Transports | | 12/04/2019
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Privatisation d’ADP et aéroport d’Orly : Élisabeth Borne tente de rassurer

Privatisation d’ADP et aéroport d’Orly : Élisabeth Borne tente de rassurer

Le hasard du calendrier a voulu que les “Rencontres d’Orly”, ce cycle de conférences visant à mieux concilier le développement de l’aéroport d’Orly avec son environnement, se termine le jour où l’Assemblée Nationale a voté la loi Pacte, actant la possible privatisation d’Aéroport de Paris. Élisabeth Borne, ministre des Transport s’est donc livrée à une opération déminage, en promettant que la croissance de la plateforme «dans le respect des territoires et de ses habitants, dépasse la question de la propriété du capital».

«J’ai vu sur les réseaux sociaux qu’un certain nombre de nos concitoyens souhaitent baptiser l’aéroport d’Orly du nom de Johnny Halliday, d’ici là en tout cas, je vous invite à rester fidèle à la chanson de Gilbert Bécaud et à faire en sorte qu’à Orly, il y ait toujours de quoi rêver pour toute une vie». Même sous forme de boutade, le président LR du Conseil départemental de l’Essonne, François Durovray, a exprimé ce jeudi les espoirs mais également les craintes de tout un bassin de population et d’activités, concernant le développement de la plateforme d’Orly. A quelques jours de l’inauguration du bâtiment de jonction entre les anciens terminaux Ouest et Sud, symbole de la montée en puissance du second aéroport français, le feu vert à la privatisation du groupe ADP concerne directement le devenir de ce pôle économique majeur.

Quelles conséquences pour les nuisances subies par les riverains, l’emploi local ou les problèmes de mobilité au sein de ce territoire morcelé par des coupures urbaines ? Plusieurs conférences thématiques ont été organisées ces derniers mois à l’initiative des Conseils départementaux de l’Essonne et du Val-de-Marne ainsi que du groupe Aéroport de Paris pour élaborer des pistes permettant de partager les fruits de la croissance d’Orly avec son territoire. Au sortir de ses “Rencontres d’Orly”, plusieurs promesses ont été faites.

Sur l’environnement d’abord avec davantage de dialogue entre les riverains et la direction de l’aéroport. «Nous avons pris l’engagement avec le préfet Laurent Prévost que la Commission consultative environnementale qui permet de dialoguer avec les associations de riverains se tiendrait deux fois par an. Nous allons également déployer de nouvelles stations de mesure pour améliorer la connaissance de la gêne sonore et allons améliorer notre site internet pour permettre un meilleur partage de ces données», s’est engagé Régis Lacote, le directeur de l’aéroport d’Orly. Autres propositions : l’interdiction pour les appareils les plus bruyants de voler entre 22 heures et 23 heures 30, une période pourtant située avant le couvre-feu, la possibilité de modifier les trajectoires de vol en fonction de l’évolution en temps réel du vent ou le prolongement de la ligne 3 pour réduire la gêne sonore. Sur l’emploi, la formation et la mobilité. «D’ici 2025 ce-sont 40% de nos collaborateurs qui vont devoir être renouvelés. Nous allons sûrement avoir recours à l’alternance, un moyen d’améliorer la féminisation de ces métiers qui est très insuffisante chez nous. Sur le projet industriel, ce n’est pas parce que nous avons réalisé la jonction que nous allons nous arrêter d’investir, entre 2021 et 2025, 1,3 milliards d’euros sont programmés pour l’entretien des équipements, l’amélioration des capacités et de la qualité de service. Enfin, 1 salarié sur 7 utilise les transports en commun pour se rendre à Orly, c’est insuffisant, les projets de la ligne 14, des tramway T7 et T9 et de la ligne 18 vont permettre d’en améliorer la desserte», a ajouté Augustin de Romanet, président du groupe Aéroport de Paris.

Des promesses et après ?

«Toutes ses propositions ne doivent pas rester des annonces mais être suivies d’effets. Le développement [d’Orly] au service et dans le respect des territoires et des habitants est un sujet qui dépasse la question de la propriété du capital. (…) L’aéroport d’Orly dispose de mesures de protection environnementale de haut niveau. Il bénéficie d’un couvre-feu depuis 50 ans et d’un plafonnement des créneaux horaires depuis 25 ans. Je salue la mobilisation des parlementaires Marie Guévenoux et Laurent Saint-Martin avec qui nous avons sanctuarisé ces garanties fortes dans la loi Pacte», a assuré la ministre des Transports, Élisabeth Borne.

Pour quelques participants, ces propositions ont de grandes chances de ne rester que des vœux pieux si l’actionnariat majoritaire d’Aéroport de Paris était une société. «Voilà 20 ans que l’on nous fait des promesses sans qu’elles ne se concrétisent. Ils s’engagent toujours dans le futur mais nous vivons les nuisances sonores et environnementale au quotidien et elles se sont aggravées au cours de ces trois dernières années ! Nous ne demandons qu’à les croire lorsqu’ils nous promettent de travailler sur ces questions là mais si un gros investisseur prend la direction d’ADP, c’est pour gagner de l’argent, pas se préoccuper de ce qu’il y a autour de l’aéroport», insiste Luc Offenstein, président de l’association Oye 349. Même scepticisme voire déception pour Isabelle Brigand, responsable CGT à l’aéroport d’Orly. «Toutes ces annonces ne nous rassurent pas. Nous avons déjà vécu ces dernières années une politique de réduction des coûts, cela ne ferait que s’aggraver avec la privatisation». Le syndicat organise la semaine prochaine à l’occasion de l’inauguration du bâtiment de jonction une nouvelle manifestation et prévoit la présence de 200 à 300 salariés.

Le président PCF du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, a également manifesté son inquiétude. «De mon point de vue, la puissance publique ne peut pas se priver de la maîtrise d’un groupe construit par l’investissement public si stratégique pour notre pays, pour la région capitale et pour nos départements.»

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