Alors que les villes du territoire Paris Est Marne et Bois ont glissé à l’ordre du jour de leur Conseil municipal un voeu commun en faveur de l’interopérabilité entre les lignes 15 Sud et 15 Est du Grand Paris Express à Champigny-sur-Marne, le maire de Villiers-sur-Marne, a préféré en reporter le vote pour y intégrer l’urgence du financement entre l’interconnexion du RER E et de la ligne 15 Sud. De quoi susciter la polémique.
«Mardi 19 février, se déroulait le conseil municipal de Villiers-sur-Marne. Au cours de la soirée, les élus de gauche ont été stupéfaits d’entendre le maire revenir sur son soutien à l’interopérabilité des lignes 15 Sud et Est à Champigny, et déclarer que celle-ci devait être, si ce n’est abandonnée, du moins repoussée à 2030 ou 2035. Le maire considère que le seul sujet à prioriser est la gare d’interconnexion de la ligne 15 Sud avec la ligne E. Rappelons que cette interconnexion, certes indispensable, n’est toujours pas financée, tandis que les travaux d’interopérabilité sont largement entamés», fustigent les élus du groupe d’opposition de gauche dans un communiqué, dénonçant une position «isolationniste», réitérant «leur soutien à l’interopérabilité de la ligne 15 Est avec la ligne 15 Sud» et rappelant que «le maire de Villiers avait pourtant soutenu la position des autres élus du territoire lors du Conseil municipal extraordinaire de Champigny.»
Joint au téléphone, le maire de Villiers-sur-Marne, Jacques-Alain Bénisti (LR), qui avait mis le voeu à l’ordre du jour, explique sa position : «Je suis évidemment pour l’interopérabilité entre les lignes 15 Est et 15 Sud et je n’ai jamais dit autre chose mais je souhaite rappeler l’urgence de finaliser le financement de l’interconnexion entre la ligne de RER E et la ligne 15 Sud du Grand Paris Express. Les choses ont déjà bien avancé avec les nouvelles estimations de coût par la SNCF, qui ont fait passer l’investissement de 350 à environ 250 millions d’euros, ainsi qu’avec l’engagement de la région de participer à hauteur de 100 millions d’euros, et de la SGP de concourir à hauteur d’un tiers. Il reste désormais au préfet de région de réunir toutes les parties prenantes comme les deux départements du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne, le territoire Paris Est Marne et Bois… pour finaliser les participations de chacun et à quelle hauteur», motive le maire de la ville. Faut-il prioriser l’interconnexion par rapport à l’interopérabilité ? «Oui, l’interconnexion est à prioriser. Cela ne remet pas en question l’interopérabilité», assume l’élu qui prévoit de présenter un nouveau voeu modifié, intégrant l’urgence de l’interconnexion RER E – Ligne 15 Sud, à l’ordre du jour du Conseil municipal de mars.
Le malheur commence par mal nommer les choses.
Pourquoi parler d’interopérabilité (néologisme) à Champigny où il y doit y avoir interconnexion, et d’interconnexion à la gare BVC où il doit y avoir correspondance entre RER E et ligne 15 sud ? Un RER E ne se retrouvera jamais sur la ligne 15, et vice-versa, on aura une correspondance et non une interconnexion, à Bry-Villiers-Champigny. S’il y a les sous…
Lorsqu’il y a eu interconnexion des RER -A (est et ouest) d’une part, ou -B (sud et nord) de l’autre, là les trains passaient bien sur les mêmes rails. Mais les RER A et B sont en correspondance, à Chatelet.
… A et B en correspondance, à Chatelet les Halles, pas en interconnexion
Il ne s’agit pas d’interconnexion ou de correspondences pour les voyageurs.
Le terme d’interopérabilité, même s’il s’agit d’un néologisme, signifie que les rames de la ligne 15 pourront passer de la ligne 15 Sud à la 15 Est et réciproquement.
Le principe d’interopérabilité est appliqué sur toutes les lignes du métro de Paris. Même si chaque ligne est exploitée séparément, toutes sont connectée entre elles par des voies de service qui servent aux trains de travaux la nuit.
Ceci a permis de préserver l’évolutivité du réseau durant plusieurs décennies. Ainsi, la ligne 5 allait autrefois de la gare du Nord à Etoile en passant pas la place d’Italie. Et puis le tronçon place d’Italie – Nation a été construit et la 5 a été limitée à la place d’Italie et son tronçon Etoile – place d’Italie a été rattachée au nouveau tronçon place d’Italie – Nation pour constituer la ligne 6 actuelle.
Dans le cas de la ligne 15, interopérabilité est indispensable pour permettre aux trains de travaux d’aller de leur atelier de Vitry vers la 15 Est. Sans interopérabilité à Champigny, ils seront obligés de contourner toute la région parisienne et d’accéder à, par exemple, Val-de-Fontenay via la 15 sud, pont de Sèvres, la 15 Ouest, La Défense, la 15 Nord, Saint-Denis et ensuite la 15 Est. Un trajet de plus d’une heure à l’aller et d’autant au retour !
Quel temps restera-t-il aux techniciens pour entretenir alors l’infrastructure de la 15 Est ?
Nul besoin d’inter-opérablité pour permettre aux trains de maintenance d’accéder aux 2 branches. Il suffit, comme pour le métro d’avoir des voies de raccordement qui permettent aux trains de travaux partant des ateliers de La Villette d’irriguer toutes les lignes.
C’est justement ces voies de raccordement qui doivent disparaître !
Il a raison, l’interconnexion entre le RER E et la ligne 15 est plus importante que l’interopérabilité qui n’a pas que des avantages: la souplesse d’exploitation est meilleure avec une correspondance.
Le maire de Villers-sur-Marne croit tirer la couverture à lui alors qu’il ne fait que rompre le front des élus de toutes tendances politiques. C’est lamentable.
Il n’y a pas à prioriser l’interopérabilité par rapport à la gare de Bry-Villiers-Champigny dont les financements sont complètement séparés (Société du Grand Paris pour l’une, Région IdF et SNCF Réseau pour l’autre).
S’il fallait accepter le principe de la rupture de l’interopérabilité à Champigny, ce serait la branche vers Noisy-Champs qui dessert Villiers-sur-Marne qui devrait être coupée car à Champigny 80 % des voyageurs de la 15 sud se dirigeront vers la 15 Est et Val-de-Fontenay contre seulement 20 % vers Villiers-sur-Marne et Noisy-Champs.
Enfin, la rupture de l’interopérabilité à Champigny est le premier pas vers la suppression de la 15 Est en entier. Et là, ce serait un drame pour tout l’Est francilien.
Quelles sont vos sources concernant la répartition du trafic 20% / 80% ?
La branche Champigny Centre / Villiers-sur-Marne / Noisy-Champs ne peut pas être coupée car elle permet l’accès au centre de maintenance et de remisage situé à la limite de Champigny et Villiers. Comment feront les métros pour aller du site de garage vers Champigny Centre / Arcueil / Pont de Sèvres si la ligne est coupée à Champigny ?
Veuillez à ne pas exagérer la situation et faire preuve d’un catastrophisme déplacé. Dans le meilleur des cas, vous passerez pour quelqu’un de peu crédible. Dans le pire des cas, vous embrouillerez les citoyens et responsables du projet, ajouterez plus de confusion et ferez perdre beaucoup de temps à un projet qui a déjà pris du retard.
Mes sources sont les previsions de trafic d’Ile-de-France Mobilités qui est radicalement opposé à la rupture de l’interopérabilité à Champigny.
Par ailleurs, je n’ai pas préconisé de couper la branche vers Noisy-Champs; j’ai simplement dit que si on devait couper une branche, ce que je ne souhaite pas, ce ne serait pas celle de Val-de-Fontenay, mais celle de Noisy-Champs.
Enfin, je rappelle que la Société du Grand Paris n’est chargée que de la construction du Grand Paris Express et non de son exploitation. Par conséquent, les questions relatives à l’exploitation passent souvent au second plan.
Par exemple, sachez que le centre d’entretien de l’infrastructure (voie, caténaires, signalisation, etc..) est placé à Vitry, aux Ardoines. En cas de suppression de l’interopérabilité, pour entretenir la 15 Est il sera nécessaire que les trains de travaux parcourent toute la boucle au départ de Vitry, c’est-à-dire passent à Villejuif, Pont-de-Sèvres, Saint-Cloud, La Défense, Saint-Denis, Rosny-sous-Bois avant d’arriver dans le secteur de Val-de-Fontenay, soit au bas mot 1 heure à 1 heure 30 de trajet, et autant au retour !
Catastrophisme ? Non. Mais catastrophe à venir, oui !
Quant à la volonté de la SGP de ne pas construire la 15 Est entre Rosny Bois-Perrier et Champigny, il suffit de connaitre les propos tenus par ses représentants auprès de son ministère de tutelle pour en avoir la certitude. Souhaitons que la ministre des transports reste sourde à ces demandes insistantes.
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