Education | Val-de-Marne | 11/02/2019
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L’éducation prioritaire au coeur des enjeux de la carte scolaire en Val-de-Marne

L’éducation prioritaire au coeur des enjeux de la carte scolaire en Val-de-Marne

Les écoles situées en réseau d’éducation prioritaire constituent la priorité de la carte scolaire et des créations de poste depuis la mise en oeuvre des dédoublements en CP-CE1. La carte de l’éducation prioritaire, et le nombre de postes nécessaires à ces dédoublements fait en revanche débat. Le point en Val-de-Marne.

La carte scolaire 2019 s’inscrit dans le contexte d’une priorité aux dédoublements des CP et CE1 dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire (REP) ou très prioritaires (REP +), a rappelé la directrice académique départementale (Dasen), Guylène Mouquet-Burtin, lors d’un point presse précédent le CTSD (Comité technique spécial départemental, instance de concertation entre syndicats et Education nationale qui définit notamment la carte scolaire) prévu ce lundi 11 février pour discuter d’un premier jet de la carte scolaire 2019 (nombre de postes et donc de classes par école) en Val-de-Marne.

Le Val-de-Marne obtient 10% des postes alloués au niveau national

Au niveau national, 1800 postes ont été créés pour 33 600 élèves en moins, afin d’abonder ces dédoublements. Une part très importante de ces postes, 502, soit 28%, ont été affectés à l’Académie de Créteil (qui regroupe la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne) qui présente à la fois une population jeune croissante et beaucoup d’écoles en réseau prioritaire, surtout en Seine-Saint-Denis. Environ 35% des collèges du Val de Marne sont des têtes de pont de réseaux d’éducation prioritaire contre 62% en Seine-Saint-Denis et 13% en Seine-et-Marne. Dans le Val-de-Marne, ce-sont 180 postes supplémentaires qui ont été créés pour 92 élèves en plus, afin de provisionner les CE1 dédoublés. Dans le département, 213 écoles sont situées en REP ou REP +, dont environ une centaine en élémentaire.

Combien de moyens pour dédoubler les CP et CE1 ?

A la rentrée 2017, seuls les CP en réseau d’éducation très prioritaire (REP +) avaient été dédoublés, ce qui concernait 22 classes à dédoubler et 44 enseignants en Val-de-Marne. Cette année, tous les élèves de CP situés en REP ainsi que les élèves de CE1 situés en REP + ont été répartis dans des classes d’environ 12-14 élèves maximum, soit 435 classes de CP et 37 classes de CE1. A la rentrée 2019, l’ensemble des CE1 seront également dédoublés. Alors qu’à la rentrée 2018, 185 postes avaient été alloués en plus pour les CP, 114 ont été ouverts pour les CE1 à la rentrée 2019, ont déjà pointé les syndicats SNUDI-FO 94, SNUipp-FSU 94 et CGT Educ’action 94, pour qui le compte n’y est pas. La Dasen calcule différemment, observant d’une part qu’il y a eu cette année des CP dédoublés qui étaient largement en-dessous des 14 élèves, suggérant d’autre part qu’il n’est pas absurde pédagogiquement de créer des classes de double niveau CP-CE1. Il y a aussi eu plusieurs classes à 15, observe-t-on du côté des syndicats où l’on craint une globalisation des effectifs ainsi que des cours à deux groupes dans des mêmes salles de classe, faute de pouvoir pousser les murs.

Dédoublement des CP-CE1 : des premiers retours positifs

Sur le bien-fondé de réduire la taille des classes en revanche, tout le monde s’accorde. “Les premiers retours font état d’élèves qui sont en avance sur le programme par rapport à la période. Plus d’élèves ont une lecture fluide”, indique Guylène Mouquet-Burtin. “Cela fait longtemps que l’on demande à travailler en petit groupe. Bien-sûr que c’est mieux lorsqu’il n’y a un groupe par salle”, reconnaît Luc Bénizeau, délégué Snudi-Fo. Les résultats d’évaluations en devraient objectiver les données d’ici quelques semaines.

Réviser la carte de l’éducation prioritaire

L’autre question soulevée par les enseignants concerne la carte des réseaux d’éducation prioritaire elle-même. L’enjeu est important car au-delà des dédoublements de CP et CE1, en dépendent le nombre d’élèves par classe dans les autres niveaux, et le seuil du nombre de classes donnant lieu à décharge complète. Mise en place en 2015, cette carte se basait sur quatre critères : le pourcentage d’élèves dont les parents ont des professions ou catégories socioprofessionnelles défavorisées sur les quatre dernières années scolaires en CM2, le taux de chômage des actifs entre seize et soixante ans, le pourcentage de personnes de plus de quinze ans non scolarisées et sans diplôme et enfin le revenu fiscal par unité de consommation médian. Au niveau national, près de 90% des collèges de REP+ et 55 % des collèges REP sont situés en quartiers prioritaires politique de la ville.

Mais dans plusieurs écoles, les enseignants considèrent que les critères correspondent à ceux de l’éducation prioritaire bien que l’école n’en fasse pas partie. Dès 2015, la carte fut du reste l’objet de controverses car si 3 collèges, et les écoles qui en dépendent, avaient rejoint le périmètre de l’éducation prioritaire, 7 autres en étaient sortis, qui ont à l’époque manifesté leur colère. En outre, certaines écoles dont les critères correspondaient ne font pas partie des REP car leur collège n’en fait pas partie et que la carte est basée sur des collèges têtes de réseau. Dans ce contexte, il fut proposé par l’Académie d’apporter un “regard particulier” aux écoles qui ne font pas partie des REP mais présentent des critères sociaux fragiles. A Villejuif par exemple, les écoles Paul Vaillant-Couturier ne sont pas en REP car elles dépendent du collège Jean Lurçat où vont également les élèves de Robespierre, située dans un quartier pavillonnaire. Lors d’une enquête sur la grande pauvreté, l’école avait pourtant été proposée par l’Inspection académique il y a quelques années. “Nous avons toujours apporté un regard particulier à cette école et les effectifs par classe se situent en deçà des repères maximum d’une école banale”, rappelle la Dasen. “Oui mais cela est le cas de la majorité des écoles banales, de ne pas être exactement au maximum des seuils. Il y a tout de même cette année 28 élèves par classe en maternelle et 25 en élémentaire, alors qu’il y a moins de 20 élèves en maternelle et moins de 25 en élémentaire à Simone Veil, à Vincennes. Et des écoles sont des situation similaires ailleurs, par exemple à Créteil ou à Villiers-sur-Marne”, remarque Luc Bénizeau.

Alors que la population bouge, que certains quartiers sont rénovés tandis que d’autres se paupérisent, la carte des quartiers les plus fragiles évolue aussi. La carte REP est-elle décalée par rapport à la réalité aujourd’hui ? “Je ne peux pas répondre à cette question aujourd’hui”, renvoie la Dasen, indiquant qu’une étude est en cours.

La révision de la carte d’éducation prioritaire reportée à 2020

Initialement, la carte de l’éducation prioritaire devait en effet être révisée en 2019, mais pour revoir le dispositif plus complètement, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a confié une mission à Ariane Azéma, inspectrice générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, et Pierre Mathiot, professeur des universités. Missionnés cet automne, ils doivent rendre leur rapport en juin pour une refonte du programme d’éducation prioritaire à la rentrée 2020. Une révision de fond décidée dans le contexte d’un rapport de la Cour des comptes assez sévère sur les résultats du dispositif actuel. “Au terme de son évaluation, la Cour constate que l’éducation prioritaire, telle qu’elle a été mise en œuvre jusqu’à présent, n’a pas atteint son objectif, qui est de limiter à 10 % les écarts de niveaux entre élèves en éducation prioritaire et hors celle-ci. Ces écarts demeurent, selon les disciplines, entre 20 et 35 %. Pour que cette politique tienne ses objectifs, les moyens qui y sont consacrés devraient être davantage orientés vers les premières années de l’enseignement primaire et plus ciblés en faveur des REP+”, pointe la Cour des comptes dans ses conclusions. Voir le rapport.

En attendant, 20 premières cités éducatives en Ile-de-France dès la rentrée 2019

En attendant la refonte de l’éducation prioritaire pour la rentrée 2020, les quartiers prioritaires devraient accueillir quelques premières cités éducatives pilotes dès la rentrée 2019. En France, une soixantaine sont prévues. En Ile-de-France, l’Etat a nommé une coordinatrice régionale, Nadette Fauvin, pour développer les cités éducatives sous l’autorité du préfet de Paris et du recteur de l’Académie de Paris. Ces cités éducatives visent à coordonner l’ensemble des acteurs de terrain oeuvrant dans les quartiers prioritaires autour de la réussite scolaire, dans l’école et hors de l’école, rappelle l’Education nationale. Ce projet concernera d’abord une vingtaine de quartiers prioritaires franciliens, dont la liste sera communiquée en mars. Pour l’heure, le projet de groupement des acteurs et des écoles à Créteil n’est pas une cité éducative mais un “carrefour éducatif”, a en revanche précisé Guylène Mouquet-Burtin.

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