Le projet de revente de l’OPH (office public de l’habitat) de Villejuif qui compte un peu plus de 3000 logements répartis sur 18 résidences, à CDC Habitat, sera présenté lors de son Conseil d’administration ce jeudi 14 mars à 18 heures. Les opposants à cette revente, qui s’inscrit dans le cadre de la loi Elan, invitent à manifester. Explications.
Fin 2017, les OPH communaux avaient dû passer sous la gouvernance des territoires, dans le cadre de la loi Notre qui avait donné la compétence logements aux EPT (Etablissements publics territoriaux). A cette époque, les villes s’étaient mises en conformité de différentes manières. Certaines avaient anticipé la loi en revendant leur OPH à un opérateur plus grand. Un certain nombre de communes du département avaient par exemple revendu leur parc au bailleur social départemental Valophis Habitat. Certaines avaient créé des sociétés ad hoc externes pour gérer ce patrimoine en gardant un oeil, c’était le cas par exemple à Maisons-Alfort. D’autres encore avaient simplement transféré leur OPH au territoire, ayant l’assurance que celui-ci continuerait de laisser s’opérer des gestions autonomes pendant plusieurs années. Ce fut le cas par exemple à Villejuif.
Lire à ce sujet : Grandes manœuvres des offices HLM pour se prémunir du Grand Paris
Et : Débat tendu sur le transfert de l’OPH de Villejuif
Depuis, une autre loi a créé de nouvelles obligations : la loi Elan. Celle-ci stipule notamment que les organismes HLM et les Sem gérant moins de 12 000 logements devront rejoindre un groupe d’ici le 1er janvier 2021. De quoi accélérer les fusions entre bailleurs sociaux. C’est dans ce contexte que le conseil d’administration de l’OPH de Villejuif doit présenter ce jeudi son intention de revendre le parc à CDC Habitat. L’office, qui ne compte qu’un peu plus de 3000 logements, n’ayant pas la taille critique pour rester autonome. Cette option, alternative à une fusion d’OPH du territoire ou une revente à l’OPH départemental, a fait réagir la CNL, organisation représentant les locataires, qui regrette des «tractations en catimini».
«Les locataires seront perdants dans cette opération de spéculation et de privatisation, dénonce la CNL qui condamne «ce déni de démocratie afin de mettre un outil public entre les mains du privé, faisant de la spéculation sociale et menaçant par ailleurs l’emploi de dizaines d’employés.» Le syndicat de locataires rappelle au passage la pilule mal avalée de l’augmentation des loyers pour assurer la sécurité. Voir article à ce sujet.
Dans l’entourage du Conseil d’administration de l’OPH, on défend ce projet en rappelant que CDC Habitat n’est pas un groupe privé mais un groupe public, et en indiquant que cette opération vise justement à pérenniser l’ancrage public du parc HLM de la ville.
Filiale de la Caisse des dépôts et consignations, entreprise publique, CDC Habitat, anciennement dénommé SNI jusqu’en janvier 2018, est le premier bailleur français en termes de taille, avec près de 500 000 logements, majoritairement sociaux. Le groupe, présent sur tout le territoire national, vient de se réorganiser en janvier en fusionnant toutes ses ESH (Entreprises sociales de l’habitat) en une seule entité dotée de 6 directions interrégionales.
La CNL appelle à manifester devant le siège de l”OPH de Villejuif, place Maurice Thorez, ce jeudi 14 mars à partir de 18 heures, pour protester contre le projet et réclamer plus d’informations.
Dans le territoire Grand Orly Seine Bièvre, chaque ville gère Elan à la carte
Dans le territoire Grand Orly Seine Bièvre, ce qui a fait consensus entre les élus est de ne pas se regrouper pour constituer un OPH territorial, indique-t-on au cabinet de la présidence du territoire. En dehors de plusieurs commues de l’ex interco du Val-de-Bièvre qui vont rapprocher leurs OPH, les autres villes réfléchissent chacune à des solutions différentes, de la constitution d’une coopérative à Ivry-sur-Seine au rapprochement de l’OPH avec la Sem à Vitry-sur-Seine en passant par le rapprochement avec un autre bailleur à Thiais.
Si Cdc HABITAT et un bailleur privée.
CDC Habitat n’est pas, contrairement à ce que raconte “l’entourage du Conseil d’administration” (sic) un groupe public ! C’est un groupe (et même le plus gros de la famille) qui fait partie des ESH (des sociétés anonymes SEM et sociétés privées ou semi-privées du logement social) contrairement aux OSH qui regroupe les OPH (avec un P pour Public !) municipaux ou de surface plus large, comme Valophis Habitat le principal bailleur social du Val de Marne, qui lui est vraiment un établissement public ! Et ce n’est pas parce que les ESH sont “investies d’une mission d’intérêt général” qu’elles sont “sociales”… Le profit – leur profit – passe très souvent avant la mission “sociale” qu’elles devraient assurer…
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