Remplacer les séries générales (S, ES, L) par trois enseignements de spécialité au choix en seconde et deux en première, tel est l’un des axes de la réforme du lycée. Pour aider les élèves à faire leurs choix, une plateforme vient d’être lancée, Horizons 21, dont les deux ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, sont venus assurer le service après-vente au lycée Marcelin Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, après un premier contact avec des manifestants venus réclamer une hausse des salaires.
Jusqu’à présent, un lycéen disposait d’un choix restreint d’enseignements en fonction de la filière qu’il choisissait en classe de première. Il était par exemple impossible pour un élève de série littéraire de suivre un enseignement spécialisé en sciences physiques, et réciproquement. Un des objectifs est de mélanger davantage les élèves en évitant les gros bataillons de S, 100% scientifiques. La réforme du lycée permet de combiner trois puis deux enseignements spécialisés. Les enseignements de spécialité sont au nombre de douze et ne sont pas tous proposés dans les lycées. Concrètement dans le Val-de-Marne, les lycées proposent les filières qu’ils proposaient avant. Les options rares restent dans les lycées qui les proposaient déjà. L’Éducation nationale et l’Onisep ont mis en ligne une plateforme, Horizon 2021, qui permet aux élèves de réaliser des combinaisons parmi ces douze enseignements de spécialité et de découvrir les filières universitaires qui les valorisent. “Cet outil n’est pas l’alpha et l’omega de l’orientation. Cette plateforme doit surtout vous permettre d’avoir un horizon de métiers”, a précisé Michel Quéré, directeur de l’Onisep devant les élèves de seconde du lycée Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés. L’établissement offrira à la rentrée 8 enseignements spécialisés.
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Après une brève présentation de la plateforme, certains élèves, qui avaient préparé leurs questions au préalable avec les enseignants, ont pu les poser aux ministres et hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale. Maud a déjà en tête une idée de ce qu’elle veut faire plus tard, des études dans le commerce. “J’hésite entre deux spécialités, les mathématiques ou les sciences économiques et sociales. J’ai essayé d’utiliser la plateforme mais aucun des deux enseignements ne m’a été plus recommandé pour les études que j’envisageais de faire. Qu’est-ce que je dois faire ?”, s’interroge la jeune fille. “Vous allez vous retrouver en concurrence avec des élèves qui auront fait des classes préparatoires et qui seront meilleurs que vous en mathématiques. En vous spécialisant en SES, vous pourrez tirer votre épingle du jeu sur les épreuves de culture générale”, lui conseille Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.“Est-ce qu’il faut choisir des enseignements qui sont nécessaires ou ceux qui nous plaisent?”, demande un jeune homme. “Il faut faire en sorte que les matières pour lesquelles vous avez une appétence se rapprochent du projet que vous envisagez”, tranche Michel Quéré.
“Va-t-on avoir la même chose que Parcoursup en terme d’accompagnement ?”, lance une élève. “Vous faites peut-être référence à des grands frères, grandes sœurs, des copains plus âgés qui ont eu de mauvaises expériences. Auparavant, nous constations un véritable fossé entre le lycée et l’enseignement supérieur avec un système sans interaction humaine. Nous voulons créer un continuum en vous permettant d’anticiper votre orientation en échangeant avec vos enseignants, vos parents et en vous aidant des outils numériques”, tente de la rassurer la ministre.
“Nous sommes passés d’un système en couloir avec un gros trou entre la terminale et l’enseignement supérieur à un système de combinaisons. C’est moins simple, mais ça fait se poser des questions ce qui est toujours bon ! Puisque vous allez pouvoir approfondir des matières que vous avez choisies parce que vous les appréciez, vous allez être encore meilleurs. L’esprit de la réforme du baccalauréat, c’est de vous préparer à réussir après et à ne pas juste vous attribuer un parchemin. Aujourd’hui vous disposez d’une palette de choix qui n’a jamais existé. J’adorerais être à nouveau un élève de seconde !”, motive Jean-Michel Blanquer.
Les ministres ont aussi profité de leur visite pour signer une charte pour valoriser la diversité des parcours scolaires dans l’enseignement supérieur et établir avec les représentants des universités, grandes écoles et écoles d’ingénieurs le principe de la non hiérarchisation des enseignements de spécialité et des filières d’enseignement au lycée.
Jean-Michel Blanquer interpellé par les manifestants
“Blanquer, Blanquer, augmente les salaires”, ont accueilli les ministres une dizaine d’enseignants du syndicat FSU accompagnés du conseiller régional et secrétaire départemental du PCF, Fabien Guillaud-Bataille. “Son école de la confiance, c’est de la propagande. Avec sa réforme du lycée, du baccalauréat et parcousup, il impose la sélection dès la seconde alors que le service public d’éducation devrait être ouvert à tous”, insiste une manifestante. “Ils ont trouvé la solution pour réduire le chômage structurel en augmentant la difficulté du baccalauréat pour que moins d’élèves ne le passent et s’engagent dans études supérieurs”, s’émeut une professeure du lycée Berthelot.
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