Collectif associatif d’aide aux élèves sans-papiers et leur famille, RESF s’est vue diminuer soudainement le nombre de créneaux horaires dont elle disposait pour tenir sa permanence à la la Maison de la citoyenneté et de la vie associative (MCVA) depuis que s’est tenue, concomitamment, une AG de gilets jaunes le 17 février dernier.
«Un délit de solidarité au Kremlin-Bicêtre ?» s’interrogent les militants du Réseau éducation sans frontière. Depuis trois mois, l’association d’aide aux sans-papiers tente de récupérer ses créneaux à la MCVA. Animée par des enseignants et des bénévoles qui travaillent en journée, RESF reçoit le public essentiellement le soir et le weekend. Or, depuis le 19 février dernier, leurs permanences ne sont été autorisées que jusqu’à 18 heures et seulement en semaine. «Comment faire pour des familles qui travaillent parfois très loin de leur domicile ou dont les horaires de travail sont très étendus ? Comment répondre à l’urgence quand des familles ont besoin de nous voir dans l’immédiat ? Les situations d’urgence peuvent se produire le weekend, par exemple en cas d’arrestation», interpelle le collectif associatif.*
A l’origine de cette suspension de permanence, c’est la tenue d’une assemblée générale de gilets jaunes du Kremlin-Bicêtre au sein de la MCVA, sans autorisation de la municipalité, qui a mis le feu aux poudres. «Depuis plusieurs jours, il y avait des affiches dans la ville annonçant cet événement. J’étais seule à la permanence ce dimanche après-midi pour travailler sur des dossiers et lorsqu’ils ont sonné à la porte, je leur ai ouvert, pensant que la mairie était avertie et avait donné son accord. Entre temps, les polices municipales et nationales sont venues faire des constatations sur place. Par honnêteté, j’ai dit que je les avais fait entrer. Deux jours plus tard, nous avons reçu un courrier de la mairie dénonçant notre convention pour avoir accueilli quelqu’un sans accord préalable», relate Danielle Gevrey, responsable RESF Kremlin-Bicêtre.
«La décision est totalement disproportionnée et relève du ridicule au regard de la crise sociale que nous traversons», estime également l’ancien député-maire de la ville, désormais dans l’opposition, Jean-Luc Laurent (MRC), qui faisait partie des quelques élus municipaux d’opposition présents à cette réunion d’une vingtaine de personnes.
«Je suis indignée qu’ils se servent d’un sujet aussi sensible pour créer toute cette agitation. Nous n’avons pas agi par sévérité mais parce que cet événement nous a fait comprendre qu’il fallait revoir la sécurisation du bâtiment. Il n’y a pas de passe-droit. Toutes les associations qui bénéficient de créneaux au sein de la MCVA doivent respecter le règlement. Nous sommes déjà équipés de cartes magnétiques pour ouvrir les salles et réfléchissons à développer ces outils pour mieux savoir qui pénètre dans cet équipement public», explique de son côté Ghania Lateb, maire-adjointe en charge notamment de la vie associative.
*RESF est un collectif d’associations créé en 2004 pour appeler à la régularisation des sans-papiers scolarisés. Il regroupe une centaine d’associations et syndicats membres.
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