Mouvement social | | 09/07/2019
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Stupeur et colère à Alfortville où Sanofi veut fermer son site

Stupeur et colère à Alfortville où Sanofi veut fermer son site © Fb

Une centaine de salariés de Sanofi ainsi que des élus ont manifesté ce lundi devant le site d’Alfortville. Le groupe pharmaceutique a présenté le 3 juillet un plan de restructuration de son pôle recherche et développement et envisage de fermer le centre de Vitry-Alfortville.  

A cheval sur les deux rives de la Seine, le centre de recherche Vitry-Alfortville forme avec 5 autres sites répartis dans le reste de la France, le cerveau du groupe pharmaceutique Sanofi. 124 employés travaillent dans ce complexe de 31 000 m2 en front de Seine. C’est dans ces locaux que des générations d’ingénieurs ont conçu et testé les molécules qui sont entrées dans la composition de médicaments vendus dans le monde entier. Mais dans le cadre de la restructuration de son pôle de recherche et développement, Sanofi prévoit un plan de suppression de 299 emplois, la fermeture du site d’Alfortville et le transfert de 189 postes dans d’autres centres. Les représentants du personnel (CGT et CFDT) se sont réunis en intersyndicale pour mobiliser le plus largement possible les salariés et tenter d’infléchir l’arbitrage de la direction, soutenus par des élus locaux.

«Comme à son habitude, la direction va faire des promesses, va distiller ses éléments de langages pour au final laisser des collègues sur le carreau. Ils affichent beaucoup de mépris vis-à-vis des employés mais c’est nous qui faisons la richesse de Sanofi ! C’est l’avenir de toute l’entreprise qui est en jeu. A l’époque, nous avions une quarantaine de métiers sur site, petit à petit, ils ont sous-traité. Aujourd’hui, ils choisissent de se focaliser sur quelques axes de recherche et de délaisser le cardiovasculaire, les maladies infectieuses, l’Alzheimer, sous-prétexte que ça n’est pas assez lucratif. Tant pis pour les malades», déplore Laurent Ziegelmeyer, délégué de la CGT. «Sur leurs tableurs les responsables qui font leurs ratios de financement considèrent les salariés comme des coûts fixes. Ils détestent ça ! C’est pour cela qu’ils ont recours à la sous-traitance et parfois dans des pays où les rémunérations sont plus élevées qu’en France comme au Danemark, mais la différence, c’est qu’ils peuvent arrêter ce coût n’importe quand, et ne les employer que quelques mois dans l’année», ajoute Fabrice Morency, délégué de la CFDT.

Mobilisation d’élus de gauche

Plusieurs parlementaires et élus du territoire ont participé à ce rassemblement devant le grilles du site d’Alfortville. «Ils sont installés sur notre commune depuis 30 ans et ont réalisé en 2018 un bénéfice net de 6,82 milliards d’euros. La santé financière de Sanofi ne semble pas justifier un tel plan et les salariés n’ont pas à pâtir de l’évolution stratégique du groupe. Que vont-ils faire de ce site ? Ce serait un immense gâchis de le laisser à l’abandon», s’est ému Michel Gerchinovitz, maire PS d’Alfortville, auquel son homologue PCF de Vitry-sur-Seine, Jean-Claude Kennedy, est venu apporter son soutien. Le député PS Luc Carvounas a pour sa part insisté sur l’importance de conserver un savoir-faire issu de plusieurs décennies d’investissement dans la recherche fondamentale. «C’est une question de souveraineté sanitaire. En vingt ans, nous sommes passés de 17 centres de recherche à 5 alors que nous sommes aujourd’hui en situation de sous-production médicamenteuse. Sous ces restructurations comptables, se cache en réalité un débat de société. Est-ce que demain, tout les citoyens pourront être soignés ?» Pour la députée LFI Mathilde Panot, c’est au président de la République de rendre des comptes devant ce qu’elle a qualifié de «problème de santé publique et ce scandale de son ami président de Sanofi, Serge Weinberg, qui n’est autre que celui qui a fait rentrer Macron à Rotschild». Le sénateur PCF Pascal Savoldelli a pour sa part donné en détail le montant du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et du CIR (crédit d’impôt recherche) touchés en 2018 par le groupe pharmaceutique. «Est-ce que ces 178 millions d’euros d’argent public vont servir à financer un plan social ? A l’heure où l’État impose aux collectivités de signer la contractualisation des hausses de dépenses de fonctionnement, ils versent des contributions aux entreprises sans contreparties ? A l’avenir, il faut s’assurer que cet argent bénéficie aux populations dans les territoires !» 

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