Le 2 avril dernier, Thierry Dallard, président du directoire de la Société du Grand Paris annonçait le lancement d’une concertation sur «l’intérêt de la solution de l’interopérabilité». Deux mois plus tard, l’association d’élus Orbival dénonce une démarche exclusivement à charge.
Pour rappel, l’interopérabilité doit permettre de ne pas avoir à changer de train pour passer de la 15 Sud à la 15 Est au niveau de Champigny centre. Un train sur deux passerait d’une ligne à l’autre tandis que l’autre poursuivrait sa route jusqu’à Noisy Champ avant de remonter via la ligne 16 jusqu’à Saint-Denis. L’interconnexion implique en revanche une correspondance avec changement de train. Initialement, le projet prévoyait une interopérabilité pour proposer une boucle continue, et tous les temps de trajet actuellement communiqués par la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public maître d’ouvrage de ce métro périphérique, sont basés sur cette hypothèse. Le chiffrage réel du projet, plus important que projeté initialement, a toutefois remis cette hypothèse en question. Le remplacement de l’interopérabilité par l’interconnexion fait partie des pistes d’économie en cours d’étude.
Protestations et boycott ont émaillé les ateliers organisés par la Société du Grand Paris ces deux derniers mois sur la liaison des ligne 15 sud et 15 est à Champigny-sur-Marne. «J’ai assisté à l’une de ces rencontres et pas un argument en faveur de l’interopérabilité n’a été avancé. Toutes les données présentées allaient dans le sens de l’interconnexion. C’est un positionnement qui a énormément déstabilisé les collectifs de riverains. Qu’est-ce que cela veut dire ? Les ingénieurs de 2010 se sont-ils plantés ? Ils ne nous disent pas que le passage de l’interopérabilité à l’interconnexion entraînerait un nouveau report du calendrier parce qu’il faudra faire une nouvelle déclaration d’utilité publique ou qu’un nouveau tracé de la 15 est pourrait être envisagé», déplore Fabien Martin, membre du collectif citoyen de défense du métro du Grand Paris.
«Ils ont essayé de nous faire peur avec des arguments un peu simplistes, expliquant que l’interopérabilité allait entraîner plus d’expropriation, un second chantier d’entonnement plus important encore que celui de l’avenue Salengro, un nouveau tracé. M. Dallard considère qu’il a raison alors que tous les élus s’opposent à la remise en question de l’interopérabilité. La SGP creuse le trou mais c’est Île-de-France Mobilités qui assurera la gestion du supermétro, et leurs arguments rejoignent les nôtres. J’espère à présent que les experts indépendants vont convaincre le conseil de surveillance de renoncer à l’abandon du projet initial, sinon, on pourra dire que cette concertation a été bidon», avertit Christian Fautré, maire de Champigny-sur-Marne.
L’association Orbival a synthétisé ce ressentiment dans un courrier signé par une trentaines d’élus et de décideurs locaux réclamant le maintien de l’interopérabilité. «Nous tenons à réaffirmer ensemble qu’il ne saurait être question de remettre en cause cette fonctionnalité essentielle pour l’ensemble de la ligne 15, axe majeur du réseau de transport francilien. L’interopérabilité est une fonction indispensable car elle permettra à l’autorité organisatrice des transports franciliens, Île-de-France Mobilités, d’avoir le choix de définir une grande variété de schémas d’exploitation, et ce pour des décennies», insiste l’association d’élus du Val-de-Marne.
Voir la lettre et ses signataires
De son côté, la Société du Grand Paris se défend d’avoir organisé un débat partial. «Ces ateliers se sont déroulés avec des experts extérieurs à la Société du Grand Paris qui ont été sélectionnés conjointement par la Société du Grand Paris et Ile-de-France Mobilités, sur la base d’éléments factuels sur les interconnexions des lignes 15 Sud et 15 Est. Un médiateur, Michel Thénault, s’est assuré du bon déroulement des débats et a veillé à l’expression de tous les points de vue de toutes les parties. Le rapport de synthèse des experts sera présenté au prochain Conseil de Surveillance le 25 juin. C’est sur la base de ce rapport d’experts que sera décidée la façon dont on poursuit le projet.»
Les élus et associations n’entendent pas relâcher la pression avant la réunion décisive du Conseil de surveillance. D’ores et déjà, la mairie de Champigny-sur-Marne a décidé d’inviter par courrier ses habitants à venir déposer symboliquement des pétitions le 11 juin lors d’une réunion organisée par la conférence de tronçon de la ligne 15 Est à Romainville.
Seuls la connaissance des flux de voyageurs à l’heure de pointe la plus chargée de la journée à court et moyen terme (à la mise en service et 5 ans après la mise en service par exemple…), pourraient nous convaincre du bien fondé du projet originel ou bien du nouveau projet appelé interconnexion :
– le flux de Champigny-Centre jusqu’à Noisy-Champs. Au-delà de Noisy-Champs les rames ne sont composées que de 4 voitures, preuve qu’à partir de cette station le flux de voyageurs chute pour le moins de moitié (sur la ligne 15 Sud les rames sont composées de 6 voitures).
– le flux de voyageurs entre Saint-Maur Créteil et Champigny-Centre (en provenance de l’Ouest de la ligne 15 Sud).
– et enfin le flux de voyageurs dans l’interstation Champigny-Centre – Nogent le Perreux (en déduisant le nombre estimé de voyageurs entrants à Champigny – Centre et se dirigeant vers Saint-Denis Pleyel.
Ces données, à ma connaissance, n’ont jamais été communiquées au grand public.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.