, sauvés et sauveurs étaient invités à témoigner par le territoire Paris Est Marne et Bois, à l’occasion d’une remise de chèque de 10 000 euros de l’intercommunalité à l’association Sauv Life, au parc floral du bois de Vincennes. C’est Eric Lecarpentier, responsable du Samu 94, qui a fait connaître l’association au territoire.
« Première cause de mortalité chez les femmes de moins de 50 ans, l’arrêt cardiaque tue 50 000 personnes par an en France, explique Arnaud Libert, responsable des formations et des opérations chez Sauv Life. En comparaison, le nombre annuel de tués sur les routes au niveau national avoisine les 3 000. Sur 3 000 arrêts cardiaques par an sur Paris et la petite couronne (départements du 92, 93 et 94), en moyenne 140 personnes survivent, soit 5% de survivants. » La rapidité de l’intervention est décisive. «Entre le premier appel et l’arrivée du Samu, il s’écoule en moyenne treize minutes. Or chaque minute sans oxygénation, c’est 10 % de chances de survie en moins», assène Lionel Lamhaut, médecin urgentiste du Samu de Paris et créateur de l’application, aujourd’hui président de l’association SauvLife.
« Il est tout à fait possible et beaucoup plus efficace de combiner un appel d’urgence à une action de secourisme précoce », ajoute Alexandre Rejichi. A Saint-Maurice, les policiers sont d’ailleurs eux-mêmes formés et équipés pour répondre aux urgences cardiaques.
A Nogent-sur-Marne, le maire, Jacques J-P Martin, envisage pour sa part de mettre en place des unités de scooters de police dotés d’un défibrillateur, qui pourront intervenir plus rapidement dans cette ville de seulement 3 kilomètres carrés. «Nous organisons déjà des formations massage cardiaque deux fois par an avec la Croix Rouge», indique le maire.
Pour en savoir plus sur l’application: https://sauvlife.fr
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.