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Justice | | 13/03/2019
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Le faux blessé du Bataclan écope de trois ans de prison ferme

Le faux blessé du Bataclan écope de trois ans de prison ferme © WCC Fugitron

« C’est un coup de tête, je n’ai pas voulu faire ça pour l’argent. (…) Ce que je voulais c’était de l’amour et de la reconnaissance ». Ce mardi, Jean-Luc B., 29 ans, comparaissait devant le tribunal de grande instance de Créteil pour escroquerie et détention de faux documents après s’être fait passé pendant plusieurs années pour une victime des attentats du 13 novembre, lesquels avaient fait 137 morts, dont les 7 assaillants.

« Je suis parti dans cet engrenage de mensonge » explique-il en serrant et desserrant ses mains.  Soutenu par le Fonds de garantie des victimes du terrorisme, Jean-Luc B. avait empoché 77 000 euros. Même sa compagne le croyait rescapé.

Faux billet et fausses photos

Ce soir de novembre 2015 Jean-Luc B. est chez lui, à Nancy. Sur son fil d’actualité Facebook, le jeune homme lit le message d’une connaissance virtuelle, qui s’inquiète du sort de sa sœur et de son beau-frère, présents au Bataclan. Jean-Luc B. prétend alors avoir assisté au concert avec le couple décédé -qu’il présente comme des amis- et avoir échappé à l’attaque. L’enquête démontrera qu’il ne les connaissait pas.

Dès décembre 2015, Jean-Luc B. contacte l’association Life for Paris, partie civile dans cette affaire. Pour faire valoir son statut de victime, il présente un faux billet du concert des Eagles of Death Metal et des photos de l’événement « trouvées sur le dark web ». L’association l’aide à constituer un dossier pour être indemnisé par le Fonds d’aide aux victimes du terrorisme. Il recevra au total 77 000 euros. L’homme bénéficie également d’un suivi psychologique et d’une aide juridique, et l’association l’aide à retrouver un emploi. Interpellé fin janvier 2019, le jeune homme avait entamé quelques semaines plus tôt une démarche pour obtenir la médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme.

 « Un coup de tête, ça ne dure pas trois ans ».

Pour justifier son geste, il évoque des déceptions sportives et amoureuses. « Ma copine m’a lâché, mes entraîneurs aussi. J’ai fait un burn-out » explique-t-il, avant de se perdre dans des explications confuses, affirmant qu’il voulait « aider les familles des victimes ».

Tout au long de l’audience, l’homme se dédouane, élude. A l’entendre il n’a jamais eu l’occasion de sortir de la toile de mensonge qu’il s’était tissé et n’a jamais été à l’initiative des procédures d’indemnisation. Les dossiers pour obtenir des indemnités ? Ils ont été faits par les associations. Les procédures judiciaires ? Elles ont été lancées par son avocate de l’époque. Mais ses explications peinent à convaincre. La présidente s’agace : « Ça fait long comme engrenage. Les fausses photos, le faux billet, ce ne sont pas les associations qui vous les fournissent ! ». Un avis partagé par le frère de la victime que l’accusé prétendait connaitre, venu témoigner à l’audience. « Je ne peux pas entendre qu’il ait agit sur un coup de tête. Un coup de tête, ça ne dure pas trois ans » tonne-t-il.

La défense insiste sur son enfance chaotique, lorsqu’il était balloté de familles d’accueil en foyers. Son avocate explique se tenir « devant un mythomane, pas un escroc ». Pourtant, l’expert psychiatre convoqué pendant sa garde à vue a relevé « une tendance à la manipulation » chez le jeune homme, mais pas de problème psychiatrique majeur.

Après 3 heures d’audience, le faux rescapé demande « pardon » aux victimes, reconnaissant « avoir fait une bêtise ». En détention provisoire à la prison de Fresnes, il a insisté pour ne pas être incarcéré, affirmant qu’il ne voulait « pas vivre au crochet de la société » et « travailler »… 

Ce mardi, le TGI de Créteil a condamné Jean-Luc B. à trois ans et demi d’emprisonnement, dont six mois avec sursis.

En mars 2018, une habitante de Maisons-Alfort, déjà condamnée par le passé pour escroquerie, avait été condamnée à 4,5 ans de prison ferme après s’être faite passer pour une fausse victime.

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