Au terme d’une restauration d’ampleur et d’un réaménagement fidèle à l’époque de sa création, la bibliothèque Smith-Lesouëf de Nogent-sur-Marne s’apprête à ouvrir au public à partir du 15 mai 2019.
Construite en pleine guerre 1914-1918 par les deux sœurs Smith, Jeanne et Madeleine (épouse de l’historien Pierre Champion, un temps maire de la ville) qui disposaient aux actuels numéros 14 et 16 de la rue Charles VII, d’une maison de villégiature dominant le coteau jusqu’à la Marne, la bibliothèque était alors destinée à abriter les collections de leur oncle Auguste Lesouëf.
Arrière-petites-filles d’un citoyen anglais installé en France avant la révolution, les deux sœurs Smith, l’une peintre, l’autre photographe, avaient hérité de ce domaine dont la partie sud a été léguée à la ville pour construire le stade, et la partie villa a été léguée à l’Etat pour y installer une maison de retraite pour artistes et un musée, la Maison d’art Bernard Anthonioz (Maba), toutes deux gérées par la Fondation des artistes. La bibliothèque avait été léguée à la BNF (Bibliothèque nationale de France) en même temps que son fonds mais ses murs sont revenus en 2004 à la Fondation des artistes par souci de cohérence.
Pensée par les architectes Théodore Dauphin et Paul Marion sur deux niveaux de rayonnages inondés d’une lumière zénithale grâce à un toit verrière, et posée sur un sol en carreaux de verre pour éclairer les réserves en sous-sol, la bibliothèque fut construite dans un style néo Louis XIII agrémenté d’emprunts à diverses époques, comme les grilles en forme de M qui entourent la mezzanine, empruntées à l’ancien couvent parisien des Filles de l’Assomption. La pièce était alors destinée à accueillir les collections de l’oncle des sœurs Smith, Alexandre-Auguste Lesouëf (1829-1906), passionné d’histoire et d’orient et collectionneur d’incunables du moyen-âge à la renaissance, de livres d’orient, d’estampes japonaises, de santons napolitains, de maquettes de bateaux et encore de gravures et documents sur Paris, Nogent et les environs. Quelque 18 000 ouvrages transférés à la BNF dans le cadre du legs. Sont restés des livres du 19e et 20e siècle qui appartenaient aux sœurs Smith ou aux pensionnaires artistes qui résidèrent dans la villa du 16, transformée en maison de retraite après 1945, certains étant tout de même annotés de Colette ou Paul Eluard.
Cent ans après sa création, la bibliothèque a fait l’objet d’une rénovation complète à partir de 2015. Un investissement de 600 000 euros financé par le ministère de la Culture et la Fondation du Patrimoine qui lança à l’époque une souscription auprès du public, l’occasion d’une mise aux normes permettant enfin son ouverture au public.
« On va reconstituer le décor d’origine de la salle de lecture et du vestibule. La BNF (Bibliothèque nationale de France) a accepté de mettre à disposition les objets d’art et les peintures de l’époque», précise Laurence Maynier, directrice de la Fondation des Artistes. Les soeurs Smith y seront également à l’honneur.
L’exposition inaugurale de la bibliothèque Smith-Lesouëf renouvelée sera consacrée à Marie Vassilieff, présentée du 16 mai au 21 juillet 2019. Elle fut la première femme artiste à s’installer à la fin de sa vie, de 1953 à 1957, dans la Maison nationale des artistes. En collaboration avec la Villa Vassilieff, « Une Journée avec Marie Vassilieff » se déploiera dans l’ensemble des espaces occupés par cette artiste moderne qui avait installé son atelier à Montparnasse au début des années 1910, dans une démarche et une manière de vivre résolument contemporaines.
La programmation événementielle de la bibliothèque se poursuivra dès l’automne 2019 avec des séries d’expositions, de performances, de conférences, de lectures et concerts.
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