L’association Respire a minutieusement croisé les millions de données Airparif 2017 de mesure de la pollution de l’air avec la liste des établissements scolaires et crèches de la région Ile-de-France pour dresser une carte de ceux dont l’air extérieur est pollué. Bilan en Ile-de-France et en Val-de-Marne.
Association pour la prévention et l’amélioration de la qualité de l’air, Respire a détaillé les données des bornes Airparif situées à côté de 12 520 établissements scolaires et crèches. De quoi faire le point sur trois polluants : le dioxyde d’azote (NO2), gaz toxique principalement produit par les moteurs diesel, et les particules fines et très fines (PM10 et PM 2,5) qui pénètrent facilement dans les bronches.
Pollution extérieure au dioxyde d’azote dans 52 établissements du Val-de-marne
Bilan : 670 établissement sont exposés à des niveaux de pollution dépassant les normes légales de dioxyde d’azote (NO2) en moyenne annuelle, essentiellement à Paris (548 d’entre eux) mais aussi dans la banlieue. Dans le Val-de-Marne, 16 villes accueillent des établissements concernés par une pollution extérieure au dioxyde d’azote au-dessus des limites réglementaires, à savoir 40 μg/M3 d’air, lesquelles sont les mêmes que celles de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) : Alfortville (1 établissement), Arcueil (2), Champigny-sur-Marne (2), Charenton-le-Pont (3), Choisy-le-Roi (1), Fontenay-sous-Bois (2), Gentilly (6), Ivry-sur-Seine (3), Joinville-le-Pont (2), Le kremlin-Bicêtre (7), Maisons- Alfort (2), Nogent-sur-Marne (1), Saint-Mandé (3), Villejuif (3), Vincennes (12) et Vitry-sur-Seine (2). Sur ces 52 établissements, 47 dépassent de moins de 10 μg/M3 le seuil réglementaire, 5 (tous situés au Kemlin-Bicêtre) dont quatre (école Charles Péguy, crèche des Petits cailloux…) s’approchent des 60 μg/M3, le long de la RD154. Il est à noter toutefois que les mesures de 2017 sont meilleures que les précédentes, qui pour certaines dépassaient les 60. En 2012 par exemple, la pollution au NO2 mesurée à proximité de l’école Charles Péguy était de 70 μg/M3 ! «Entre 2012 et 2017, la proportion d’établissements dépassant les seuils de pollution au NO2 a été divisée par deux à Paris, passant de 66 % à 26 %. En petite couronne, elle est passée de 8,4 % à 2,9 % et en grande couronne de 0,7 % à 0,1 %. Cette amélioration notable s’explique par les mesures prises par la mairie contre la pollution de l’air mais aussi par une évolution globale du parc automobile. Elle montre qu’une action vigoureuse peut avoir un effet mesurable», motive l’association Respire.
Pollution aux particules fines dans une centaine d’établissements du département
En ce qui concerne les particules, 1 seul établissement dépassait les seuils légaux de PM10 et aucun pour les PM2,5 selon les données 2017. Contrairement à la pollution au dioxyde d’azote, les normes réglementaires et les normes de l’OMS diffèrent en revanche pour les seuils de particules fines. «Si on considère les recommandations de l’OMS (10 μg/m3 au lieu de 25), 11 427 établissements dépassent les seuils PM2,5 soit 91 % de tous les établissements de la région et 6 257 établissements dépassent les seuils PM10 (20 μg/m3 au lieu de 40), soit 49 % de tous les établissements», indique l’association. Dans le Val-de-Marne, 100 établissements dépassent les 20 μg/M3 de PM10 et seulement 43 sont en-deçà. Aucun ne dépasse toutefois les 30 μg/M3. Concernant les particules encore plus fines, tous les établissements mesurés (une centaine seulement) sont situés à proximité de bornes Airparif qui ont mesuré un dépassement moyen de 10 μg/M3, de l’ordre de 14 à 19 μg/M3 en fonction des établissements.
Voir la carte avec les résultats détaillés par ville, par établissement et par type de polluant
A quand une analyse de la pollution de l’air intérieur ?
Pour aller plus loin, l’association rappelle qu’elle ne s’est intéressée qu’à la pollution de l’air extérieur et non intérieur, et elle invite à mettre en place une surveillance de la qualité de l’air à l’intérieur des établissements scolaires et des autres établissements recevant du public (ERP). Un début de diagnostic avait du reste commencé à être fait, uniquement dans les établissements situés sur d’anciens sites reconnus comme ayant accueilli des activités industrielles, mais a été abandonné en rase campagne. Sur les 107 établissements qui devaient être évalués dans le département, seuls 13 ont été diagnostiqués dont 9 ont révélé une pollution non dangereuse en raison des aménagements et usages actuels des bâtiments, les 94 autres restent toujours en attente. Voir notre article détaillé sur ce sujet en Val-de-Marne. Fin 2018, le sujet de la pollution de l’air à l’école s’était imposé avec la découverte d’une pollution aux solvants chlorés au collège Saint-Exupéry de Vincennes. Voir notre dossier sur ce sujet.
Des propositions et une pétition
L’association recommande ensuite le mise en place de la Zone à faible émission (ZFE) qui prévoit de limiter l’accès des véhicules les plus polluants à la proche agglomération parisienne à certaines heures. (Voir notre dernier point sur l’application de cette mesure dans le département). «Cette mesure permettrait de diminuer l’exposition des parisiens de -44 % pour les NOx, -25 % pour les PM10 et -36 % pour les PM2,5», insiste Respire qui réclame également la création d’une voire verte réservée au covoiturage, transports en commun et véhicules
électriques et hybrides sur les autoroutes urbaines régionales (périphérique, A1, A3, A6, A 86…). Localement, l’association propose de limiter la circulation près des écoles, notamment d’interdire le stationnement des voitures, qui gardent parfois leur moteur allumé, juste devant les établissements, de changer la position ou l’orientation des prises d’air des établissements si elles font face à des sources de pollution ou de mettre des systèmes de purification de l’air et encore de déplacer les établissements dans les opérations de renouvellement urbain pour les éloigner des axes routiers. Des propositions qui sont rappelées dans une pétition en ligne.
A lire aussi :
Ce travail de vulgarisation présente des limites évidentes.
A Joinville-le-Pont, sur les deux établissements signalés comme préoccupants, l’un n’existe pas.
Les chiffres présentés sont pour partie issus de modélisations, car les bornes Airparif sont peu nombreuses. Des campagnes de mesures spécifiques dans les cours d’écoles seraient bienvenues.
Néanmoins “Respire” donne des ordres de grandeur pertinents, et alerte à juste titre.
A Joinville-le-Pont, c’est notre école primaire du Parangon, riveraine d’un axe majeur, qui inquiète.
Les Ecologistes de Joinville ont pris position en faveur de la Zone à Faibles Emissions promue par la Métropole (notamment dans leur tribune de décembre du mensuel municipal).
Le Maire de Joinville a répondu en février dans un éditorial en s’affichant favorable au principe… tout en tergiversant sur sa mise en oeuvre.
Les parents d’élèves et enseignants du Parangon pourront l’interpeller utilement à ce sujet.
En effet , c’est largement de la modélisation d’où cette impression de “grands à-plats oranges”. Si on clique sur tous les établissements scolaires de Villjuif-centre dans la carte Respire, on trouve toujours les mêmes résultats ! Mais ce qui est intéressant c’est que la crèche rue Barbusse et l’école rue Pasteur , quoique à la même distance de la RN7, ont des taux différents de microparticules (14 et 12) : la seconde est protégée par le pâté de maisons, la première donne sur une rue elle-même passante qui rejoint à angle droit la RN7.
A méditer quand on implante une crèche !
Excellent article, merci pour ces liens !
Attention toutefois.
1. Les pastilles rouge, orange et verte sont un peu optimistes. Si on clique sur une école pour faire apparaître le tableau on constate avec surprise que des crèches ou écoles sont marquées “vertes” parce que le taux de NOx est au vert. Mais les taux de microparticules sont parfois orange…
2. le classement des tableaux lui-même est relatif aux normes européennes. Or elles sont notoirement différentes et plus laxistes que celles de l’Organisation mondial de la santé ( qui place le seuil de dangerosité à 10 microgrammes par mètre cube. ) En fait , au sens de l’OMS, la quasi totalité des crèches et écoles de Villejuif devraient être en orange ou rouge !
Mais l’essentiel est de bien montrer que le danger est très fort près des axes routiers ou rues passantes, puis décroit très vite pour arriver à un niveau de fond … qui sur Villejuif dépasse toujours le seuil OMS ! Il est intéressant de le confirmer en comparant ces cartes à la carte générale de pollution d’Airparif.
Ce qui nous renvoie au débat sur la Zone à Faibles Emissions (ZFE) que certains maires (pas seulement communistes : c’est le cas à Villjuif !) persistent à ne pas vouloir appliquer, condamnant à mort des milliers de personnes chaque année : on voit qu’il s’agit surtout de nos enfants.
Voir la comparaison des deux cartes (Respire et Airparif) et l’argumentation en faveur de la ZFE, exemple de Villejuif ici, en “Complément ” à notre recours gracieux pour sa mise en oeuvre par le maire : http://www.laveniravillejuif.fr/spip.php?article977
Raisonner avec un seuil a l’avantage d’être simple pour visualiser la pollution “acceptable” ou “inacceptable” : c’est au-dessous ou au-dessus du seuil. Ce qui complique est de se mettre d’accord sur le “bon” seuil, A. Lipietz en signale au moins deux. Mais pour agir à bon escient, ça se complique aussi :
. Nous avons un seul chiffre par polluant, or il s’agit sans doute d’une moyenne par jour et d’une moyenne des moyennes quotidiennes sur l’année. Mais les mesures sont-elles prises en continu ? Il serait plus satisfaisant d’avoir une indication des variations, plus fine que la moyenne globale.
. L’effet biologique des polluants est sans doute fonction de la dose, mais la seule indication dont nous disposons est le seuil UE ou OMS. Est-ce un seuil sans risque ? Mais les maladies graves liées à la pollution deviennent-elles fréquentes à des doses 2 fois, 10 fois, 100 fois ou 1000 fois supérieures au seuil retenu ? Ce n’est pas dit.
Avant de dépenser des dizaines ou centaines de milliards pour changer les transports et éradiquer les moteurs thermiques, but annoncé, j’aimerais en savoir plus. Usager du RER, j’aimerais aussi en savoir plus sur les concentrations de particules en gare et tunnels. Et leur évacuation vers l’extérieur … Il n’y a pas que la voiture qui doit faire des progrès. Et le chauffage urbain ? et les véhicules utilitaires ?
Bonjour M. Median
Je vais tacher de répondre à toutes vos questions… Pour plus de détails, je vous conseille de suivre les liens de notre article http://www.laveniravillejuif.fr/spip.php?article977 . Airparif donne les données instantanées (vous pouvez à tout moment connaitre le niveau de pollution dans votre rue ! ) et l’exposition moyenne annualisée. Les tableaux de Respire (sur les écoles) sont annualisés. Les données Airparif sont obtenues par de nombreuses stations d’observation puis par modélisation.
Je dis “notre article” car, quoique je l’aie mis en ligne, il résume des discussions plus vastes que je ne souhaite m’approprier abusivement.
1. Comme l’indique notre article, il est possible de cliquer sur les pastilles de la carte Respire (sur les écoles et les crèches) pour avoir leur tableau détaillé. Nous critiquons le choix arbitraire de la donnée la plus favorable.
2. S’agissant des effets “de pic et de fond” sur la santé : je ne suis pas spécialiste, mais Wikipedia et La Recherche donnent déjà beaucoup de détails. En l’état des connaissances :
– La pollution aux microparticules est fondamentalement “de fond” (cumulable dans le temps). D’une part, elles détruisent progressivement les parois des alvéoles pulmonaires. Ensuite elles se répandent jusqu’au cerveau etc.
– La pollution en général (et en particulier au NOx) est à la fois de fond et de pic : c’est la pollution de fond qui rend asthmatique, ce sont les pics qui envoient les asthmatiques à l’hosto ou au cimetière.
Évidemment, les seuils de périllosité sont arbitraires : l’OMS juge que au-dessus des seuils indiqués la majorité des humains sont en danger, mais pour les bébés c’est beaucoup moins. Quant à L’Union européenne, elle prend des décisions politiques, c’est un arbitrage entre les précautions sanitaires et le poids des lobbys.
3. S’agissant des autres sources de pollutions, vous avez également dans les liens de notre article une répartition (logements, tertiaire, industries, transports). Dans la vallée d’Arve, le chauffage au bois pollue plus que les camions !!
4. “Avant de changer… ” : je vous rappelle que nous changeons déjà beaucoup de choses depuis pas mal de temps au fur et à mesure qu’on s’attaque à des lobbys de plus en plus puissants. Ainsi, le charbon a quasiment disparu (en France) du chauffage urbain, le bois en Métropole est désormais interdit (souvenez-vous de la bataille contre Ségolène Royal). Cela s’inscrit dans les tableaux qui vous sont donnés par Respire : la pollution, globalement, baisse lentement en Ile de France ! Paris qui part de très haut a baissé en s’attaquant à l’automobile, et cela a un effet sur la proche banlieue, qui va s’y mettre très progressivement à partir du 1er juillet 2019.
Mais les lobbys pétroliers et automobiles, relayés par certains partis, la presse, les réseaux sociaux, n’ont pas dit leur dernier mot. Ils dépensent de milliards en lobbying. Même les individus, sans s’en rendre compte, deviennent ensuite les relais de ces lobbys , comme vous pouvez le constater sur les forum des journaux internet.
5. Attention aussi à ne pas confondre deux types de pollutions :
– La pollution locale s’attaque à notre santé , elle est principalement due au diesel , qui aura été une erreur massive des années 90 que l’histoire de l’automobile française aurait pu éviter. Cf : http://lipietz.net/Auto-le-mal-vient-de-plus-loin
– La pollution globale s’attaque au climat, elle a sa source dans tous les moteurs thermiques, diesel ou essence.
6. Lors de la réunion organisée à Villejuif par EELV (http://vaverts.fr/spip.php?article295 )avec Marine Tondelier, haute responsable des observatoires de la pollution en France, la question des métros etc a été abordée. Le métro apparait en effet comme un des endroits les plus pollués par les microparticules, comme en général tout endroit fermé. Elle a bien insisté que le fait que l’air extérieur soit pollué n’empêche pas que ce soit pire même chez vous ou dans votre voiture : le remède de bonne femme “aérez !” est toujours valable, sauf évidemment à travers les pics. Mais les usagers y passent peu de temps (dans le métro) et, comme je vous l’ai dit, ce qui compte c’est la dose cumulée. En revanche les professionnels du métro comme les gardiens de parkings souterrains sont très exposés. Le combat pour l’aération est donc un vrai combat pour la santé au travail (avec des retombées sur les usagers).
7. Le combat contre la pollution par le chauffage résidentiel ou tertiaire est mené en France d’abord pour des raisons économiques (face aux chocs pétroliers , depuis Giscard d’Estaing) puis pour des raisons de pollution globale (depuis le Grenelle de l’environnement). La réglementation sur l’isolation des logements neufs est de plus en plus stricte, et ici le lobby du bâtiment joue en faveur de l’environnement : plus un logement est cher à construire, plus ils sont contents, évidemment. Le problème c’est que le financement du logement social, et surtout de la rénovation du parc ancien, ne suit pas. Autre limite : la formation professionnelle dans les petites entreprises du second œuvre.
A Villejuif, nous avons heureusement la géothermie, qui progressivement gagne tous les immeubles collectifs !! Voyez : http://www.laveniravillejuif.fr/spip.php?article463
Pour préciser : en intensifant la rénovation thermique des immeubles, avec les aides adaptées, on peut espérer une baisse considérable du chauffage urbain (fuel, bois) ; quel effet sur la pollution par rapport au gain espéré par l’interdiction des voitures individuelles ? En plus de l’effet sur les importations d’énergie…
Bonjour et merci.
Dans l’article, le lien “Voir la carte avec les résultats détaillés par ville, par établissement et par type de polluant” n’es pas actif ?
Elle est là :
http://www.de-l-air-pour-nos-enfants.fr/
Merci
Merci, je viens de le rendre actif !
Bonjour
Et quelqu’ un pourrait-il dire quand on parlera enfin de la pollution électromagnétique qui se répand de plus en plus dans les établissements scolaires ?
C’etait déjà la même chose pour l’amiante !
Cdt
Bernard
” L’association recommande ensuite le mise en place de la Zone à faible émission (…) cette mesure permettrait de diminuer l’exposition des parisiens de -44 % pour les NOx, -25 % pour les PM10 et -36 % pour les PM2,5 ”
Et malgré ces chiffres sans appels les maires PCF du Grand Paris considèrent toujours que ce n’est pas une urgence et que le portefeuille de leurs électeurs est plus important que la santé de leurs enfants et de la planète ! Répugnant.
Diminuer l’exposition “des parisiens”… Quand on s’intéresse à la ZFE jusqu’à l’A86, il conviendrait d’apprendre à parler des franciliens, des banlieusards, des habitants de l’autre coté du périph’. Ce qui est d’ailleurs le sujet principal de cet article.
Concernant Paris, un nombre significatif d’établissements (crèches, écoles) a été construit en bordure du périph’. Par qui ?
On ne peut dissocier les actions nécessaires et la mise en œuvre possible par la population. Ce sont les moyens à mettre en œuvre pour aider ces populations à changer de mode de transport (véhicules moins polluants, transport en commun, vélo ou autres). Les choix politiques ne sont jamais sans interrogations sur le comment on finance.
La MGP devrait mettre plus de moyen pour la concrétisation de cette Zone à faible émission mais aucune des communes ne veut diminuer sa dotation de compensation pour cela. Donc ce ne sont les seuls PCF mais l’ensemble des maires qu’il faut interpeler.
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