Traiteur haut de gamme pour les réceptions, Thibault Mayeur adore en mettre plein la vue mais ne se sent pas en phase avec l’aspect éphémère de ce métier à la croisée de l’événementiel et de la restauration, générateur de beaucoup de déchets. Pour allier sa passion à ses valeurs, il a lancé sa société de traiteur éthique, Lucus Augusti, basée à Saint-Maur-des-Fossés.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne, pour donner à voir la géographie entrepreneuriale du département. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique.
Grande réception dans un château, buffets lors d’un défilé de mode, anniversaires d’entreprises… Pendant cinq ans, Thibault Mayeur a appris le métier chez un grand traiteur parisien. «C’est une pratique du quotidien où l’on apprend à être rigoureux et à l’écoute des demandes de clients exigeants, qu’ils soient des particuliers ou des professionnels et quels que soient les types d’événements. J’ai d’abord travaillé comme maître d’hôtel, au service, avant de me voir confier des fonctions d’encadrement jusqu’à ce que l’on me permettre de gérer moi-même certains événements», témoigne l’entrepreneur, encore dans la vingtaine. Passionné par ce métier de service où tout est mis en scène pour faire rêver, il supporte mal de voir tout le travail de ses équipes partir à la benne à ordure, une fois l’événement terminé. «Je ne jette la pierre à personne mais je constate que ce secteur de l’événementiel où tout est éphémère engendre un énorme gâchis. Il est fréquent par exemple que la commande de nourriture soit surévaluée par rapport au nombre de participants et il faut alors la mettre à la poubelle. En général, à la fin des événements, tout est mis au rebut, sans faire de tri.» Thibault Mayeur décide de créer sa propre structure de «traiteur éthique», Lucus Augusti, du nom antique de Luc-en-Diois, le village drômois d’où sa famille est originaire.
Quatre mois après la création de son entreprise installée à Saint-Maur-des-Fossés, l’entrepreneur, auto-financé, cherche désormais un chef de projet pour le seconder. Pour assurer ses premières missions, le chef d’entreprise a pu compter sur son réseau de cuisiniers et de serveurs embauchés pour des missions, et du laboratoire de création gastronomique de son camarade de promo, lui évitant ainsi de réaliser un gros investissement d’entrée de jeu. Avant d’en arriver là, il a consacré huit mois à préparer sa création d’entreprise et à remplir sa carte.
Un écosystème pour proposer de l’événementiel vert
«Je voulais me différencier des autres traiteurs auprès du public en montrant que ma démarche écoresponsable reposait sur des convictions et non sur de l’opportunisme. J’ai pris contact avec des producteurs en privilégiant l’agriculture française, le biologique, les circuits courts. Aujourd’hui, 100% de ma carte des boissons (vins, bières, jus de fruit) est bio. Pour les nappes, je passe par une société qui a relocalisé le tissage en France. Les assiettes sont en porcelaine ou en bois. J’ai également lié contact avec des prestataires (décorateurs, fleuristes, propreté, photographes) qui partagent les mêmes valeurs pour proposer aux clients de l’événementiel vert», explique-t-il. Référencer les produits sur sa carte, rechercher des partenaires ou ajouter des lieux d’événements représentent un travail de prospection chronophage pour qui doit gérer également les aspects juridiques et administratifs de la création de son entreprise. Le jeune entrepreneur a donc décidé de ne pas rester seul. «Je me suis rapproché de la Chambre de commerce d’industrie du Val-de-Marne. J’ai commencé dans leur espace de coworking à Créteil. Cela m’a permis de travailler ailleurs que chez moi, dans une ambiance de travail, et de participer aux business coffee qui sont des ateliers thématiques autour de l’entrepreneuriat. Puis j’ai bénéficié d’un conseil en création qui a pu répondre à toutes mes interrogations et j’ai souscrit à l’offre SecuritActe qui permet à moindre coût de faire toutes les démarches déclaratives et enregistrements nécessaires à l’exercice de mon activité. J’ai également suivi une formation obligatoire pour la vente d’alcool et désormais, je souhaite me former pour candidater à des appels d’offre», témoigne Thibault Mayeur.
En créant son entreprise, Thibault Mayeur a concrétisé un projet qui lui tient à coeur depuis longtemps. Adolescent, au collège, il souhaite d’abord devenir cuisinier, mais un stage d’une semaine chez Henné, un charcutier-traiteur d’Alfortville, où vivent ses grands-parents, lui donne goût à cet univers. Il s’oriente ensuite vers le lycée hôtelier Saint-Pierre à Brunoy dans l’Essonne, et, son bac technologique hôtellerie et restauration en poche, il enchaîne avec le BTS. «J’étais parti pour faire un stage dans un restaurant d’entreprise. La directrice adjointe est partie en congé maladie et le directeur m’a proposé de la remplacer pendant trois mois. J’avais la responsabilité de 35 personnes et cela s’est bien passé. J’ai obtenu par la suite le premier prix au concours du meilleur stagiaire BTS de l’Essonne.» Après cette première expérience du management, il termine son diplôme et achève son cursus par une licence commerciale en traiteur événementiel. «J’ai commencé à travailler comme commercial mais je me suis rapidement rendu compte que cela ne me convenait pas parce que je passais trop de temps au bureau et pas assez avec les clients. Alors je suis repassé en salle, au service, comme maître d’hôtel. J’ai toujours eu envie de travailler pour un traiteur de luxe à Paris, j’ai candidaté à de multiples reprises, et j’ai eu la chance d’être recruté moins d’un an après avoir terminé mes études.»
Site internet : https://lucusaugusti.fr/
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