Société | | 08/10/2019
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Le succès des boutiques éphémères en Val-de-Marne

Le succès des boutiques éphémères en Val-de-Marne

En Val-de-Marne, une petite dizaine de villes ont déjà mis en place des boutiques éphémères. Villecresnes, Sucy, Saint-Maur-des-Fossés, Alfortville, Limeil-Brévannes, Saint-Mandé, Vincennes et aujourd’hui Joinville-le-Pont…

Les boutiques éphémères, des locaux loués par les mairies à des commerçants pour une durée déterminée, permettent d’amener dans les centres-villes des offres qui ne seraient pas forcément rentables à l’année. Le succès est indéniable : dans certaines communes, le carnet de réservation est plein jusqu’en 2020, et certaines villes ont même ouvert un deuxième local, comme c’est le cas à Sucy .« Il s’agit de permettre aux artisans, commerçants et porteurs de projet de vendre et de se faire connaître» explique Philippe Gerbault, maire adjoint en charge du développement économique à Limeil-Brévannes. Les aspirants doivent déposer un dossier en mairie qui précise leur statut et le type de produits qu’ils souhaitent proposer. Une commission sélectionne ensuite les meilleurs dossiers, selon des critères propres à chaque ville.

A Limeil c’est une « logique commerciale » qui prime, d’autres villes acceptent les projets associatifs. La commission évalue « le sérieux de la démarche » et « le type de produit proposé ». La mairie veille à ne pas mettre en concurrence directement les commerçants déjà implantés dans le centre-ville et les locataires de la boutique éphémère. L’origine du vendeur est également prise en compte. « On privilégie les dossiers des artisans brévannais ou proches de Limeil-Brévannes » explique M. Gerbault. Enfin, puisque l’objectif est de proposer des services diversifiés, un même commerçant ne peut occuper la boutique plus de deux fois par an. 

Redynamiser le centre-ville

 « Pour les gens c’est super. Il y a de la nouveauté tout le temps » explique Chantale Berger, éphémère commerçante de Sucy-en-Brie, pendant qu’elle soigne sa devanture.

Même éphémères, les boutiques fidélisent les habitants. Une cliente de la boutique de Saint Maur vient voir « tous les mardis » les produits proposés. « Je ressors presque toujours avec des petits cadeaux » explique cette habitante du quartier. « Et ça permet de faire connaissance avec des gens qui travaillent avec passion. C’est de la création, du fait main. C’est important ! » dit-elle, enthousiaste, en regardant les bijoux proposés cette semaine-ci.

A Limeil, trois clientes sont venues entre copines. « Quand elles sont dans des centres-villes un peu sinistrés les boutiques éphémères apportent de la diversité. Il manque pas mal de commerces… C’est une nouvelle offre pour les habitants » analyse l’une d’elles.

Des tarifs abordables et sans engagement

C’est la légèreté du dispositif qui a conquis Françoise, installée pour une semaine avec son amie Maria dans la boutique de Saint-Maur il y a quelques mois. « Pour des amateurs comme moi, cela permet de travailler sans engagement » dit-elle pleine d’entrain.

Le concept séduit aussi les professionnels ou ex-professionnels, comme Maria. « C’est un moyen de continuer sans pression » explique cette retraitée qui tenait une boutique de bijoux.  « Ça permet un bon suivi de la clientèle, pour les réparations par exemple. A chaque fois, j’envoie des messages à mes clientes pour dire que je suis là » détaille-t-elle.

« On n’a pas les moyens d’avoir un local occupé en permanence. On manque de fonds et de bénévoles » soupire de son côté Bernard Schauer, président de l’association Artisans du monde, qui promeut le commerce équitable. Les bénévoles de l’association occupent la boutique éphémère d’Alfortville régulièrement. “C’est important, c’est une visibilité. On aimerait bien faire d’autres villes mais c’est trop cher. Ici la mairie offre un tarif privilégié pour les associations » explique-t-il.

La logistique très lourde est le seul bémol soulevé par l’ensemble des commerçants. « Il faut tout déménager et installer chaque semaine. Les boutiques sont vides, on doit amener les tables, les étals… Il vaut mieux vendre des choses légères !! » s’amuse Chantale, qui vend de la petite maroquinerie.

De l’éphémère au permanent

Le dispositif permet aussi à des artisans de se lancer. « C’est une façon de se faire connaître. Ça permet de prendre la température, d’évaluer s’il y a une demande » explique la gérante de la marque de décoration Maison Lagom, passée par Limeil.

Et ça marche. Ancienne fonctionnaire de la ville de Saint-Maur, Olga a ouvert une boutique permanente à Sucy il y a trois ans. Face au succès, elle a également ouvert une boutique à Saint-Maur il y a un an et demi. Elle y vend des vêtements et des chaussures en cuir.

Avant d’ouvrir une boutique permanente à Sucy, Olga faisait de la vente à domicile et a occupé huit fois la boutique éphémère de la ville, pour évaluer la pérennité du projet. « En tout, je suis restée à peu près six mois dans la boutique éphémère » détaille-t-elle. « Ça m’a beaucoup aidé ! » s’enthousiasme-t-elle. « Au départ je m’y attendais pas du tout. Mais ça a tellement bien marché que j’ai ouvert ma propre boutique ! » dit-elle, ravie.

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