Société | | 12/11/2019
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Romeurope 94 dénonce la dernière vague d’expulsion de bidonvilles Rom

Romeurope 94 dénonce la dernière vague d’expulsion de bidonvilles Rom © Ex-bidonville Truillot

Peu avant la trêve hivernale, les services de l’État ont procédé à l’expulsion de trois campements occupés par plusieurs dizaines de familles roms, à Créteil, Ivry-sur-Seine et Bonneuil-sur-Marne. Des expulsions dénoncées par Romeurope 94.

C’était le 30 octobre dernier. A l’heure où de nombreux automobilistes empruntaient la RN19 à Bonneuil-sur-Marne, 11 fourgons de CRS neutralisaient une voie le long de l’une des emprises occupée depuis plusieurs années par une communauté de roms. Prévenus quelques jours auparavant de l’imminence de l’expulsion, ils n’étaient plus qu’une quinzaine à être sur place. Détentrice d’un jugement l’autorisant à déloger les occupants de son terrain, la direction des routes d’Île-de-France (Dirif), souhaitait reprendre possession de cette parcelle, motivant l’usage de cette parcelle pour le projet de prolongement de la RN406.

Pour Romeurope, association qui accompagne les familles roms en bidonville, cette expulsion remet en cause des années de travail d’insertion. «Quelques jours avant, une famille avait choisi de partir du bidonville pour que monsieur puisse aller travailler le jour de l’expulsion puisqu’il a un CDI. Toutes ces familles arrivées en France depuis plusieurs années vivaient depuis 4 ans sur ce bout de terrain, après maintes expulsions. Tous les enfants vivant sur ce site ont été scolarisés, certains même antérieurement dès la maternelle pour certains. Deux sont aujourd’hui en collège. Deux autres familles qui ont vécu un temps sur ce terrain, habitent maintenant dans un appartement relais à Créteil et à Vitry. Ce travail d’insertion continuait pour les 5 familles restantes (formation, recherche d’emploi, droits ouverts pour la santé, enfants suivis en PMI, collégiens en attente d’affectation…)», détaille Romeurope 94. «A l’un de nos membres qui tentait de lui expliquer que l’intervention cassait tout le travail d’insertion réalisé, il a répondu qu’au-delà de 2 ans d’accompagnement, ils ne montraient pas de réelle volonté de s’insérer. Ce sont des propos inacceptables. Comment des personnes pourchassées, expulsées, parfois plusieurs fois par an, malmenées par les institutions de la République, dont les droits élémentaires sont bafoués en permanence pourraient-elles mener sereinement une insertion et la réussir en si peu de temps ?», s’interroge la représentante de Romeurope 94, Aline Poupel citant quelques projets menés sur le long cours à Fontenay-sous-Bois, Orly, Choisy-le-Roi ou Saint-Maur-des-Fossés. La préfecture réfute en bloc les propos rapportés et rappelle que l’État est partie prenante des programmes de réintégration longue, rappelant par ailleurs qu’elle réalise des diagnostics sociaux et propose des mises à l’abri lors de chaque évacuation.

Des mises à l’abri jugées insuffisantes

Pour le collectif, les trois dernières expulsions à Ivry-sur-Seine, rue Pierre-Rigaud, à Créteil, près du pont ainsi qu’à Bonneuil-sur-Marne sur la RN19, ont mis une grosse centaine de personnes à la rue. Romeurope 94 a comptabilisé neuf foyers mis à l’abri en tout et pour tout. «Ce chiffre très faible est dû à une restriction des critères de vulnérabilité : enfants de moins de trois ans ou maladie. Ils proposent trois jours à l’hôtel renouvelables s’ils prouvent qu’ils sont en démarche d’insertion. Le problème, c’est que c’est avec le 115 qu’il faut gérer cela. Et il faut téléphoner une trentaine de fois pour avoir quelqu’un qui réponde», déplore Aline Poupel.

«Nous faisons vraiment un effort spécifique en direction de ces populations en leur offrant trois jours de mise à l’abri. A titre de comparaison, nous ne proposons qu’une nuit d’hébergement d’urgence aux femmes victimes de violences conjugales. Enfin, il arrive que nous disposions d’un certain nombre de places à proposer mais que ces publics vulnérables refusent», motive de son côté la préfecture du Val-de-Marne.

Actuellement sur la RD19, d’autres emplacements voisins abritent toujours des baraques où vivent plusieurs dizaines de familles roms. Sur le terrain, Romeurope, a constaté que l’association ACINA, chargée par la préfecture de région de l’évaluation et de l’accompagnement social des populations vivant dans ces bidonvilles, n’intervenait pas sur toutes les emprises faute de moyens humains suffisants. «Ce dispositif appelé Mobilisation pour une Inclusion Active (MIA) est déployé en Essonne, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis. Pour réaliser ses missions, elle dispose d’une vingtaine de travailleurs sociaux épaulés par des associations et les opérateurs de l’hébergement d’urgence. Elle a été fortement sollicitée comme les autres partenaires (mais non saturée), en ce début de période hivernale.Son travail en réseau lui a permis de mutualiser les accompagnements et de faire bénéficier d’autres associations de son savoir-faire reconnu en matière d’accompagnement vers l’emploi», explique de son côté la préfecture de région d’Île-de-France.

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