La montée en puissance des chantiers du Grand Paris Express génère un besoin de main d’oeuvre que les entreprises de travaux publics ont du mal à trouver. Un enjeu stratégique sur lequel Pôle Emploi s’investit en travaillant en partenariat avec les groupes pour proposer des sessions de recrutement à ses inscrits. Ce jeudi matin, c’est le groupe Eiffage qui était présent à l’agence Pôle Emploi de Sucy-en-Brie pour rencontrer des demandeurs d’emplois.
Un atelier type auquel le préfet du Val-de-Marne, Laurent Prévost, était venu assister.
“Nous entrons dans une période de vingt ans de travaux avec la construction du Grand Paris Express et il n’y a plus un salarié expérimenté de disponible sur la place du marché. Pour faire face à nos besoins, nous recrutons donc des débutants, d’abord en contrat d’apprentissage le temps que vous vous formiez pendant un an, puis en CDI avec des perspectives d’évolution de carrière. Un mineur qui avait débuté au salaire minimum touchait déjà 1700 euros net par mois après 15 mois de présence”, motive un responsable des ressources humaines d’Eiffage devant les candidats, projection en images à l’appui. Le groupement Eiffage- Razel-Bec en charge de la construction du tronçon de la ligne 15 sud entre les gares de Bry-Villiers-Champigny et de Créteil l’Echat (lot T2B) recherche de la main d’œuvre pour des fonctions de support au travail des tunneliers : homme-trafic pour gérer les flux des véhicules, mineurs pour réaliser des terrassements et des blindages, tireurs de câbles et encore conducteurs d’engins.
24 demandeurs d’emplois, exclusivement masculins, ont participé à cette demi-journée de présentation. Certains ont déjà une expérience professionnelle dans le bâtiment et se verraient bien travailler sur ces grands chantiers. “J’ai déjà réalisé des travaux dans des gares mais à chaque fois, ce sont des sous-traitants qui réalisent les finitions. Comment ça se passe chez vous ?”, demande l’un d’entre-eux. “Le tunnelier pose lui-même les voussoirs qui forment le revêtement du tunnel. Nous sommes une entreprise de travaux public, le bâtiment n’est pas notre cœur de métier, d’où le fait que l’on puisse solliciter parfois des coffreurs pour faire de la maçonnerie ou des enduits”, répond le responsable d’Eiffage.
Changer l’image négative que peuvent avoir ces métiers
“Est-ce que vous faites des heures supplémentaires ?”, interroge un autre participant. “Non, nous avons un planning serré alors nous nous organisons en poste de façon à ce que les salariés se relaient toute la journée et vous êtes payés en conséquence. Il faut savoir que ce-sont des métiers qui se sont énormément mécanisés ces dernières décennies. Ils sont moins pénibles. La machine vient véritablement en soutien pour vous éviter d’accomplir trop d’efforts physiques”, poursuit le responsable des ressources humaines.
Après cet échange, les demandeurs d’emploi réalisent des tests de calcul, d’expression écrite et de compréhension avant un entretien individuel avec le représentant d’Eiffage. En face à face, ils peuvent lui poser des questions qu’ils n’auraient pas oser poser, évoquer leur situation personnelle et faire la démonstration de leur motivation.
L’initiative ne trouve toutefois pas toujours preneur. “Il m’a proposé de faire homme-trafic et de démarrer au Smic mais j’ai une famille à entretenir. Ce n’est pas assez!”, confie un participant à la sortie de son entretien. “Malheureusement aujourd’hui, nous ne pouvons plus recruter de salariés expérimentés, il n’y en a plus de disponible en région parisienne sur les métiers que nous cherchons. C’est pour cela que nous ouvrons des postes à des débutants et qu’ils démarrent au salaire minimum. Si je le relance dans quelques jours, je ne suis même pas sûr qu’il me réponde. Il n’a pas osé me le dire en entretien mais il n’était pas satisfait de la rémunération. Si parmi la trentaine de participants présents aujourd’hui, nous parvenons à en intéresser trois, ce sera très bien”, reconnaît le responsable.
Enclencher une dynamique autour des métiers en tension
Face aux fortes demandes des entreprises du secteur du BTP, Pôle emploi multiplie les initiatives de ce genre pour faire connaître les métiers et les possibilités d’embauche. “Les professionnels du secteur du BTP nous sollicitent pour faire face une forte demande. Sur ces métiers en tension, nous ne disposons pas dans nos bases de données de candidats tout désignés. Il faut alors créer des ateliers de ce type, multiplier les rencontres entre les employeurs et des demandeurs d’emploi pour enclencher une dynamique, encourager les reconversions professionnelles. Nous prévoyons au mois d’avril d’organiser de nombreuses activités autour des travaux publics”, explique Jean-Philippe Delcourt, directeur territorial de Pôle emploi.
“Nous avons en Val-de-Marne un vivier de personnes souhaitant avoir une activité et ces grands chantiers représentent des opportunités de carrières pas très loin de chez eux. Il faut aller les chercher. Le Grand Paris Express, ce-ne sont pas que des nuisances. Près de 3000 embauches ont été constatées l’année dernière et 550 personnes sont à présent en dynamique d’insertion“, souligne le préfet.
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