Société | Val-de-Marne | 18/10/2019
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Sectes en Val-de-Marne: Sofi-Afdi 94 s’inquiète de la disparition de la Miviludes

Sectes en Val-de-Marne: Sofi-Afdi 94 s’inquiète de la disparition de la Miviludes © Twitter @ACaffes

Si les grandes organisations sectaires des années 70-80 paraissent un lointain souvenir, les gourous sévissent toujours. Avec Internet et le succès du développement personnel (méditation, coach de vie, médecine alternative), ils parviennent facilement à recruter des adeptes.

Alors que le gouvernement prépare la dissolution de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), les associations qui travaillent avec elle s’inquiètent, à l’instar de Sofi-Adi 94 en Val-de-Marne.

Dotée d’une douzaine d’agents expérimentés et d’un budget annuel d’un demi million d’euros, la Mivilude a accumulé en 17 ans d’activité une expertise dans le domaine des dérives sectaires. Son statut de Mission interministérielle sous la tutelle de Matignon lui confère l’autorité indispensable pour coordonner l’action des pouvoirs publics dans la prévention des phénomènes sectaires et à mener son rôle d’information et de formation.

Elle s’appuie sur un réseau d’associations disséminées sur l’ensemble du territoire nationale ainsi que dans les pays francophones avec lesquels elle échange des informations. «Lorsque nous sommes sollicités par des familles qui suspectent un proche d’être sous l’emprise du quelqu’un ou d’une organisation, nous essayons d’abord de mener notre enquête mais il arrive parfois qu’il y ait des ramifications dans d’autres départements. Alors, nous partageons nos informations avec la Mivilude qui fait parfois le rapprochement avec des signalements. Nous travaillons main dans la main», explique une membre de l’association Sofi-Adfi 94.

Un travail de fourmi peu visible

De la grosse organisation internationale qui installe son siège de 7000m2 devant le stade de France et menace de poursuites quiconque lui cause du tort à l’auto-entrepreneur qui visite les hôpitaux pour écouler des médicaments aux vertus miraculeuses à des patients vulnérables, les phénomènes sectaires prennent des formes diverses mais ont toutes des conséquences similaires. «En France, les chiffres estiment que 500 000 personnes dont 90 000 enfants sont victimes de ces pratiques sectaires. Ce-sont des personnes qui ont perdu tout libre arbitre, il est impossible de les raisonner parce que quelqu’un ou une organisation a une emprise mentale sur eux. Ils sont manipulés à dessein. Ce que nous autres, associations, pouvons offrir, c’est de l’écoute pour l’entourage. Nous les encourageons à garder le contact avec la personne parce que la victime peut être réceptive à l’affectif. Nous proposons également de mettre en contact les familles avec des avocats mais ils ne sont pas nombreux à être experts en la matière. D’ailleurs, en droit français, les sectes ne sont pas interdites. Ce qui est proscrit, c’est l’abus de faiblesse mais cela n’est pas facile à prouver. Nous avons perpétuellement une guerre de retard et si un adepte parvient finalement à se débarrasser de son emprise sectaire, il y a de grandes chances pour que nous ne le sachions pas parce que cla peut prendre des années», détaille la militante associative de Sofi-Adfi 94.

Faute de résultats réellement visibles et communicables, les pouvoirs publics et la société civile peinent à prendre ce défi à cœur. Sofi-Adfi 94, qui est membre de l’Union nationale des Associations de défense des Familles et de l’Individu victimes de secte (Unadfi), s’est donc attachée à nouer des liens de partenariats pour se faire connaître davantage des acteurs institutionnels et associatifs (barreau de Créteil, Maison de l’Adolescent, UDAF,…). «Aujourd’hui le terme même de secte est un peu passé de mode. Les institutions prennent la question de la radicalisation très au sérieux mais c’est exactement la même chose. Alors, nous expliquons désormais que nous travaillons sur les radicalités», poursuit la responsable associative.

Une stratégie payante pendant un temps. Il y a six ans, la préfecture du Val-de-Marne l’a nommée association référente pour sa cellule consacrée à la radicalisation islamique. Sofi-Adfi 94 a ainsi pu bénéficier d’un bureau au centre de la direction départementale de la cohésion sociale, afin d’y créer un véritable centre de ressources documentaires à disposition de ses publics. Mais en mars dernier, la préfecture a réorganisé son service, confiant les questions de radicalisation au ministère de l’Intérieur et mettant un terme à sa convention avec l’association devenue depuis sans-domicile fixe. Malgré ces déboires, l’association Sofi-Adfi 94 est toujours présente dans le champs de la prévention des phénomènes sectaires et est prête à accueillir de nouveaux bénévoles prêts à s’impliquer.

Vers une disparition de la Miviludes

Début octobre, l’annonce de la fusion prochaine de la Miviludes avec le secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG CIPDR)  dès le début 2020. Un rattachement au seul ministère de l’Intérieur qui inquiète les associations qui craignent également une concentration sur les problèmes de radicalisation alors que les phénomènes sectaires sont de tous ordres.

Réunis à l’Assemblée nationale jeudi 10 octobre pour une conférence de presse (photo de une), des parlementaires, enseignants, juristes et associatifs ont manifesté leur désarroi de voir cette mission interministérielle créée en 2002 disparaître dans un service du ministère de l’Intérieur. Pour l’ancien président de la Miviludes, l’ex-député Georges Fenech, cette réorganisation s’apparente davantage à une disparition. «[Cela] signe le renoncement de l’État dans le combat contre les dérives sectaires, au grand détriment des populations les plus vulnérables».

A lire ailleurs : article complet sur le contexte de la suppression de la Miviludes dans la rubrique Checknews de Libération

Contacts utiles en Val-de-Marne

Dans le Val-de-Marne, l’association de défense des familles et de l’individu SOFI-AFDI 94 est itinérante faute de locaux mais dispose d’une boîte postale à Alfortville. Le Centre contre les manipulations mentales Île-de-France (CCMM), basé à Paris, dispose pour sa part d’une antenne à Fontenay-sous-Bois. Au-delà de ces deux acteurs associatifs, les relais de la Miviludes dans le département sont les acteurs publics (préfecture, rectorat, agence régionale de santé, DIRECCTE, gendarmerie) ainsi que les ordres de médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes , sages-femmes.
Tous les contacts utiles en Val-de-Marne, avec téléphone et adresses des permanences sont référencés sur le site la Miviludes.


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