Exit le projet de résidence sociale de 28 logements qui devaient être construits avenue de Grosbois, à Marolles-en-Brie. La ville a en revanche signé ce mercredi un contrat de mixité sociale avec le préfet.
Bourg de 300 âmes jusqu’au début des années 1960, Marolles-en-Brie compte aujourd’hui 5000 habitants dans un cadre de vie exceptionnel entouré de bois. Essentiellement pavillonnaire, la ville compte en revanche peu de logements sociaux, 12% contre 25% attendus dans le cadre de la loi de solidarité et renouvellement urbain. N’ayant pu atteindre ses objectifs de rattrapage au cours des dernières années, la ville a été frappée d’un constat de carence par la préfecture, autorisant celle-ci à préempter des terrains pour y développer du logement social ainsi qu’à pendre la main sur l’attribution des logements. «Avant nous avions notre mot à dire et pouvions attribuer des logements en priorité à des habitants de Marolles-en-Brie. Désormais, cela n’est plus le cas. Il y a d’autres populations précarisées qui s’installent. La population nous le fait remarquer», souligne Jean-Michel Carigi, le premier adjoint.
Concernant le droit de préemption, le préfet l’a exercé deux fois cette année, le confiant au printemps à Valophis habitat pour développer 14 logements dont 5 très sociaux rue du Pressoir, et cet automne à l’Immobilière 3F pour développer une pension de famille de 28 logements très sociaux au 6 avenue de Grosbois (arrêté n° 2019/3080 pris le 4 octobre 2019). A quelques mois des municipales, dans une ville où chaque construction de collectif a déjà du mal à passer, cette perspective a mis en colère la municipalité. «Il y a quelques années, lorsque le propriétaire souhaitait construire un garage de trois mètres de hauteur, il n’avait pas obtenu l’autorisation de l’architecte des bâtiments de France. Et cette fois-ci, il a donné son feu vert pour un bâtiment de plus de 20 mètres !», s’agace le premier adjoint. Finalement, le bailleur social a renoncé au projet, sans doute conscient que le timing n’était pas opportun au vu du calendrier électoral et qu’il était préférable de maintenir une bonne relation avec la ville pour coopérer par la suite. «Immobilière 3 F ne souhaite plus développer son projet sur notre commune parce que le foncier y est trop cher», explique sobrement la maire de Marolles-en-Brie, Sylvie Gérinte.
Accueillant le préfet du Val-de-Marne ce mercredi pour signer un contrat de mixité sociale avec des objectifs pour résorber la carence de la ville en logement social, l’élue a indiqué qu’elle n’était pas hostile à ce type d’habitat mais devrait affronter la forte réticence de ses administrés. «Les habitants sont prudents, et le mot est faible, en ce qui concerne la construction de logements, et de logements sociaux en particulier. Nous sommes vigilants pour que ce soit accepté par la population. La commune souhaite produire des logements mais ne peut pas le faire. Elle est bloquée depuis une dizaine d’année par des recours systématiques de l’association Préservons Marolles et de quelques individuels. C’est à cause de ces obstacles que nous sommes arrivés aujourd’hui à l’état de carence», développe l’édile, faisant état du projet Coeur de village qui prévoit 131 logements dont 41 sociaux et doit permettre d’accueillir quelque 450 habitants supplémentaires sur trois îlots. Le projet, lancé en 2013, a fait l’objet de plusieurs recours.
Pourtant, la ville a besoin d’accueillir de nouveaux habitants pour garder ses écoles. «Nous avons une grosse cohorte d’enfants qui vont passer en CP et il n’y a pas de nouvelle génération derrière. L’éducation nationale risque de nous fermer des classes de maternelle», redoute l’adjointe à l’éducation. F
«Je reconnais que nous avons exercé nos droits de recours mais ils se justifient par des erreurs sur les ventes et les permis de construire. Cela dit, ce ne sont pas des recours suspensifs ! Rien n’empêchait les promoteurs de construire. La municipalité profite de la situation pour retarder les travaux», réagit Patrice Amiot, président de l’association Préservons Marolles.
«Le logement social est une nécessité absolue dans notre pays. Je suis sensible à la question de l’acceptabilité par les territoires mais aujourd’hui, le logement social, ça n’est pas une tour de 20 étages peuplée de personnes d’origine étrangère. C’est aussi la première étape d’un parcours résidentiel. De même, le logement social n’est pas que des bâtiments d’habitation, cela peut être également des Ehpad (Etablissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes), des pensions de famille ou des résidences étudiantes. Les recours d’associations sont symptomatiques d’une société qui devient de plus en plus procédurière. C’est le cas partout, il faut vivre avec, c’est ainsi. Les projets prennent du retard mais ce que vous n’arrivez pas a faire aujourd’hui va sortir un jour ou l’autre», a enjoint le préfet.
Pour faire passer le message aux habitants, une réunion publique d’explication sur les obligations légales de construction de logement social était organisée ce mercredi soir avec la directrice de la DRIHL du Val-de-Marne, Catherine Larrieu.
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