Ce mardi 9 juillet, la séance des questions aux gouvernements à l’Assemblée nationale a été l’occasion d’évoquer le cas des travailleurs sans-papiers employés par des sous-traitants de Chronopost et qui réclament leur régularisation depuis plusieurs semaines.
Député d’Alfortville, où se tient l’occupation des travailleurs sans-papiers devant l’agence Chronopost locale, Luc Carvounas a exposé le problème à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
«Le groupe La Poste – entreprise publique, rappelons-le – recourt, en feignant de ne pas le savoir, à des travailleurs sans-papiers. Ceux-ci déchargent les camions transportant les envois Chronopost et les trient afin de permettre leur distribution. Ils sont privés des droits élémentaires dus aux salariés. Ils embauchent à trois ou quatre heures du matin, ils sont employés à temps partiel pour 600 euros par mois et, bien sûr, il n’est pas question pour eux de tomber malade ou de porter des revendications sociales ! Ce traitement inhumain est inacceptable. Néanmoins, il n’est pas le fait de votre gouvernement, reconnaissons-le tous ensemble. Il est le résultat d’un laisser-faire dans notre pays depuis trente ans. Oui, on ferme les yeux sur ce qui n’est autre que de l’esclavage moderne. On ne peut pas accepter que des sans-papiers soient employés dans le seul but de faire baisser des coûts de fonctionnement. Nous ne pouvons pas nous contenter des réponses alambiquées des différents employeurs, directs ou indirects, qui se déchargent de la question sur un tiers. Humainement, je suis solidaire de l’émoi de ces travailleurs : de Demba, de Mohamed, de Sekou, de Samba et de tous les autres, confrontés au système inique de sous-traitance en cascade. Madame la ministre, ma question est claire : êtes-vous prête, avec le Gouvernement, à diligenter une enquête auprès du groupe La Poste ? êtes-vous prête à délivrer une autorisation temporaire de travail à ces travailleurs, le temps que leur dossier de régularisation soit étudié ? », a demandé l’élu.
En réponse, la ministre ne s’est pas exprimée sur la réponse concrète à apporter aux travailleurs sans-papiers de Chronopost mais a placé la problématique sur le terrain de la lutte contre le travail illégal. «Hier, au nom du Premier ministre, j’ai présidé la commission nationale de lutte contre le travail illégal, dont le champ de compétences intègre les sujets du travail dissimulé et des conditions d’emploi non respectées, et jusqu’à celui de la traite des êtres humains – car il peut exister en France de telles situations inacceptables, qui se révèlent souvent au travers d’un logement insalubre ou des conditions de vie indignes. Hier, je pense, nous avons accompli une grande avancée interministérielle sur ces sujets en adoptant le plan 2019-2021 de lutte contre le travail illégal, avec un travail interministériel considérablement renforcé, impliquant les services fiscaux, ceux de la concurrence, les douanes, l’inspection du travail, la justice, la police, le ministère de l’intérieur, les transports, la MSA – la Mutualité sociale agricole –, bref, tout le monde», s’est félicitée la ministre. Et La Poste ? ont alors relancé plusieurs parlementaires PS. «Sur l’ensemble des sujets qui concernent les conditions d’emploi inégales, aucun employeur ne peut être à l’abri. Il existe un droit social dans notre pays et il existe un droit en général. Sur tous les sujets dont nous serons saisis, nous travaillerons désormais de façon beaucoup plus interministérielle. L’élément nouveau, c’est que, grâce à la loi relative à la lutte contre la fraude et à la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, nous pourrons partager toutes les données et agir partout où il le faut, à La Poste comme ailleurs», a poursuivi Muriel Pénicaud.
«La seule solution, c’est la régularisation !» a conclu Mathilde Panot, députée LFI.
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