Après plus de deux mois d’occupation du site Chronopost d’Alfortville, les grévistes sans-papiers ont manifesté ce jeudi après-midi pour la première fois devant le siège parisien du géant de l’intérim, la société Derichebourg.
Calfeutrés dans leur bâtiment en briques rouges sur l’avenue Bizot dans le 12e arrondissement de Paris, des employés ou peut être des candidats à l’intérim jettent un œil curieux par les fenêtres. Dehors, une quarantaine d’hommes envoient leurs revendications mégaphones à la main, rythmant leurs slogans au son des tambours. «Hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain, régularisés», scandent-ils. Accompagnés de militants syndicaux et de soutiens, ils demandent à être reçu par l’enseigne d’intérim qui a de son côté envoyé des gardiens barrer l’entrée. Sous-traitants de Chronopost, ils ont décidé cette fois de s’en prendre aux intermédiaires de l’intérim.
«Ils font partie de ceux qui nous embauchent. Jusqu’à maintenant nous avons manifesté devant les sièges de La Poste et de Chronopost mais nous n’avons pas oublié Derichebourg», explique l’un des manifestants. «Ces jeunes ne sont pas des violents ni des voyous, ils ont quitté leurs terres, leur famille pour pour venir travailler. Ils ne demandent que ce à quoi ils ont droit», les défend une militante de leur cause.
«Cette société a réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros en 2018 et se vante dans son rapport économique de la solidité de son modèle économique. Il repose sur la sueur et la misère des travailleurs sans papiers. La Poste et Chronopost sont impliqués mais comme ils ont sous-traité à des agences d’intérim, c’est à elles de donner les documents pour constituer les dossiers de régularisation. Ils sont lâches puisqu’ils préfèrent fuir leurs responsabilités en refusant de nous rencontrer», dénonce Jean-Louis Berlatier, secrétaire départemental Sud PTT.
«C’est paradoxal qu’au même moment se tienne le sommet du G7 qu’ils ont eu le cynisme de consacrer à la lutte contre les inégalités alors que s’illustre ici, en France, une restriction au droit du travail dont découlent des inégalités en terme de revenus, d’accès au logement et ainsi de suite. D’où l’intérêt de poursuivre cette mobilisation qui dure depuis plus de deux mois», motive Thierry Lescant de Solidaires 94.
Avant de se disperser, Christian Schweyer, porte-parole du Comité des travailleurs sans-papiers de Vitry, invite les participants à se joindre samedi à la manifestation annuelle de commémoration de l’évacuation de l’église Saint-Bernard. Le 23 août 1996, quelque 300 personnes en situation irrégulière avaient été évacuées de cette église par les forces de l’ordre.
Chronopost est parfaitement au courant du travail non-déclaré et de la situation irrégulière de ses très nombreux chauffeurs sous-traitant
Quand un de ces derniers a ” égaré ” un colis, surtout quand c’est de la téléphonie ou des Tickets Resto, il doit faire une déclaration de perte
Il est alors reçu par un des Responsables de la Plateforme et on lui demande ses ” papiers ” …
Exemple : passeport sénégalais, permis de conduire italien, carte de séjour espagnole ou vice versa, ou vague photocopie de déclaration de perte de papiers ou de récépissé de demande de …
Tout le monde ferme les yeux et parfois on rédige même à la place du chauffeur analphabète le déroulement des faits
Après on s’étonne qu’ils se trompent de boite aux lettres …
Si le cas de disparition est jugé ” douteux ” par Chronopost, ce chauffeur est interdit de dépôt
C’est pas grave
Grace à de ” nouveaux papiers “, car il existe un fichier régional interne des ” interdits de dépôt “, géré par la ” Sécurité “, en réalité un simple Excel, il retravaillera dans une autre plateforme francilienne à 15 / 20 km
S’il est ” reconnu “, c’est à dire dénoncé ou retrouvé par hasard, alors là il doit changer de région ou travailler pour TNT, GLS, …
( UPS et DHL sont plus ” respectueux “, c’est l’élite du chauffeur livreur, le haut de gamme de la livraison, normal car plus cher … )
La charge de travail des sous-traitants est irréaliste, aucune de leurs tournées serait acceptée par un Chauffeur CDI
Elles sont infaisables en 7h00 / 8h00 de travail en respectant la ” promesse client ”
Soit on la fait en 9h00 / 10h00, soit on met les colis en instance à la Poste et Point-Relais ou on les jette sur les balcons et dans les jardins …
La majorité des sous-traitants ont pour couverture un contrat à mi-temps ou une embauche ” oui j’ai commencé aujourd’hui, mon patron est en train de faire les papiers “, ou, ça devient tendance, ils sont auto-entrepreneurs avec un camion loué à ” leurs patrons ??? ”
C’est pourquoi Chronopost n’engage plus aucun Chauffeur en propre, c’est trop cher et syndiqué
Pour Chronopost la sous-traitance est ” une solution de souplesse dans un monde en pleine évolution”, un ” amortisseur transitoire à l’activité économique “, …
C’est de l’exploitation pur et simple, Chronopost se fichant éperdument de la situation de ses chauffeurs sous-traitants
Chronopost étant une filiale de la Poste dont les actionnaires principaux sont l’État et la Caisse des Dépot et Consignations aucun contrôle le matin au moment du départ de la part de l’URSAFF, de l’Inspection du Travail, de la Police, …
Ceci pour vérifier permis de conduire, assurance, état générale du véhicule ( freins, pneus, surcharge, … ), déclaration URSAFF, contrat de travail, carte de séjour, …
Aucun contrôle systématique non plus à la signature du contrat ou vérification bi-annuelle par exemple des déclarations URSAFF, pièces d’identité, assurance, … pour les sociétés de sous-traitants
Lesquelles sont généralement assez généreuses envers les divers Responsables de Plateforme, petits et grands, en terme d’hébergement estival au Maroc ou en Tunisie
Alors que dans le ” privé “, c’est plus ” cadré ”
Il ne faut jamais oublier que le donneur d’ordre étant responsable de la situation des salariés de ses sous-traitants il peut se retrouver en prison
En effet, on parle souvent des immigrés clandestins, mais jamais des patrons voyous ! L’un ne va pas sans l’autre, et c’est pourquoi la recherche des clandestins n’est pas une priorité.
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