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Emploi | | 13/11/2019
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Insertion sur le chantier Grand Paris Express: il reste du pain sur la planche

Insertion sur le chantier Grand Paris Express: il reste du pain sur la planche © Fb

Depuis le début des chantiers de génie civil du Grand Paris Express, des centaines de personnes éloignées de l’emploi ont été recrutées mais tous les rouages ne sont pas encore en place pour faire correspondre en pratique l’offre et la demande.

La barre du million d’heures d’insertion réalisées sur le «chantier du siècle» a été dépassée cet été, essentiellement grâce à l’entrée en piste des tunneliers de la ligne 15 sud. Ces trains-usines de plusieurs dizaines de mètres de long qui préparent le passage du futur métro périphérique sont particulièrement friands en personnel, sur des métiers en tension. Mais la clause d’insertion fixée à 5% du volume horaire du travail des entreprises impose une quête constante de profils qui ne tient pas encore le rythme.

De grosses entreprises structurées comme Eiffage ont dû s’organiser en créant des parcours de formation pour orienter des candidats très en amont. «Ce volume de chantiers en Île-de-France et ses besoins de recrutement, c’est du jamais vu! Cela a nécessité de nouer des partenariats et de multiplier les initiatives pour communiquer auprès des publics, présenter ces métiers méconnus ou ayant mauvaise réputation», explique Jean Marchal, coordinateur emploi du groupe de BTP, à l’occasion de l’une des tables-rondes de la troisième édition des entretiens d’Orbival, qui se tenait ce 7 novembre.

Si les professionnels du secteur saluent les résultats encourageants en termes d’insertion, ils reconnaissent que des progrès restent à accomplir. «Il reste des sujets d’irritation. Depuis le départ, il y a les offres mais il n’y a personne qui vient en face. Parfois c’est même pire puisqu’il y a des orientations mais les candidats ne viennent pas. Nous entendons aussi de la part de nos partenaires qui font de l’accompagnement qu’ils aimeraient orienter et préparer le public mais ne savent pas quand auront lieu les recrutements. Il faut davantage de transparence du marché», pointe ainsi Nicolas Remeur, responsable du pôle entreprise, économie et emploi à la Direccte, participant à la table ronde.

La Société du Grand Paris prépare une cartographie prévisionnelle des besoins

La Société du Grand Paris, maître d’ouvrage du métro, devrait contribuer à une meilleure anticipation des besoins en publiant une cartographie pour identifier les besoins prévisionnels en main d’œuvre sur les chantiers. Prévue pour la fin du premier semestre 2020, elle sera réactualisée et diffusée tous les trois mois. «Depuis que les premiers marchés ont été attribués, les entreprises ont acquis une certaine maturité et sont désormais capables de prévoir leurs recrutements à l’avance. Nous sommes en train de travailler sur la version pilote d’une cartographie qui nous permettrait de mettre à disposition de nos partenaires les besoins territorialisés de personnel, des fiches métiers et les formations requises et/ou dispensées par les acteurs», détaille Yvonne Neckenig-Bramon, cheffe de projet développement de l’emploi et RSE pour la SGP.

Aller chercher les personnes éloignées de l’emploi : le vrai défi

Pour Bernard Benoist (joint au téléphone), président de la Face Val-de-Marne (Fondation Agir Contre l’Exclusion qui regroupe des entrepreneurs locaux œuvrant à l’insertion par l’emploi), l’un des gros défis est d’aller chercher les personnes éloignées de l’emploi. L’année dernière, l’association locale a noué avec les groupes de BTP NGE et Evariste, avec le soutien du Conseil départemental du Val-de-Marne, un partenariat pour proposer 1000 emplois locaux en insertion professionnelle dans le cadre du Grand Paris Express. Un partenariat destiné à identifier les personnes éloignées de l’emploi, les accompagner pour les rendre employables et les présenter aux entreprises en besoin de main d’oeuvre. (Lire : Grand Paris Express: miser sur l’insertion locale plutôt que les travailleurs détachés) Un partenariat qui fonctionne, mais pas au-delà des espérances. “Nous avons ouvert les vannes en grand et cela coule au compte-goutte”, constate le président de la Face 94 qui analyse les difficultés à plusieurs niveaux. Concernant l’identification du public d’abord, l’entrepreneur estime qu’il manque encore un maillage très fin, hyper-local, correspondant aux “micro-sociétés”. “A Champigny-sur-Marne, nous avons par exemple des petites associations qui viennent vers nous mais ce n’est pas le cas partout.” Parmi les publics très réceptifs, les jeunes mineurs isolés étrangers sont eux, facilement identifiés car pris en charge par le département. La difficulté, dans leur cas, est que la fenêtre de tir pour les accompagner est de courte durée avant qu’ils ne soient considérés comme majeurs et se retrouvent sans papiers, sans protection. “Nous avons accompagné un jeune en contrat pro qui s’est retrouvé avec une OQTF (Obligation de quitter la France) après des centaines d’heures de formation. Après intervention auprès de la préfecture et du conseil départemental, ce dernier a pu obtenir ses papiers et poursuivre mais cette situation témoigne de la difficulté à accompagner ces personnes”, rapporte Bernard Benoist. Après, c’est trop tard et ces personnes vont se retrouver parmi les travailleurs sans papier qui embauchent sur des chantiers à la petite semaine mais ne pourront entrer dans le dispositif d’insertion du Grand Paris Express. Concernant une partie du public éloigné de l’emploi, une autre difficulté est le peu de pouvoir attractif des emplois proposés, méconnus, dont on ne voit que l’aspect éprouvant de travailler dehors en faisant un effort physique, sans en envisager les bons côtés ni les possibilités d’évolution.

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