Animaux | | 05/12/2019
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Les poissons migrateurs pourront bientôt franchir le barrage de Créteil

Les poissons migrateurs pourront bientôt franchir le barrage de Créteil © Fb

Concilier la navigation des bateaux et le passage des poissons, tel est l’enjeu qui se pose au niveau du barrage de Créteil. Conçu à une époque où cette préoccupation écologique n’était pas un sujet, l’ouvrage constitue un obstacle infranchissable aux anguilles, brochets et autres bouvières.

Mais depuis 2009 et la transposition dans le droit français d’une directive européenne sur la «libre circulation des êtres vivants», la prise en compte de cette faune s’est progressivement imposée. La loi Grenelle 1 impose aux nouvelles constructions de ne pas bloquer les cheminements et oblige les ouvrages anciens à se mettre aux normes. C’est dans ce contexte que les Voies navigables de France (VNF) planchent sur des solutions pour libérer la circulation des poissons dans la boucle de la Marne au niveau du barrage de Créteil érigé au début des années 1970.

«Les poissons migrateurs remontent les cours d’eau notamment pour se reproduire ou pondre des œufs. Ils peuvent se déplacer sur de très longues distances tant qu’ils ne rencontrent pas d’obstacles. Avec une écluse ou barrage, les poissons peuvent se laisser glisser mais il leur est ensuite impossible de revenir en arrière. C’est la raison pour laquelle, nous construisons des passes à poisson. Ce sont des ouvrages hydrauliques qui contournent l’obstacle et qui permettent aux poissons attirés par un débit d’attrait de remonter à leur rythme. Nous rétablissons ainsi une continuité écologique et piscicole», explique Brendan Grandjean, chargé d’opération pour VNF, gestionnaire d’une grande partie du domaine public fluvial français.

Pour le barrage de Créteil, le maître d’ouvrage, qui a obtenu des financements de l’Agence de l’eau Seine Normandie et du du fond européen Feder, a entamé une phase d’études préliminaires. «Trois scénarios sont étudiés. Nous pourrions créer un passage rive gauche à Créteil, ou rive droite à Saint-Maur-des-Fossés, à proximité immédiate du barrage. Mais dans les deux cas, cela pourrait empiéter sur des emprises foncières qui ne nous appartiennent pas et nous faire faire de coûteux travaux de génie civil. La solution qui semble la plus simple consiste à utiliser le bras du chapitre», détaille le spécialiste.

Des tests de débit dans le Bras du Chapitre

Ce mercredi 4 décembre, deux bureaux d’études sont venus réaliser des tests de débit sur le Bras du Chapitre, un bras de la Marne entourant les îles de Brise-Pain et Sainte-Catherine à Créteil. Le débit du cours d’eau a été jaugé à plusieurs endroits à l’aide d’un courantomètre à effet Doppler. «Sur mon ordinateur, j’ai le fond du cours d’eau qui se dessine et des petites cellules qui représentent le débit sur toute la section étudiée. J’effectue plusieurs tests avec le clapet du barrage complètement levé, puis de plus en plus baissé pour obtenir une moyenne et déterminer si le débit est suffisant à l’année pour permettre de mettre en place le passe-poisson», explique l’ingénieur de la Compagnie nationale du Rhône, l’un des prestataires des VNF sur cette opération.

Traceur fluorescent repéré par un drone

Un ingénieur d’un autre bureau d’étude, AH2D, visualise de son côté les écoulements au niveau de l’exutoire du Bras du Chapitre avec la Marne, grâce à un traceur fluorescent (fluorescéine, uranine,…) versé dans la Marne depuis une embarcation et suivi à l’aide d’un drone pour étudier les courants.

L’efficacité du passe-poissons dépend du courant d’attrait qui va indiquer aux animaux la présence d’une issue. Lorsque le barrage du Bras du Chapitre est complètement ouvert, les études ont montré que le cours principal de la Marne baissait de 6 à 7 centimètres maximum, ce qui ne pose pas a priori de problème pour la navigation.

Écoulement du traceur depuis le barrage (Crédit : Dépollution Conseil)
Écoulement du traceur dans la Marne (Crédit : Dépollution Conseil)

Même si le scénario de la passe à poisson dans ce bras semble la plus séduisante, il ne s’agit que de la phase d’étude préliminaire. «Après examen de tous les paramètres, démarrera la phase projet qui se concrétisera par des travaux de génie civil. Mais au final, c’est l’étape du chantier qui prendra le moins de temps», indique Delphine Ballois, chargée d’opération chez VNF.

Les poissons devront donc encore patienter un peu.

Actuellement, le barrage du Bras du Chapitre dispose d’un passage pour les canoë
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