Au terme d’un an de réflexion, les missions locales des Bords de Marne et des villes du nord du Bois de Vincennes devraient voter pour ou contre leur fusion en assemblée générale ce mardi 9 septembre, pour une mise en oeuvre opérationnelle en 2021. Explications et débat.
Les deux structures s’étaient engagées à travailler à ce rapprochement lors de leur précédente AG, dans le contexte d’une forte incitation de l’Etat à le faire dans le cadre de la montée en puissance des territoires de la métropole parisienne et des intercommunalités de grande couronne.
En bref, l’enjeu pour l’Etat serait réduire le nombre d’interlocuteurs du service public de l’emploi en disposant, à terme, d’une mission locale par territoire ou intercommunalité. Pour l’heure, l’Etat avance prudemment et préfère jouer sur l’incitatif. Dès le printemps 2018, la Direccte (direction des entreprises, de la concurrence, du travail…) d’Ile-de-France a ainsi publié un mode d’emploi pour accompagner les fusions, rappelant en préambule “qu’avec 72 missions locales en 2018, l’Île-de-France possède le réseau le plus dense de missions locales du pays” et chiffrant que les 1 650 ETP (équivalent temps plein) qui y sont employés représentent 15 % des ETP de toutes les missions locales de la France métropolitaine. L’ hypothèse, un temps évoquée, de fusionner expérimentalement certaines missions locales avec des agences Pôle Emploi a en revanche été abandonnée.
C’est dans ce contexte que la réflexion a démarré dans deux des missions locales du territoire Paris Est Marne et Bois. “Nous ne voulons pas subir. Nous avons observé ce qu’il s’est passé dans d’autres régions où cela a été imposé avec perte et fracas, entraînant une désorganisation totale. Et même à Paris, la fusion de quatre missions en une seule a conduit à une centaine d’emplois en moins. Nous savons que cela va se faire, et nous préférions le faire à nos conditions. Nous avons donc travaillé pendant un an avec des représentants de l’Etat et des cabinets de conseil pour analyser les forces et les faiblesses d’une telle évolution et poser les conditions pour que cela constitue une opportunité et non une menace”, indique Moncef Jendoubi, directeur de la mission locale des Bords de Marne.
Contexte géographique Le Val-de-Marne compte aujourd’hui une quinzaine de missions locales réparties sur les trois territoires. Paris Est Marne et Bois accueille celles des Bords de Marne (Champigny-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne, Bry-sur-Marne, Joinville-Le-Pont, Chennevières-sur-Marne (qui fait partie du territoire GPSEA) et Nogent-sur-Marne), des villes du nord du bois de Vincennes (Vincennes, Saint-Mandé et Fontenay-sous-Bois), et de Maisons-Alfort (Maisons-Alfort, Charenton-le-Pont, Saint-Maurice, Saint-Maur-des-Fossés). La mission locale des Portes de la Brie comprend à la fois Villiers-sur-Marne dans le territoire PEMB mais aussi La Queue-en-Brie et Le Plessis-Trévise dans le territoire Grand Paris Sud Est Avenir.
Ne pas supprimer d’emplois ni de points d’accueil
La première condition, sine qua non, est de ne pas supprimer d’emploi, insiste le directeur de la mission, et ne surtout pas supprimer non plus de points d’accueil. “Au contraire, nous projetons le développement de nouveaux points d’accueil comme par exemple à Joinville-le-Pont, avec l’appui de la ville.”
L’autre condition est d’améliorer l’offre de service en “prenant le meilleur” dans les deux structures existantes pour le décliner sur l’ensemble du nouveau périmètre.
Concernant la gouvernance, l’idée serait d’éviter un lien hiérarchique mais plutôt de se répartir les missions, pour éviter d’être “à la fois au four et au moulin“.
Les deux missions locales en chiffres :
Mission locale des Bords de Marne : 31 ETP – 1,5 million d’euros de budget
Mission locale des villes du nord du bois de Vincennes : 12 ETP – 700 000 euros de budget.
Place au débat entre élus
Ce lundi 9 septembre, la balle sera dans le camp des élus. “Nous avons envoyé un rapport détaillé aux élus, c’est désormais à eux de débattre et de prendre une décision”, indique Moncef Jendoubi. Si la fusion suit son cours, elle devrait se matérialiser par l’élaboration de nouveaux statuts juridiques au printemps 2020 pour une mise en oeuvre opérationnelle en janvier 2021.
Mise en garde du Conseil départemental
Du côté du Conseil départemental, Fatiha Aggoune, vice-présidente en charge de la jeunesse, Marie Kennedy, vice-présidente et membre du Conseil d’Administration de la mission locale des Bords de Marne et Sokona Niakhaté, conseillère départementale déléguée, membre du Conseil d’Administration de la mission locale des villes du Nord du Bois, ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis de ce projet “qui n’a pas fait l’objet de concertation au préalable sur le principe avec les maires concernés ni avec le Conseil départemental du Val-de-Marne”. “Alors que de plus en plus de services publics nationaux ferment dans les quartiers politique de la ville du secteur, nous n’avons aujourd’hui aucune garantie sur la pérennité des antennes locales. Surtout, aucune information n’est apportée sur le maintien des emplois et des financements sur le long terme. Pire, nous nous étonnons qu’un rapport ait mentionné la possibilité de financements d’une banque privée pour permettre la survie de la future structure fusionnée“, s’alarment les élues. Concernant la banque privée, le directeur de la mission locale indique que les recours éventuels aux banques ne concernent pas le fonctionnement mais uniquement les investissements, pour financer un local par exemple.
Au-delà du projet de fusion, les élues du Conseil départemental s’inquiètent du contexte dans lequel ce projet est mené, citant la baisse des dotations de l’Etat et le système controversé de «bonus-malus» instauré par la préfecture de région, qui a bénéficié à certaines missions mais a grevé le budget d’autres. “Au total, les moyens de ces structures, pourtant vitales pour nos collectivités, viennent d’être amputés de 370 000 € dans le département. Les 20 000 jeunes Val-de-Marnais.e.s suivi.e.s en sont les premier.ère.s pénalisé.e.s“, pointent les élues, rappelant que l’assemblée départementale a eu une attitude inverse en maintenant et renouvelant sur trois ans ses engagements de financements à hauteur de 375 000 €.
“Les politiques d’insertion professionnelle ne peuvent se passer de services publics de proximité, au plus proche de nos quartiers. C’est pourquoi, nous nous opposons à des projets de fusions qui reviendraient à remettre en cause les actions d’utilité des missions locales. Nous demandons que l’Etat y renonce et mette en place une concertation via le Préfet du Val-de-Marne pour affecter aux missions locales les ressources indispensables pour leurs actions”, concluent les élues.
Le territoire fixe ses lignes rouges
Du côté du territoire Paris Est Marne et Bois, on rappelle que l’objectif est de travailler de manière ascendante, en fonction des souhaits des élus des villes concernées, tout en fixant une ligne rouge : celle du maintien de tous les points d’accueil.
A lire aussi : Val-de-Marne : les malus plombent les missions locales
Le bois de Vincennes appartient à la ville de Paris, qui a largement démontré son incapacité à collaborer avec ses voisins. DE plus, ce bois est pour au moins un tiers privatisé ‘regardez une vue aérienne avec Google Earth) et sa gestion est très particulière.
Les problèmes des bords de Marne sont d’une autre nature.
Mais oui, il faut arriver à réduire ce monstrueux mille feuilles administratif qui caractérise la France, mais pas en fusionnant des entités aussi différentes.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.