Alors que la Haute autorité de santé (HAS) doit rendre un avis très attendu sur le déremboursement des médicaments homéopathiques, essentiellement composés à partir de substances actives diluées des milliards de fois, le débat pour ou contre sévit partout, y compris sur la toile. Ce mercredi, il s’est invité au Tribunal correctionnel de Créteil en raison de l’attaque en diffamation exercée par un médecin de Maisons-Alfort, Daniel Scimeca, président la Fédération française des sociétés d’homéopathie, contre son confrère Jean-Jacques Fraslin, en raison d’un tweet.
Le docteur Fraslin, médecin généraliste dans la région nantaise appartient à une communauté très active sur le réseau social Twitter : les No Fake Med, un anglicisme que l’on pourrait traduire par Anti Fausse-Médecine. Ils dénoncent avec vigueur l’homéopathie et toutes les pratiques qu’ils considèrent comme dépourvues de bases scientifiques. En mars 2018, une centaine de praticiens a signé une tribune parue dans le Figaro demandant «l’exclusion des disciplines ésotériques du champ médical», telle que l’homéopathie. Une bonne moitié des signataires a été visée par des procédures disciplinaires lancées par les ordres départementaux des médecins. Entre-temps, fin septembre 2018, le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes a demandé, dans un rapport rendu public, le non-remboursement de l’homéopathie. Les membres de la communauté No Fake Med saluent une première victoire. C’est dans ce contexte que le docteur Jean-Jacques Fraslin vise dans un tweet le docteur Daniel Scimeca. Ce confrère, qui exerce à Maisons-Alfort comme médecin généraliste et homéopathe, est également président de la Fédération française des sociétés d’homéopathie et a publié de nombreux ouvrages sur les médecines alternatives. Dans son tweet effacé depuis, le docteur Fraslin associe dans une première phrase l’homéopathie à du charlatanisme, puis, présente dans une seconde phrase le docteur Scimeca en faisant un renvoi vers le site internet de ce dernier pour montrer à sa communauté les prestations qu’il propose et juge fantaisistes. Daniel Scimeca porte alors plainte contre Jean-Jacques Fraslin pour diffamation publique.
Le procès s’est déroulé ce mercredi au tribunal correctionnel de Créteil. Après un bref rappel des faits, le professeur Marcel-Francis Kahn, rhumatologue et adversaire acharné des médecines parallèles intervient en tant que témoin en faveur du docteur Fraslin. «J’ai été fortifié dans ma volonté de me battre contre ces pseudo-médecines après avoir connu des drames dans mon entourage et chez des patients qui avaient pâti de diagnostics fantaisistes d’homéopathes. La médecine a tellement progressé depuis ma première année de fac dans les années 1940, qu’un véritable fossé s’est creusé avec les médecines parallèles. La comparaison n’est plus possible. Aussi, lorsque j’ai vu que des confrères étaient blâmés pour avoir dit du mal de l’homéopathie, j’ai considéré qu’il était de mon devoir de prendre leur défense», entame l’octogénaire. «Mais peut-on qualifier de charlatan quelqu’un qui est diplômé en médecine. Cela ne vous paraît pas excessif ?», lui demande le procureur. «Non, le diplôme ne met pas à l’abri du charlatanisme. Il y a certaines disciplines à la frontière avec les médecines alternatives comme l’acupuncture mais il a été prouvé qu’elles avaient des effets antalgiques. Ce n’est pas le cas de l’homéopathie. Un confrère en délicatesse avec les laboratoires Boiron m’a expliqué que leur fameux produit Apis Mellifica se compose d’abeilles écrasées. C’est fantaisiste. Il n’y a plus une seule molécule dans ces petites billes de sucre.»
Pour Me Aubin, avocate au cabinet Vidal, qui défend les médecins pro-homéopathie dont le docteur Scimeca, absent à l’audience, ce procès en diffamation ne doit pas être le procès de l’homéopathie. «Il y a aujourd’hui un débat public qui gangrène et mobilise toutes une corporation. Ce débat là doit avoir lieu dans les instances professionnelles ou à l’Assemblée. Certains opposants farouches ont pris des positions nettes et mènent un combat musclé. Si le docteur Fraslin est légitime à émettre des doutes, il ne peut pas traiter mon client de charlatan. C’est grave. Ce n’est pas anodin. Ce sont des techniques proscrites qui peuvent entraîner une radiation ! Plaidons plutôt devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins. Faisons juger cela plutôt entre pairs. Il faut remettre des limites au débat. L’homéopathie est légale en France, ce n’est pas du charlatanisme de la pratiquer, que cela vous plaise ou non.»
«La formulation exacte précise que ce n’est pas le docteur Scimeca mais l’homéopathie qui ouvre la porte au charlatanisme. Ce tweet s’inscrit dans un débat général entre les personnes ayant accès à ce réseau avec une formulation indirecte», a noté le procureur qui a requis la relaxe.
Pour Me Eolas, l’avocat de Jean-Jacques Fraslin, les défenseurs de l’homéopathie ont renoncé à contre-attaquer sur le terrain de la raison et utilisent le terrain disciplinaire et judiciaire. «C’est une approche cynique. Une tartufferie. C’est comme ci je poursuivais ma consœur parce qu’elle s’en prenait à mon client. Apporter un jugement de valeur sur l’homéopathie n’est pas de la diffamation. Il y a deux temples de la raison en France, la faculté et la palais. Relaxez-mon client!»
A l’issue de l’audience, le docteur Fraslin a partagé son soulagement. «C’est quelque chose qui va me conforter dans l’engagement que je vais poursuivre. Je publie sous mon nom, je rédige mes publications avec précaution.» Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 3 septembre. Entre temps, la Haute autorité de santé (HAS), doit rendre le 28 juin son avis définitif sur le déremboursement total des médicaments homéopathiques.
«Le débat est brûlant, aussi en Val-de-Marne. Il est temps que l’HAS se positionne définitivement», réagit Bernard Le Douarin, président de l’Ordre des médecins du Val-de-Marne, sollicité sur le sujet.
Personne ne parle de la pratique de prescrire des principes actifs (remboursables bien mieux) dont on sait qu’il s’agit en réalité aussi de placebo par détournement d’usage avec des risques bien supérieurs. Cela ne justifie rien mais dans ces cas pour apaiser le patient l’homéopathie est moins dangereuse. La faire rembourser est un autre sujet.
Non chacun ne sait pas ce qui lui convient. En fait l’homéopathie est prescrite par des médecins compétents à de rares exceptions comme dans les autres professions médicales .
L’homéopathie est plus une psychothérapie qu’autre chose et si ces produits homéopathiques sont incapables de démontrer une efficacité, il n’y a pas de raison de les rembourser.
De plus encourager la population adulte à croire au Père Noël tous les jours de l’année n’est pas souhaitable
A fond avec Qxotl. Jusqu’aux années 80, elle n’était pas remboursée et personne ne s’en plaignait.
Rembourser l’homéopathie, c’est comme si on remboursait les pèlerinages à Lourdes et les consultations aux voyantes. La liberté de choix, oui, mais pas au frais de tous. Pourquoi la collectivité devrait financer les croyances de certains ?
De plus, ça donne de mauvaises habitudes mentales aux patients et leur fait croire qu’il y a une pilule pour tout. L’homeopahie, c’est du placebo. Ce ne soigne les pathologies qui se guérissent toutes seules. Les médecins doivent éduquer les gens et leur dire “pour votre cas, pas besoin de médoc, il suffit d’attendre et vivre sainement”.
Rembourser l’eau bénite, quelle brillante idée ! 🙂
D’ailleurs, j’attends toujours mon chèque de la Sécu pour tous les bisous magiques que j’ai fait à ma fille.
D’après ce qu’on rapporte dans la presse , l’enjeux financier du débat s’élèverait à 200 millions pour la sécurité sociale , soit quelques mois du festival “gilets jaunes ” . Pour si peu , il me parait préférable de conserver le système actuel qui ménage les uns et les autres. C’est bien possible que des médecins regrettent profondément que des personnes, qui pourraient être (provisoirement ) guéries par une méthode scientifique, leur paraissent souffrir inutilement en recourant à une médecine parallèle. Mais d’un autre côté, dans une société libérale , il faut défendre notre liberté de choix. Si certaines personnes ont meilleur moral en recourant à des pratiques que l’état actuel des sciences ne reconnait pas , pourquoi les leur interdire alors que le but de la médecine et du service public de santé n’est évidemment pas d’assurer à chacun la guérison mais simplement l’obtention d’une survie temporaire, ce qui est relatif et ne justifie pas une atteint aux libertés.
Il n’a jamais été question d’interdire l’homéopathie, mais seulement de ne plus faire financer cette escroquerie par la collectivité. Les vacances au soleil me font du bien, dois-je en exiger le remboursement par la Sécu ?
La “collectivité”, ce n’est pas que “les gens qui pensent comme moi” !
Je soutiens le docteur Fraslin dans sa lutte contre les pseudo médecines pratiquées par des médecins et par d’autres comme certains herboristes par exemple.
Cancérologue, j’ai vu des personnes mourir pseudo soignées de leur cancer et c’est très grave.
Dans notre société qui a beaucoup de connaissances, le moyen âge n’est cependant pas loin
Et moi j’ai vu des gens souffrir pour avoir été soignés par des médicaments certifié par la “vrai” science. Et cela continue avec des retombées plus ou moins médiatiques (médiator, hormone de croissance, opoïdes, distilbène, Vioxx (40 000 décès aux us et moultes crises cardiaques), antidepresseurs (la France est championne du monde ! combien de personne lobotomisées par la distribution gratuite de ces pilules du bonheur…), etc …)… et des mises en examen d’experts de l’afssaps… censés être garants de la sécurité des médicaments.
Le problème de cette “vrai” science c’est qu’elle est à la merci des enrichissements personnels de certains “vrais” médecins. Résultat elle se décrédibilise de plus en plus.
Quand la science fait des erreurs, elle se corrige : le Vioxx par exemple a été retiré du marché américain en 2004 (en ayant fait non pas 40 000 mais 28 000 morts). Il n’a jamais été prétendu que les médicaments soient sans risque. Mais au moins, dans la quasi-totalité des cas, ils soignent le patient.
Contrairement à l’homéopathie qui n’a aucun effet et qui par conséquent laisse la maladie se développer s’il n’y a pas d’autres prises en charge.
L’homéopathie n’a pas fait 28000 morts… ou 40000… Il paraît même que, du fait de l’attention porté lors des soin par les médecins qui la pratique, les granules en deviennent efficaces pour déclencher un effet placébo. Effet qui est reconnu pour apporter son lot de guérisons.
Pourquoi les “vrais” médecins sont-ils devenus des machines à distribuer des ordonnances et ont déserté l’empathie, l’écoute ? une question d’argent ?
Ils auraient tellement à apprendre de ces pratiques de fausse science… cela éviterai probablement de distribuer autant d’antibiotiques par exemple.
Au lieu de crier au charlatans ils devraient tirer des leçons pour améliorer leurs propres pratiques. Un chirurgien m’a dit un jour que toucher ses patients c’est commencer à les guérir. Combien font comme lui 5%, 10 %;
Et il faut aussi regarder le déroulé des procédures comme celle du médiator. Combien de vies sauvées si la lanceuse d’alerte n’avait pas été placardisée par ses pairs, Et combien de vies sauvées si les experts n’avaient pas participé aux cocktails et séminaires des laboratoires ? Pour se consacrer à une vrai analyse qui aurait immédiatement révélé l’horreur de leurs pratiques (retiré en 2010 alors que sa toxicité est connue dans d’autres pays dès la fin des année 1970… qui sont les charlatans ?).
Quelque part le problème ne réside pas dans les erreurs de la science mais dans son acharnement à reproduire les scandales qui suivent tous la même motivation: l’argent.
On ne saura jamais combien de personnes les “médecines alternatives” ont tué, mais on sait que ça n’est pas 0. Par contre, 0, c’est le nombre de personnes sauvées par ces pratiques. Leur bilan est donc largement défavorable. À l’inverse de la médecine scientifique, celle qui, de temps en temps, malheureusement, tue des personnes, mais qui dans l’ensemble a permis à l’espérance de vie de plus que doubler en France depuis l’invention de l’homéopathie.
Si votre médecin ne vous écoute pas, vous devriez en changer. Je me demande d’ailleurs comment il fait pour établir son diagnostic sans connaitre vos symptômes. Le mien prend le temps de m’écouter, est par conséquent toujours en retard, mais je ne lui en veux pas.
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