Loisirs | | 08/07/2019
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Piscine de Nogent-sur-Marne: travaux retardés et tensions avec le délégataire

Piscine de Nogent-sur-Marne: travaux retardés et tensions avec le délégataire © CD

Annoncés fin 2017 avant d’être reportés d’un an, les travaux de mise en accessibilité et de rénovation de la piscine municipale de Nogent-sur-Marne vont être retardés d’une année supplémentaire, a annoncé le maire, Jacques J-P Martin, au dernier Conseil municipal. Aucun accord n’a en effet été trouvé avec le nouveau délégataire de service, Espaceo, créée par le groupe de BTP Spie Batignolles mais en cours de revente à un fonds d’investissement luxembourgeois.

Au programme des travaux prévus : la mise en accessibilité pour les personnes handicapées d’abord, la mise aux normes des installations (peinture, carrelage intérieur et plages extérieures, étanchéité, vestiaires…) mais aussi ainsi que le transfert de la salle de sport pour créer une communication directe avec la piscine.

Découverte d’amiante

Ces travaux initialement prévus pour un montant d’un peu plus de 5 millions d’euros, à l’occasion du renouvellement de la délégation de service public (DSP) du centre nautique, il y a deux ans. Dans le cadre de la DSP, le groupe de BTP devait prendre en charge tous les travaux en plus de l’exploitation, en contrepartie d’une rémunération de la ville de 1,5 million d’euros par an, contre 690 000 euros par an avec le précédent délégataire Vert Marine. Entre temps, de l’amiante a été découverte dans le ragréage de certains murs et plafonds concernés par les travaux, «sans conséquence sur la qualité de l’air contrôlée régulièrement depuis près de deux ans», insiste le maire.

Premier report d’un an pour étudier le désamiantage

Une découverte qui a nécessité des études techniques et financières spécifiques au désamiantage, d’où le report initial d’un an. Une fois l’année scolaire entamée, il n’est en effet pas possible de fermer en cours d’année car les créneaux horaires sont distribués pour la saison aux groupes et clubs.

Pas de consensus sur l’estimation des travaux et des pertes d’exploitation

Pour le budget de la ville, l’enjeu est de bien proportionner les travaux au problème car il faudra à la fois payer les travaux et compenser la perte d’exploitation pour le délégataire. «Les négociations avec le délégataire sont longues et difficiles, la ville cherchant par une approche rigoureuse à optimiser le temps et le coût des interventions confiées à la société exploitante dans le cadre de la rénovation. L’estimation du coût du désamiantage, étudiée dans une approche contradictoire à deux bureaux d’études différents, serait d’environ 1,5 million  d’euros HT», indique l’élu. Les pertes d’exploitation sont pour leur part estimées à environ 4,6 millions d’euros HT. Une approche qui ne fait pas consensus.

La revente du délégataire d’un groupe de BTP à un fonds d’investissement fait grincer

Autre sujet de discorde, la revente d’Espaceo par sa maison mère. Créée au début des années 2000, d’abord sous le nom d’Aquaval, cette filiale est en charge des concessions et exploitations des centres nautiques et aquatiques, avec plusieurs sociétés soeurs toutes filiales de Spie Batignolle. L’enjeu : se positionner sur le marché des renouvellements d’infrastructures de piscines qui devenait vieillissant. (Voir article de Batiactu). D’importants chantiers ont ainsi été lancés dont, dernier en date dans la région, celui du centre nautique d’Aulnay-sous-Bois (34 millions d’euros) en cours de construction pour une ouverture en 2020. Le groupe a également développé une offre de délégation de service public sur 25 ans, permettant de financer ces gros investissements. A Nogent-sur-Marne, la DSP est ainsi passée de 5 ans (dernière DSP de Vert Marine de 2010 à 2015) à 25 ans. Mais entre toutes les activités, il faut arbitrer. Et le groupe de BTP a donc décidé de céder une bonne partie de cette activité de concession de centres aquatiques au fonds d’investissement luxembourgois Cube infrastructure. Une cession qui devrait intervenir en fin d’année selon les dires du président d’Espaceo et de Spie Batignolles concession, Benoit Thieblin, dans une interview à l’Est Républicain (voir l’article). Un changement qui ne devrait pas affecter l’équipe, rassurait le patron de l’entreprise. Pour le maire, ce «changement soudain de stratégie» pourrait au contraire, «dans les conditions annoncées récemment mettre en cause certaines garanties contractuelles et la sécurité du montage financier obtenues par la ville dans le contrat de DSP.» Et l’édile de rappeler que «ce contrat a été signé sur des bases précises à la suite d’une longue procédure de concession de service public», et de préciser que «l’une de ces bases précise l’engagement de la société Spie Batignolles à rester l’actionnaire majoritaire d’Espaceo pendant toute la durée du contrat.»

Sollicité sur le sujet, le délégataire a indiqué de pas souhaiter commenter.

Nouveau report d’un an

Dans ce bras de fer entre la ville et le groupe de BTP, de nouvelles propositions ont été adressées par Espaceo mais elles sont arrivées hors délais pour être inscrites à l’ordre du jour du Conseil Municipal du 4 juillet, indique le maire. Le délégataire a donc notifié la ville que les travaux ne pourraient pas débuter en septembre 2019. Les activités de loisirs comme les créneaux réservés aux scolaires se maintiendront donc durant toute l’année 2019-2020. «Par cette décision je considère préserver les intérêts de notre collectivité et ceux des usagers, des clubs des associations et des scolaires qui, j’en suis conscient attendent depuis plusieurs années une amélioration de la qualité et de la diversité des services qui leur sont proposés et particulièrement l’accessibilité à tous les bassins», motive l’élu.

Licenciements et démissions dans l’équipe

En parallèle du rapport de force entre la ville et le délégataire, des tensions se sont aussi faites sentir depuis plus d’un an entre ce dernier et les personnels, donnant lieu à plusieurs démissions et licenciements. Parmi les sujets de conflit : le changement de convention collective, passé de la Convention collective nationale du sport à celle des espaces de loisirs, d’attractions et culturels, considérée comme moins avantageuse.

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